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Alerte ! La vaisselle à usage unique en restauration rapide sur place, c'est peut-être bientôt fini!

30 Novembre 2019 - 7701 vue(s)
A partir du 1er janvier 2023, il devrait être interdit de servir des produits et boissons dans une vaisselle à usage unique aux clients qui consommeront dans l’enceinte des restaurants. Et cela, si les amendements, dont le 1013 voté le 20 novembre dernier par les députés de LaREM, sont confirmés à l'Assemblée nationale mi-décembre. Ce serait un coup très dur pour notre profession déjà en première ligne sur le tri des déchets.

Pourquoi tant de haine ? Après avoir fustigé violemment la restauration rapide pour ses retards concernant le tri des déchets en la contraignant, dans un calendrier très court, à se mettre à niveau, voici qu’on lui interdirait tout bonnement, de servir dans une vaisselle à usage unique, les clients qui voudraient consommer sur place. En effet, les amendements dont le CD1013 (dans son article 10) soumis par la commission économie, repris par la commission Développement Durable, dans le cadre de l’examen du projet de loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, ont été votés par les députés LaREM le 20 novembre dernier. Ils indiquent très clairement que la restauration commerciale dans sa globalité, et les chaînes de restauration rapide explicitement, devront avoir banni, à partir du 1er janvier 2023, tout type d’emballage à usage unique pour les produits et les boissons qui seraient consommés dans l’enceinte des établissements qui pratiqueraient une restauration commerciale pour les remplacer par une vaisselle « réemployable ». Exit donc assiettes, couverts, bols, gobelets, couvercles, qu’ils soient en plastique, en carton, en matériaux végétaux, compostables ou recyclables, si le client consomme sur place. Les textes visent aussi à rendre obligatoires des affichages énonçant les mesures d’hygiène, de nettoyage et d’aptitude au contact alimentaire desdits contenants, lorsqu’ils sont apportés par le consommateur au sein des établissements de restauration. Un coup de poignard dans le dos et un bouleversement en perspective, si la loi est adoptée en l’état, avec ces amendements, mi-décembre. Amendements qui, au passage, interdiraient aussi les jouets en plastique dans les menus enfants. 

Vers une vaisselle réutilisable ?

Si ces amendements, comme il est indiqué, visent à réduire à la source l’utilisation de plastique, pourquoi généraliser l’interdiction à tout type de matériaux, cellulose comprise ? Ceci alors même que la profession, en concertation avec les pouvoirs publics, s’inscrit aujourd’hui dans une démarche de transition écologique et mène depuis plusieurs mois un travail très actif, pour réduire son empreinte écologique, sélectionner des matériaux recyclables, réfléchir pour trouver des matières aptes au contact alimentaire en remplacement des produits plastiques prochainement interdits. Du côté du Snarr (Syndicat National de l’Alimentation et la Restauration Rapide), une note a été préparée pour rappeler les engagements de toute la filière et les nombreuses actions entreprises en amont et en aval. Et selon le syndicat, il apparaît indispensable de maintenir, sécuriser et ne pas entraver la direction prise par les acteurs de la restauration en matière de tri, et de réduction et suppression de certains produits en plastique à usage unique, et sur laquelle d’autres métiers et filières se sont greffés. Ceci afin de ne pas déstabiliser les engagements, investissements et moyens logistiques contractualisés entre ces différents acteurs, qui œuvrent conjointement et mutuellement vers une transition écologique efficace et pérenne.

Du côté de la Fédération des entreprises de boulangerie (FEB), Sylvia Touboulic-Barreteau, responsable RSE de la chaîne La Mie Câline mandatée par le syndicat pour le pilotage du groupe projet « tri des déchets dans les établissements de la boulangerie et de la restauration rapide », on regrette  que la profession n’ait pas été concertée sur ces sujets « Les contraintes de ressources financières et les expertises de nos métiers -connaissance du terrain- doivent impérativement être prises en compte pour ne pas mettre à mal tout un secteur d’activité à coup d’amendements, certes nécessaires pour faire avancer les choses, mais déstabilisants pour l’équilibre économique de nos établissements ». Et la représentante de la FEB de rappeler qu’il s’agit d’un métier dont les établissements sont, pour beaucoup, gérés par des commerçants indépendants.

"Nous voulons avancer sur ces sujets mais ne souhaitons pas mourir vertueux".

Gageons que c’est une course contre la montre qui s’engage face à une loi qui devrait, si elle est votée en l’état, contraindre tous les établissements, au-delà de 500 K€ de CA et de plus de 20 m², à investir dans une vaisselle en dur, des lave-vaisselles, sans compter toute la logistique inhérente. Sans parler de la distinction qu’il faudra envisager entre les produits à emporter qui pourront être proposés en libre-service et ceux qui devront être présentés dans une vaisselle « réutilisable » quand on mangera sur place puisque les gobelets et bols, même en carton seront interdits. L’heure est donc à la mobilisation pour ajuster cette mesure. Le temps est compté. 

 

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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