Qui a dit que la restauration rapide n’était pas agile ? C’est même l’un de ses traits de caractère ! Eh bien, il va lui en falloir de la souplesse au regard des échéances qui se présentent. Bien sûr, il y a les difficultés liées à la crise et aux restrictions sanitaires avec leurs multiples répliques qui n’en finissent pas de secouer la branche à chaque fois qu’une ville passe en zone d’alerte maximale. Il y a aussi le syndrome télétravail qui bouscule la géographie du repas en même temps qu’il désertifie des zones d’activité, jadis fertiles. Il y a encore le digital qui a fait trembler bien des modèles en accélérant les mutations. Mais, là où les plaques tectoniques risquent de sérieusement bouger et de transformer profondément le paysage de la restauration rapide, c’est bien sur le terrain de l’emballage, LE sujet du moment. Si beaucoup comptaient sur la période troublée pour noyer le poisson, les échéances sont bien là, loi AGEC* oblige, et la pêche aux bouleversements, pour ceux qui ne prendraient pas le sujet au sérieux, a toutes les chances d’être bonne. Ce texte voté en février dernier, riche de plus d’une centaine d’articles, donne clairement le cap d’une économie circulaire qui pousse vers zéro déchet. Et, pour le coup, s’il manque encore quelques compléments importants qui ne sont pas encore sortis (on les attend pour le début de l’année), notamment la 3 R ou encore la REP pour les CHR qui fixera les standards des contenants réutilisables, il va falloir clairement poser le sujet sur la table. Car, le 1er janvier 2023, c’est déjà demain, et dès lors, la restauration n’aura plus le droit de servir des repas sur place dans une vaisselle à usage unique. Tendez l’oreille, le réemploi a toutes les chances d’être le tube de l’hiver sur lequel, déjà, les plateformes de livraison sont appelées à s’agiter. En effet, c’est pour le 31 octobre que la très active ex-secrétaire d’Etat à la transition écologique, Brune Poirson, leur avait demandé de faire des propositions en ce sens. Et Barbara Pompili, la nouvelle Ministre en charge de ces questions, leur a rappelé, il n’y a pas très longtemps que le « rencart » tenait toujours. Mieux vaut que la musique soit de son goût. Comme vous pourrez le lire dans notre enquête sur le réemploi (p. 38), ce ne sont pas les solutions qui manquent en France, portées par de nombreuses startups engagées qui débordent autant d’énergie que d’idées. On vous fait un papier cadeau ?
Paul Fedèle, rédacteur en chef
* AGEC : loi anti-gaspillage et économie circulaire.