Smileys dans les restaurants : faut-il en avoir peur ?

15 Octobre 2014 - 14432 vue(s)

Il y a quelques temps est sorti d’un chapeau de politiques l’idée de matérialiser les contrôles sanitaires par la pose de smileys vert, orange ou rouge, selon le résultat, sur la façade des restaurants.

Tollé général des syndicats professionnels, comme à l’accoutumé, colère de certains restaurateurs et grosses interrogations chez les blogueurs. Pour Didier Chenet, président du Synhorcat, le risque est de « stigmatiser » certains établissements. Mais, contrairement au label « fait (ou pas fait) maison » qui, dès sa promulgation, a créé la confusion, il s’agit là de santé publique Sans doute une contrainte supplémentaire mais certainement pas une futilité et encore moins une première mondiale !   

DEJA EN PLACE DANS DE GRANDES VILLES

Cette pratique existe à Shanghai, New York, Berlin ou au Danemark et elle va s’étendre. A Shanghai la totalité des restaurants y sont tenus d’afficher le résultat des contrôles d’hygiène dont ils ont fait l’objet, avec des smileys. Ceux-ci sont placés bien en vue des clients à l’intérieur, près du bar ou dans la salle, comme ci-dessous chez un indépendant (en orange) et dans l’un des innombrables Starbucks de la ville (en vert).

A New York, cet affichage sanitaire est également bien visible mais il doit impérativement l’être de l’extérieur des établissements. Et les américains ont préféré se référer aux notations scolaires plutôt qu’aux smileys : A pour excellent de couleur bleue, B passable en vert et un C orange pour faible ou « fail » comme ci-dessous, avec le premier Exki de la Big Apple. 

Les statistiques portant sur une première période d’application dans cette ville  montrent qu’à peine plus d’un restaurant sur 10 affiche la lettre C de la honte comme indiqué sur ce graphique. Est-ce beaucoup ? Est-ce peu ? De toute façon, la totalité des New Yorkais jugera que c’est trop.

Retour en France. Un smiley rouge s’érigera-t-il en barrière infranchissable pour le consommateur ? Oui, assurément. Qui aura envie d’entrer dans un restaurant à l’hygiène douteuse ? Qui continuera à pousser la porte d’un restaurant qu’il apprécie à partir du jour où y sera affiché un tel smiley ?

Pour le restaurateur la question est de savoir s’il est préférable de jouer la transparence ou de cacher ce qui ne devrait pas l’être, si le restaurant est irréprochable ou s’il joue avec la santé de ses clients. Ce n’est pas de la stigmatisation mais du bon sens.

QUELLE DATE D’ENTREE EN VIGUEUR EN FRANCE ?

La Direction générale de l'Alimentation (DGAL) parle d’une expérimentation dès 2015. Cependant, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est montré, plus prudent, déclarant que « la manière dont les résultats de ces contrôles seront rendus publics n'est pas prévue par la loi et que les modalités de cette publicité seront arrêtées suite à une large concertation » entre le gouvernement et les professionnels. Donc ça va prendre du temps, sans doute beaucoup.  

Temps qu’il faut mettre à profit pour ne pas avoir peur des smileys et, au contraire, d’en profiter pour améliorer l’image et la réputation du restaurant, pour lui donner un regain d’attractivité en faisant ce qu’il convient pour obtenir et afficher haut et clair le smiley vert.

 

Thierry Poupard

Consultant spécialisé dans le marketing de restauration www.service-attitude.com

Enseignant de Restaurant Marketing à l’école internationale Le Cordon Bleu  

 

 

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