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Les acteurs de la livraison de repas ont 3 mois pour présenter une stratégie zéro déchet

2 Juillet 2020 - 5981 vue(s)
Convoqués le 1er juillet par Brune Poirson, la secrétaire d’Etat à la Transition écologique, les principaux acteurs de la livraison ont 3 mois pour trouver une solution par parvenir au zéro déchet. On peut s’interroger sur l’effet de mise en scène de cette réunion suite à la vague verte des élections municipales et surtout de la quasi-absence des restaurateurs et de leurs représentants lors de cet échange de 1 h 30.

A l’image de la convocation express adressée aux restaurateurs en mai 2019 avec l’ultimatum qu’on connaît, la secrétaire d’Etat à la Transition écologique Brune Poirson, a réuni les principaux acteurs de la livraison de repas ainsi que des associations et des fournisseurs de solutions réutilisables et consignes. Une invitation téléguidée, envoyée le 26 juin dernier et qui n’est pas sans ignorer les conclusions de la Convention Citoyenne pour le Climat et la vague verte des élections municipales qui ont suivi ! Si le rendez-vous était louable, quoique le calendrier accéléré, on peut s’interroger sur le casting et la quasi-absence des principaux intéressés, les restaurateurs et leurs organisations représentatives notamment le Snarr ou encore la FEB. Etaient, bien sûr, présents les agrégateurs et logisticiens majeurs comme Uber Eats, Deliveroo, Just Eat, FoodChéri, Pop Chef, Frichti, Nestor, Stuart, des associations comme Zero Waste France, Surfrider et des experts des vaisselles réutilisables ou de consignes telles qu'En boîte le plat (Etic Emballage), Green Go, Reconcil, Uzaje. Seul représentant des restaurateurs, Sushi Shop était de la partie. L’objectif affiché par Brune Poirson, face au boom de la livraison (200 millions de repas livrés en 2018) et de ses déchets inhérents, toujours plus nombreux (et plastiques), était clairement de rappeler à tous les dispositions de la loi anti-gaspillage qui entre prochainement en vigueur. Mais surtout d'insister sur leurs responsabilités pour devenir des acteurs à part entière d’une stratégie zéro déchet. Ce qui inclut la mise en place d’actions de réduction, de réutilisation et de recyclage.

"De nouveaux modèles existent comme la consigne. Il est temps de passer du tout jetable au tout réutilisable. Ils ont maintenant trois mois pour y travailler", Brune Poirson.

2021 et 2023 dans le viseur

Dans son tweet qui reprend les grandes lignes de cette réunion, la secrétaire d’Etat a souhaité rappeler les principales mesures issues de la loi anti-gaspillage et le calendrier s’y rapportant. Notamment l’interdiction au 1er janvier 2021 des emballages en PS, assiettes, couverts, gobelets et pailles plastiques à usage unique (NDLR les restaurateurs ont jusqu’à début juillet 2021 pour écouler les stocks) ou encore l’adoption du décret qui fixe les objectifs de réduction, réemploi et recyclage (3R) des emballages en plastique à usage unique. Point plus surprenant, la secrétaire d’Etat a aussi évoqué l’entrée en vigueur en 2022 de la standardisation des emballages alimentaires réemployables pour la restauration. Une mesure qui n’est à ce jour présente clairement dans aucun texte même si, il est convenu, que la restauration rapide ne pourra plus, à partir du 1er janvier 2023, servir des repas sur place dans une vaisselle jetable.

Les restaurateurs pris en étau

"La réduction des déchets d’emballage à usage unique demande à penser écosystème", a expliqué Brune Poirson, ce qui passe par une responsabilité partagée qui comprend les pouvoirs publics, les consommateurs, les plateformes intermédiaires et, bien sûr, les restaurateurs. Qui pourrait laisser à penser que sur un tel sujet du zéro déchet, les professionnels de la restauration indépendante ou de chaîne n’auraient pas leur mot à dire alors qu’ils sont concernés au premier chef ? Et comment peut-on imaginer que la restauration rapide, privée d’emballages à usage unique pour la restauration sur place en 2023, soit aussi contrainte de mettre en place des contenants réemployables pour la livraison et la vente à emporter ? En tout cas, la secrétaire d’Etat a donné 3 mois aux plateformes et logisticiens pour présenter leur stratégies « zéro déchet » comme elle leur a rappelé que le projet de loi issu de la Convention Citoyenne pour le Climat allait les presser vers cette transition. En ce sens, il est clair que Brune Poirson milite pour des solutions de vaisselle réutilisable et consignée. En témoignent les sociétés et startups spécialisées qu’elle a conviées à cette réunion.

Les agrégateurs déjà engagés

Du côté des plateformes, on a clairement exposé les actions déjà menées en rappelant que toute démarche ne pourra de toute manière se construire sans leurs partenaires restaurateurs au regard de l’effort économique que cela impliquerait. Chez Uber Eats, Manon Guignard en charge de la communication explique que la plateforme avait engagé des démarches pour aider les restaurants de toute taille vers une transition écologique. Elle donne la possibilité aux professionnels, via une marketplace dédiée, d’accéder à une offre de contenants écoresponsables. « Plus de 250 références de contenants et sacs kraft sont disponibles, à prix négociés grâce à des partenariats noués avec les sociétés Dinovia et Raja ». Si Uber Eats explique entretenir des échanges réguliers sur la question des emballages avec ses clients, elle a choisi également de livrer ses commandes par défaut, sans couverts ni pailles. C’est au client de cocher la case s’il en souhaite. Une option également retenue par Deliveroo qui, de son côté a, lui aussi, monté une plateforme où il propose, à prix coûtant aux restaurateurs, près de 170 références de contenants vertueux pour l’environnement, compostables et recyclables. « Nous avons à cœur de réfléchir à des solutions qui s’inscrivent dans une démarche de réduction des déchets tout en intégrant dans la réflexion, nos partenaires restaurateurs », ajoute Damien Steffan, responsable corporate et des relations institutionnelles chez Deliveroo France.  

FoodChéri sur la voie du Zéro déchet

Présent à la réunion, FoodChéri n’a pas tardé à dégainer. L’acteur de la Foodtech a publié, dès ce matin, un communiqué dans lequel il explique avoir très tôt utilisé les packagings 100 % écoresponsables et qu’il lançait la première solution de livraison de repas en entreprise avec des contenants 100 % consignés. Une démarche qui consiste, après livraison, à collecter, laver et renvoyer vers les ateliers de production FoodChéri, les contenants utilisés. Une démarche qui sera étendue à tous les comptes de l’entreprise de la startup qui accompagne 1 000 entreprises, PME et grands groupes. 

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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