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Du tri à faire...

9 Octobre 2019 - 2398 vue(s)

Engagez-vous qu’elle disait… Brune Poirson. Le 11 juin dernier, quinze chaînes majeures étaient « convoquées » à signer – manu militari – un « contrat d’engagement de la restauration rapide pour le tri des déchets ». Elles prêtaient ainsi serment du bout du stylo, de se mettre en conformité avec leurs obligations de tri à la source sur les 5 flux (papier, métal, plastique, verre et bois) et sur les biodéchets. Il faut dire que la secrétaire d’État ne leur a guère laissé de marges de manœuvre. Pratiquant le « name and shame », elle avait déjà tancé la profession à plusieurs reprises ces derniers mois. Sous couvert de green bashing, elle n’en jetait pas moins à la vindicte populaire ceux qu’elle a choisi de montrer du doigt. Des accusés tout désignés alors que c’est tout un système qui pêche, à commencer par les collectivités locales et territoriales, les organismes de collecte et de traitement, les éco-organismes et jusqu’au consommateur final. Le Syndicat National de la Restauration Rapide (Snarr), non convié à la table des négociations ne faisait, lui, guère mystère de son aigreur, tandis que ses propositions envoyées début avril restaient lettre morte… Pour autant le couperet est tombé le jour même de la réunion : les enseignes engagées devront avoir converti 70 % de leurs restaurants au tri 5 flux d’ici la fin 2019, 90 % au 31 décembre 2020 et 100 % au 31 décembre 2021. Un contrat en forme d’ultimatum. Et gare aux retardataires…

Qui oserait dire que la restauration n’a rien fait depuis 2016 ? Il y a eu l’opération poubelle propre avec la valorisation du tri sélectif. On peut aussi parler de la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore la réduction des emballages, voire l’éco-conception… Des mesures ont été prises et des projets initiés. Sans doute pas suffisamment. Mais une certaine volonté était là face à une quasi-absence de gestion des déchets en aval. Reste à savoir si les engagements pris sont en eux-mêmes tenables et si ces enseignes n’ont pas finalement signé un chèque en blanc, tendant le bâton en attendant de passer à la caisse : jusqu’à 75 000 € d’amende en cas de non-conformité et deux ans d’emprisonnement tout de même ! Car de nombreuses questions demeurent. Celle de l’engagement des franchisés, premiers concernés sur le terrain, n’est même pas abordée. Aucune directive n’a été prise quant aux matériaux à privilégier pour les packagings alors que certaines filières d’emballages dits vertueux posent clairement problème. Et surtout, quelle organisation de la filière mettre en place tandis que les circuits de collecte sont loin d’être homogènes sur le territoire ? Des réponses, qui ne viendront pas d’en haut, ne pourront être apportées que par la coopération. Les commissions mises en place par la Fédération des Entreprises de Boulangerie s’organisent et livrent déjà quelques pistes : exclusion de certains emballages, organisation de collectes mutualisées… Et la 1re journée de sensibilisation à la gestion du tri en restauration rapide organisée le 15 octobre à l’initiative d’un Snarr impliqué aura le mérite de réunir les acteurs concernés. Alors que le projet de loi anti-gaspi pour une économie circulaire est encore débattu sur les bancs du Sénat, que le gouvernement prône activement la « concertation citoyenne », on l’espère… Nos bataillons de la restauration n’en seront que mieux engagés !

Jonathan Douay, rédacteur en chef adjoint

Couv France Snacking 55

 

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Jonathan Douay Rédacteur en chef adjoint France Snacking
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