Boulimiques, on pourrait le penser à suivre le parcours des deux amis vendéens (Olivier Vallée à gauche sur la photo, Tugdual à droite) depuis la vente de leur entreprise Paso traiteur au groupe Fleury Michon en avril 2018. En quelques mois, ceux qui ont popularisé le préfou en France, se sont inventés un nouveau futur dans le food et la restauration. Quand bien même se sont-ils engagés à accompagner durant deux ans les repreneurs de la société qu’ils ont fondée en 2013, c’est aux cotés de leur ex-avocat Alain Garrec qu’ils ont choisi d’écrire une nouvelle histoire au sein du holding baptisé ATOM Food.
Clause de non-concurrence oblige, leur nouvelle ambition est d’investir le sucré en rachetant des petites entreprises à forte identité culturelle, sensorielle et gustative pour les faire grandir. Ne sont-ils pas parvenus tous les deux, entre 2012 et 2018, à porter leur société Paso au firmament en passant de 1,8 M€ de CA à 25 M€ de CA ? S’ils connaissent la recette du succès pour avoir su anticiper la montée en puissance de l’apéritif et avoir investi très tôt dans un outil industriel digne de ce nom pour innonder le marché de leur spécialité vendéenne, ils comptent bien s’appuyer sur leur savoir-faire et activer leurs réseaux pour reproduire la même success-story.
La première occasion qui se présente en mai 2018, alors qu’ils viennent tout juste de céder Paso, est Gofrino. Si l’entreprise n’est pas française mais belge, le nom, porteur d’histoire, résonne sur son territoire comme l’un des tous premiers spécialistes de la gaufre traditionnelle de liège avec une recette exclusive. « C’est le coup de cœur en même temps qu’une rencontre. Le produit, l'outil, l'équipe, la marque étaient tout à fait en phase avec nos attentes et notre philosophie », explique Tugdual Rabreau. Puis il s’agira alors, en s’appuyant sur les hommes, clé de voute du projet des daltons, de faire migrer un patrimoine artisanal et un savoir-faire maison vers un process semi-industriel " sans jamais perdre l'âme de l'entreprise". Histoire d’offrir à la marque, un tremplin pour grandir au-delà de ses frontières. Ils peuvent pour cela s’appuyer sur ses 3 lignes de production et ses 2 fours de cuisson mais aussi sur l’expertise pointue de Jean-Yves Bigot, directeur des opérations industrielles chargé d’optimiser l’outil, l’organisation et l’offre. Avec une large gamme de gaufres de 70 g, 90 g et 110 g, proposées en surgelé et en frais, la R&D est sur le pied de guerre avec notamment des projets de références clean label. D’un CA qui tutoyait les 1,8 M€ fin 2017, ATOM Food mise sur 4 M€ à horizon 2021.
"Nous recherchons des entreprises à forte empreinte et histoire régionale pour les faire grandir", Tugdual Rabreau.
En octobre de la même année, c’est une autre opportunité qui se présente aux 3 associés qui souhaitent constituer un écrin de TPE. Goulibeur, la célèbre marque de Broyés du Poitou est à vendre. Son emblématique propriétaire, Brigitte Arnaud-Boué restera quelques mois pour passer le flambeau d’une société familiale qui a su perpétrer la tradition d’un biscuit fabriqué sans additif, conservateur et autres poudres levantes tout en innovant (110 références différentes en sucré principalement) et en diversifiant les circuits de distribution : épicerie fine, distribution-GMS, CHR ou encore Catering. L’entreprise y a fait une percée majeure l’an dernier chez Air France (1 million de pièces) avec ses biscuits conditionnés dans un sachet kraft home compost au même titre qu’elle vient d’entrer dans les 478 Franprix avec 3 références. « Cette entreprise est un vrai joyau au potentiel important », ajoute Tugdual qui prédit à ses biscuits, un horizon encore plus large au même titre que ses gaufres Gofrino. Goulibeur pourra profiter d’un outil industriel élargi, AROM ayant doublé la surface de l’entreprise en rachetant un bâtiment de 3 000 m² sur le terrain voisin pour y transférer la logistique et l’emballage. L'objectif est de porter l'activité à 5 M€ en 2021 (contre 3,8 M€ fin 2018).
Si les 3 compères sont en quête d’autres porte-drapeaux d’une culture alimentaire régionale forte (une 3e cible serait dans le viseur), ils ont décidé également, aux côtés d’un de leurs cadres Nicolas Rocheteau, de réactiver leur marque Boulangery, un réseau de 6 boutiques situées dans leur fief des Sables-d’Olonne. Une ambition qui ne s’arrête pas là puisque l’autre dada de Tugdual, pour Olivier et Alain, c’est maintenant la restauration. Aux côtés d’un autre investisseur régional, ils ont pris la franchise O’Tacos sur la région Vendée avec un plan d’ouverture ambitieux de l’ordre de 12 restaurants d’ici 2021. « La marque apporte du renouveau sur le segment de la restauration rapide et plaît beaucoup en local aux jeunes mais pas seulement », indique Tugdual. Preuve en est, le premier restaurant de La Roche s/Yonne ouvert en mai dernier tutoie déjà le million d’euros en activité lissée sur l’année. Celui des Herbiers inauguré le 18 juillet est parti sur les chapeaux de roues. De quoi être très optimiste pour les unités de Chollet, Les Sables-d’Olonne ou encore Challans prévues en octobre, novembre et décembre prochain avant Brive, Rochefort, Saintes et La-Roche-sur-Yon n° 2 déjà signées pour 2020.
Et si la restauration rapide ne suffisait pas, ATOM Food ouvrira en octobre prochain, aux Sables-d’Olonne, un nouveau concept de crêperie-cidrerie baptisé KreisKer (comprenez « Au cœur du village » en breton). Le pilote d’une enseigne appelée elle aussi, si l’essai est concluant, à essaimer au même titre que tous les projets du trio vendéen.