Avant, lorsque vous demandiez à votre client Sur place ou À emporter, c’était pour une mesure fiscale et lui appliquer un taux de TVA différencié selon qu’il s’installait chez vous ou récupérait ses produits pour les consommer au bureau, dans un square ou dans la rue. Demain, ce sera tout simplement pour savoir dans quel type de contenant, il vous faudra lui servir sa commande. Ce scénario catastrophe et qui remettrait en cause bien des organisations a toutes les raisons d’être redouté. En effet, alors que nous bouclons le magazine (*), un amendement en cours d’examen à l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi sur l’Économie Circulaire, s’il était définitivement voté, obligerait la restauration commerciale à bannir, à partir du 1er janvier 2023, les emballages de toute restauration servie sur place. Purement et simplement. Un texte qui s’inscrit en faux par rapport à tous les efforts engagés par la filière avec les pouvoirs publics pour rendre plus vertueuse la branche et inciter la profession à s’orienter vers des matériaux recyclés ou facilement recyclables. Du côté des organisations syndicales, Snarr comme FEB, c’est l’incompréhension, alors que l’on travaille d’arrache-pied pour s’inscrire dans un calendrier qui obligeait non seulement à réduire drastiquement l’usage du plastique mais aussi à organiser la collecte 5 flux. Un courrier a même été adressé à Emmanuel Macron par 8 chaînes de restauration, pour souligner les paradoxes flagrants entre cet amendement et les travaux en cours. Et ne parlons pas de la filière en amont, notamment celle du carton. Plusieurs industriels fabricants de packagings en cellulose Schisler, Gault & Frémont et Huhtamaki ont même, à travers un communiqué, dénoncé cette mesure et ses conséquences sur l’emploi, alors qu’ils ont beaucoup investi pour proposer des alternatives « vertes » au plastique. Ils insistent notamment sur l’absence complète de mesure d’impact environnemental. Rappelons qu’en cas de passage à une vaisselle en porcelaine, à des gobelets en verre et des couverts en inox, il serait de bon ton de mesurer aussi la consommation d’eau, d’électricité, de produits lessiviels. S’il est évident, pour la planète, qu’il faut réduire l’usage du plastique, n’en faisons pas un dogme. Car à y regarder de plus près, de nombreuses solutions alternatives sont, au bout du compte, bien moins écologiques qu’un plastique recyclable… Et oui, ça aussi il faut le savoir.
(*) A noter :
Depuis cet édito, la fameuse loi a été votée en première lecture le 20 décembre et va repasser devant les députés et les sénateurs fin janvier 2020. On sait qu'en coulisses, la profession s'active pour prouver, tests scientifiques à l'appui, que la solution du 100 % vaisselle réemployable n'est peut-être pas la meilleure ou du moins, la seule option. Il reste moins d'un mois pour le démontrer...