La tension n’a fait que monter ces dernières semaines face à l’intransigeance de certaines foncières et l’autisme dont elles font preuve au regard de la situation et des mesures de confinement imposées par le Convid-19 et la fermeture de nombreux centres commerciaux. C’est un communiqué du 9 avril du CNCC qui a mis le feu aux poudres et fait sortir de leurs gonds 11 fédérations et non des moindres dont le Snarr, le SNRTC, la FEB, Procos, la FFF, l’Alliance du Commerce, la Fnaem, la FCJPE, la FENACEREM, la FNH et l’UBH (*) qui représentent 2 millions de salariés. Dans leur communiqué, les représentants du CNCC entendent présenter « leurs mesures de solidarité » en matière de facturation et de mise en recouvrement des loyers et charges de leurs locataires commerçants. En clair et pour faire court, ces derniers réclament notamment le paiement normal des loyers, sauf pour les plus petits commerçants auxquels (SIC), il est proposé à l’étalement sur 24 mois (et non une annulation). Une position incompréhensible alors que, hasard du calendrier, Gares & Connexions, Altarea et Demeter Concessions annonçaient hier dans un communiqué, renoncer à leurs loyers du 16 mars à fin avril.
Dans leur communiqué, les fédérations et syndicats rappellent la manière dont le gouvernement, à travers des mesures puissantes a pris conscience de la question cruciale des loyers pour la trésorerie des commerçants et restaurateurs. Elles soulignent la perte de chiffre d’affaires considérable des enseignes et commerces, quelle que soit leur taille, en raison de la fermeture contrainte de leurs points de vente alors qu’elles doivent assumer le paiement des salaires, le poids financier des stocks de marchandises et le règlement des fournisseurs. Une incompréhension d’autant plus forte que la très grande majorité des commerçants des centres commerciaux a bien payé ses loyers du 1er trimestre, y compris le mois de mars dans son entier. Tandis que chacun prend sa part dans cette crise sans précédent, les fédérations dénoncent l’absence totale de solidarité des bailleurs qui marque un profond mépris à l’égard de leurs partenaires commerçants. En réclamant leurs loyers, certaines foncières, et non des moindres se placent en décalage complet avec la réalité de la situation actuelle alors que quelques bailleurs, grands et petits, institutionnels ou privés, ont quant à eux adopté des mesures fortes pour soutenir les commerces.
Les signataires de ce courrier, appellent donc les représentants du CNCC à revenir rapidement sur leurs déclarations et ouvrir une véritable concertation qu’ils disent appeler de leurs vœux, mais à laquelle ils n’ont jamais donné de chance. C’est pourquoi, les fédérations du commerce et de la restauration s’adressent, dans l’urgence au Gouvernement pour qu’il étende, à tout commerçant, les dispositions des ordonnances interdisant aux bailleurs d’activer les clauses résolutoires, cautions ou garanties bancaires. Il s’agit, soulignent les parties prenantes de cette contestation, de protéger les commerçants et de permettre de se donner le temps nécessaire pour mettre en place des dispositions de sortie de crise sauvant un maximum de commerçants et donc d’emplois. Sans traiter ce problème des loyers, les auteurs du communiqué craignent que l’argent public du chômage partiel et des prêts garantis par l’Etat ne soit purement et simplement gaspillé.
(*) Les 11 fédérations et syndicats : Syndicat national de l'alimentation et la restauration rapide (Snarr), Sydicat national de la restauration à thème de chaîne (SNRTC), Fédération des entreprises de boulangerie (FEB) L'Alliance du Commerce, Procos, Fédération Française de la Franchise (FFF), Fédération Nationale de l'Habillement (FNH), Fédération française du négoce de l'ameublement et de l'équipement de la maison (FNAEM), Fédération du commerce et services de l'électrodomestique et du multimédia (FENACEREM), Union Bijouterie Horlogerie, Fédération nationale de l'habillement (FNH).