Après le premier robot à pizza de l’équipe de Philippe Goldman Pazzi qui inaugurera son premier restaurant automatique en novembre prochain dans le centre commercial Val d’Europe de Klépierre après une levée de fonds de 10 M€, c’est au tour d’une autre startup française, Cala d’investir le créneau. Créée en 2018 par 3 amis Ylan Richard, Julien Drago et Nicolas Barboni, l’entreprise a mis au point une machine capable de cuire les pâtes al dente, d'ajouter la sauce puis de délivrer un bol (1 L en matériau recyclable) entre 30 secondes et 2 mn (selon le flux). Et tout cela automatiquement sans intervention humaine. « Une technologie maîtrisée après 26 mois de R&D et d’essais au sein de l’incubateur The Family », explique Ylan qui se souvient d’une V1 conçue dans un appartement, d’une V2 élaborée dans un garage et évoque une V3 qui intégrera tous les derniers développements.
"Nous avons choisi les pâtes car le produit est économique, facile à assembler tout en restant sain et pas trop lourd sur l'estomac. Idéal pour les étudiants." Ylan Richard - cofondateur de Cala.
L’automatisation, le trio y croit dur comme fer argumentant que la restauration rapide est gourmande en foncier et en main-d’œuvre, et que le moyen d’écraser les coûts est d’automatiser les tâches sans «vraie valeur ajoutée ». Et il n’y pas qu’eux qui sont convaincus de l’avenir des robots en cuisine puisque pour leur première levée de fonds de 1 M€, ils ont réuni un parterre d’investisseurs dont l’incubateur The Family et plusieurs figures de la restauration et de la food tech comme Jérôme Tafani (CEO Burger King & Quick France), Nicolas Steegmann (fondateur de Stupeflix), Thibaud Elzière (fondateur de Fotolia & efounders), Eduardo Ronzano (fondateur de KelDoc), Julien Romanetto et Frédéric Montagnon (co-fondateurs de Teads), Alexandre Yazdi (créateur de Voodoo Games). Une bouffée d’oxygène qui va leur permettre de recruter et d’affiner leur technologie.
A l’automatisation, on a trop tendance à associer le monde industriel et ses secrets. Aussi, pour rassurer les consommateurs et s’inscrire dans les tendances, Cala mise principalement sur de l’éco-production et la réduction de l’impact carbone dans la conception de la machine ou encore le choix de produits de qualité issus surtout de circuits courts et bio, excepté pour les pâtes made in Italie ou encore le parmesan, origine oblige ! Les consommateurs commanderont de manière dématérialisée, via leur smartphone sur place ou avant de venir en précisant leur heure de passage. Ils auront le choix entre 4 variétés de pâtes courtes (les spaghettis et tagliatelles restants difficiles à manipuler), 4 sauces (dont la Carbonara, Bolognaise, Pesto et une surprise qui changera tous les jours), 2 fromages et 10 herbes fraîches. Des produits qui seront livrés chaque jour depuis le laboratoire maison. Il en coûtera 6 euros au client avec une boisson.
Leur pilote parisien, le trio le destine d’abord aux étudiants avec un emplacement proche d’une université. Leur cible : Jussieu, si possible début 2020. « Nous sommes en recherche active d’un site. La machine n’occupe guère plus de 3 m² et nous souhaiterions une vingtaine de places assises », ajoute Ylan qui évoque un investissement maximum de 40 000 euros pour la machine. Ce pilote parisien sera un test grandeur nature de l’efficacité de cette solution qui est capable de délivrer 800 bols par heure. 1 à 3 personnes seront présentes sur site principalement pour accompagner les consommateurs et apporter du service. Les 3 jeunes entrepreneurs évoquent une première ouverte début 2020. D’ici-là, il leur reste à peaufiner leurs approvisionnements et leurs recettes avant le grand saut…