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Coronavirus, la restauration rapide traverse (un peu) mieux la crise

29 Septembre 2020 - 7918 vue(s)
Entre janvier et août 2020, le marché de la restauration aurait perdu près de 35 % en visite selon le cabinet The NPD Group. La restauration rapide résiste un peu mieux à – 25 %, notamment grâce à la vente à emporter et la livraison. L’été aura permis de limiter la casse après un confinement qui a concentré à lui seul 70 % des pertes. Mais le rebond amorcé de l’épidémie, et les fermetures d’établissements qui en découlent, risquent de casser ce mouvement de redressement…

Alors que la colère monte dans plusieurs villes de France, après les mesures de fermeture totale ou partielle des bars et restaurants pour contrer la nouvelle vague annoncée de pandémie de coronavirus, le marché de la RHF a de quoi faire grise mine. Le cabinet The NPD Group vient en effet de publier un premier bilan sectoriel des huit premiers mois de l’année, de janvier à août 2020. Celui-ci prend logiquement en compte la période catastrophique du confinement pour nombre d’établissements mais aussi un été jugé plus favorable en fonction des zones géographiques. Au global, le hors-domicile affiche ainsi un recul de 35 % en visites et 37 % par rapport à l’an dernier. Sans surprise, la restauration à table — qui a fonctionné à 15 % seulement de sa capacité normale en dépenses entre mars et mai — est le secteur le plus impacté, avec une chute de près de 45 % en visites et en valeur. De son côté, la restauration rapide, alors que la vente à emporter et la livraison restaient autorisées, a mieux résisté, avec des pertes affichées d’environ 25 % à fin août.

Un confinement aux conséquences dévastatrices

Ces résultats sont néanmoins « moins mauvais » que ce que la période de confinement pouvait laisser craindre. En effet, au cours des seuls mois de mars, avril et mai, le marché de la RHD a perdu plus des deux tiers des visites (- 64 %) et des dépenses (70 %), comparées à 2019. La restauration rapide a su tirer son épingle du jeu, mais en divisant malgré tout par deux ses recettes de mars à mai. Sur ce circuit, le cabinet The NPD Group distingue notamment « trois segments qui ont su s’adapter et limiter leurs pertes en misant notamment sur la vente à emporter : les GMS [grâce aux] repas et snacks prêts à consommer, les boulangeries et les pizzerias ». En effet, grâce à la livraison et à la vente à emporter, ils ont été en mesure de maintenir un certain niveau d’activité, sachant que la consommation nomade compte traditionnellement pour 80 % à 90 % de leurs visites. Concernant les moments de consommation, le déjeuner a été le plus durement impacté par le confinement, enregistrant la plus forte perte en fréquentation (70 %) de mars à mai comme sur les huit premiers mois de l’année cumulés (40 %).

La restauration rapide a su réagir pendant l'été

Qu’en est-il du fameux rebond post-confinement ? Il est à tempérer et diffère selon les typologies d’établissement. Car, sur les trois premiers mois de réouverture des restaurants (juin, juillet et août 2020), le marché du hors-domicile n’a retrouvé que 70 % de sa valeur par rapport à l’été 2019.

"Affichant une reprise beaucoup plus rapide, la restauration rapide perd seulement 16 % en valeur en comparaison de l’été 2019. Les segments « pizza à emporter » et « burgers » effectuent quant à eux une remontée fulgurante, démontrant que les options rapides, à emporter et appréciées par un public jeune portent le dynamisme du marché ", souligne le cabinet d’étude The NPD Group.

La reprise est en revanche plus lente pour la restauration à table puisque le circuit ne retrouve que 70 % de la valeur de l’année précédente. Dans le détail, la pause méridienne continue de souffrir, impactée notamment par le ralentissement du circuit des cantines et la pratique du télétravail adoptée par de nombreux Français. Le moment du dîner, qui semble avoir mieux résisté pendant le confinement grâce à la livraison (- 64 %), affiche une reprise de la fréquentation en juin, juillet et août, avec un recul de 29 % des visites par comparaison avec l’été 2019. La progression du ticket moyen du soir de l’ordre de 8 % en restauration à table, grâce à la consommation de produits additionnels comme les desserts ou les alcools en apéritif, montre la volonté claire des Français de se faire plaisir après le temps de la restriction.

Confiance et digitalisation, des attentes renforcées

Toutefois, les chiffres de l’été révèlent clairement une fracture générationnelle. Logiquement, les « + de 55 ans » sont moins retournés au restaurant (baisse des visites de 40 % en comparaison de l’été 2019) que les générations plus jeunes (- 20 % en visites). Les femmes se sont également montrées moins enclines que les hommes à fréquenter de nouveau les restaurants. L’effet « Covid-19 » se ressent aussi au niveau des motivations et des critères de choix des consommateurs. « Ceux-ci affirment ainsi à près de 75 % que le respect des normes sanitaires et la mise en place d’un protocole précis au sein du restaurant jouent un rôle important dans le choix du point de vente », précise The NPD Group. Confinement et volonté de limiter les contacts ont aussi amené les convives et restaurateurs a prendre de nouvelles habitudes, qui perdurent à en croire Maria Bertoch, l’experte Foodservice France au sein du cabinet. « Au-delà des pertes subies par le secteur de la restauration hors domicile, il est intéressant d’analyser la crise sanitaire comme un révélateur de tendances. La livraison, le « Click & Collect » et le drive ont vu leur croissance s’accélérer et ont permis de limiter les pertes sur l’ensemble du secteur. Alors que les restaurants ont rouvert, ces trois circuits ont continué de s’affirmer comme les seuls dans le vert pendant les mois d’été, avec une croissance en visites de 30 % pour le « Click & Collect », 34 % pour les commandes livrées et 40 % pour le drive », souligne-t-elle. De nouvelles pratiques et de nouvelles offres dédiées à dessiner tandis que les mesures de restriction annoncées par le gouvernement laissent craindre des temps encore délicats pour le hors-domicile…

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