Class'croute Stéphane Chapalain : l'importance de la franchise en restauration en période de covid-19
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#snackingunited. Sébastien Chapalain de Class'croute 'Des liens plus forts entre franchiseurs et franchisés'

12 Avril 2020 - 5890 vue(s)
Invité pour la quotidienne de snacking.fr, Sébastien Chapalain, PDG de Class'croute reprend pour nous le feuilleton de la crise du Covid-19 et décrit la manière dont la chaîne de 130 points de vente mène la riposte. La crise a fortement resserré les liens tête de réseau-franchisés avec une communication renforcée et des groupes de travail constitués pour réfléchir et préparer la reprise.

Qui est Class’croute et quels étaient vos projets avant crise ?

Avec un réseau de 130 points de vente dont 14 corners, Class’croute est une chaîne spécialisée d’une part dans les coffrets, plateaux et traiteur livrés en entreprise et, d’autre part, dans la restauration fast casual sur place. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires sous enseigne de l’ordre de 70 M€ l’an dernier. Née en 1987, le réseau a entamé une vraie mutation de son offre et enclenché une politique RSE ambitieuse et innovante. En 2019, nous avons accueilli à notre capital de nouveaux actionnaires majoritaires, le fonds d’investissement français FrenchFood Capital. Le grand chantier engagé en 2020 est la transformation profonde de notre plateforme digitale de commande de manière à garder un coup d’avance sur un marché de la livraison en plein bouleversement. Après 14 nouvelles adresses en 2019, une équipe musclée au siège, l’objectif était d’ouvrir 25 points de vente cette année. Nous visons dorénavant plutôt 15 dont la réouverture de deux unités en succursale. C’est un axe de développement nouveau en plus de la multi franchise que nous visons. Au programme également, le déploiement du modèle de corner dans les entreprises. Nous en avons 14 aujourd’hui, qui font office de cantines modernes. Jusqu’à début mars, l’activité était conforme aux prévisions jusqu’aux premières annulations.  

Comment avez-vous réagi aux annonces de nos gouvernants ? Quelles ont été vos premières décisions ?

Depuis le début d’année et vu la propagation du virus, nous prévoyions son arrivée en France avec ses effets dévastateurs observés d’abord en Chine puis en Italie. Les premiers signes avant-coureurs se sont manifestés début mars avec l’annulation de grosses réunions et cocktails dans les entreprises, programmés au printemps. En tant que vice-président du Snarr, j’ai eu également tout de suite une vision globale de la situation. Et dès le 15 mars, nous avons pris la décision de fermer, tout en conservant le lendemain, le lundi matin, à titre de test sur 50 % du parc, l’activité vente à emporter. Dès l’après-midi, vu la difficulté rencontrée  pour mobiliser le personnel dans les restaurants, mais aussi à l’absence de clients, - nos restaurants étant en très grande majorité en zone d’activités -, nous avons tout stoppé. D’autant que notre activité, à 50 % BtoB avec livraison dans les entreprises, via nos propres flottes de livreurs, s’est arrêtée presque instantanément

Avez-vous placé vos collaborateurs en chômage partiel ? 

Tous nos collaborateurs ont donc été placés en chômage partiel. A ce jour 60 % de notre réseau a reçu une réponse positive des Direccte et pour les autres, nous restons très optimistes, c’est une question de jours. Tous nos franchisés ont pu bénéficier, dès le début, du soutien du siège. En effet, dès le samedi, nous organisions une cellule de crise réunissant le comité de direction et des franchisés. A l’issue de laquelle, nous avons établi des documents types, des bonnes pratiques de manière à soutenir et accompagner, tous nos partenaires dans leurs relations avec les administrations, les banques ou encore les bailleurs avec lesquels nous sommes encore en discussion.  

Tous les mardis, nous organisons des visio-conférences avec les franchisés pour partager sur l’actualité, prendre le moral des troupes et partager. Nous avons aussi créé des groupes sur WhatsApp pour échanger de manière informelle mais aussi mis en place des ateliers destinés à avancer sur des sujets de fonds avec des représentants des franchisés et du franchiseur. Parmi les thèmes : l’amélioration de l’expérience digitale, l’après et les conditions de redémarrage avec un calendrier marketing, la vision RSE…. Si 3 personnes opérationnelles ont été maintenues au siège pour répondre à tout type de demande des franchisés, une cellule psychologique a été mise en place, avec un intervenant extérieur, pour permettre à nos franchisés de trouver aussi une autre écoute. Cette communication assidue avec tout le réseau, a resserré les liens entre la tête de réseau et les franchisés. Une expérience contrainte mais qui va créer bons nombres de cas d’école et vraisemblablement plusieurs nouvelles bonnes pratiques.  

Quels vont être, selon vous, les effets de ce tsunami sans précédent sur la profession ?

Plus rien ne sera comme avant. Ce qui est sûr, c’est qu’il va y avoir de la casse notamment chez les indépendants ou dans les petits réseaux trop faibles pour résister. En ce sens, le modèle de la franchise démontre, tous les jours, sa pertinence et le rôle prépondérant d’une tête de réseau dans une telle période. Nous devons aussi garder un œil attentif à toute la supply chain et tous nos fournisseurs dont beaucoup, privés de trésorerie face à un secteur de la RHD à l’arrêt, risquent d’être fort ébranlés en sortie de crise. Et au redémarrage, nous aurons besoin d’eux. C’est pourquoi, je suis parti à la chasse aux impayés et je me fais un devoir, en tant que tête de réseau, de me montrer garant, là où ça peut coincer pour soutenir fournisseurs et franchisés. Les augmentations tarifaires déjà annoncées par certains logisticiens vont être aussi à intégrer dans les nouvelles équations post-confinement. 

Préparez-vous la sortie de crise ? 

Ce qui est sûr, c’est qu’elle va être compliquée alors que nous ne connaissons pas encore la date et la méthode, de quoi nourrir plusieurs hypothèses. Un déconfinement total, partiel, par région..., de nombreuses questions restent encore en suspens. Et dans quelle mesure les zones d’activité dans lesquelles nous sommes très majoritairement présents, vont-elles se repeupler ? Autre interrogation, les entreprises qui ont pu, dans l’urgence, mettre en place le télétravail et constaté certains de ses bienfaits, que vont-elles faire ? Si elles le développent, ce sera autant de clients directs perdus. D’où nos réflexions sur la création de tiers-lieu de travail. Quoiqu’il en soit, je prévois une reprise molle en mai et juin, avec, si tout rentre dans l’ordre, un vrai redémarrage en septembre. Le relancement, dans les premières semaines, sera sans doute fondé sur une offre réduite, le temps de réamorcer la chaîne logistique. Il s’agira aussi de définir un cadre sécurisé de travail et de protection autour des collaborateurs via des règles très strictes. Nous travaillons à la mise en place d’une charte de bonnes pratiques. 

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