Burger King Jérôme Tafani à propos de la crise covid-19 et du re-confinement pour snacking.fr
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#snackingconnexion. Situation très alarmante pour la restauration, selon Jérôme Tafani - Burger King & Quick

4 Novembre 2020 - 7156 vue(s)
Avec 358 restaurants Burger King et 122 Quick au compteur, ce sont plus de 480 établissements dont les salles de restaurant sont fermées, comme pour la totalité de la restauration. Une situation très préoccupante pour Jérôme Tafani, directeur général et vice-président de Burger King-Quick en France (Groupe Bertrand) qui confie à snacking.fr son point de vue sur la situation, ses craintes et ses attentes. Pour lui, la question des loyers reste entière et il convient de s’adapter à la nouvelle donne pour être en mesure de relancer le business, notamment par une baisse de la TVA.

Quels sont vos projets de développement et d’activité pour l’année ?

Si les projets engagés se concrétisent, sous condition que les chantiers puissent continuer, nous aurons réalisé une trentaine d’ouvertures cette année. Nous continuons à nous battre pour que les projets prévus sortent de terre et fassent que les meilleures conditions soient réunies au moment de la reprise. Sur Burger King, des ouvertures sont prévues cette semaine, les 4 et 5 novembre à Brie-Comte-Robert et à Bordeaux Lac Aliénor, uniquement en vente à emporter ; des conditions dégradées qui créent des situations difficiles pour les restaurants dès les 1ers jours.  Nos ventes 2020 seront en net recul par rapport à 2019. Nous avons connu deux mois de fermeture totale, puis nous avons reconquis, semaine après semaine, nos clients pour retrouver en septembre une activité comparable à avant la crise. Depuis le retour au confinement les ventes replongent, et je suis incapable de savoir pour combien de temps.

Comment la chaîne est sortie du 1er confinement et en quoi cette crise a changé votre business model ?

La Covid aura été jusqu’à présent un accélérateur de tendances à plusieurs niveaux. Tout d’abord un besoin de réassurance des clients sur les mesures sanitaires mises en place pour les protéger auquel nous avons su répondre avec la mise en place de protocoles sanitaires stricts et une communication à la fois rassurante et drôle. Ensuite, le 1er confinement a amené à une accélération de la Vente A Emporter boostée par les canaux digitaux ce qui nous a préparés à mieux aborder le re-confinement.

Le troisième élément concerne l’empathie, car nos clients qui vivent des moments difficiles vont avoir besoin de reconnaissance. Ça passe par la communication afin de mieux les comprendre et les surprendre mais aussi par des actions sur le prix, innovantes et engageantes compte tenu de la crise qui arrive, comme on a pu le faire avec le Burger Mystère. Ces mesures avaient porté leurs fruits et remis l’activité dans un trend positif avec des résultats encourageants. Le re-confinement vient stopper cet élan. 

Comment avez-vous vécu l’annonce de ce 2e confinement ? Et vos décisions post-annonce ? 

Nous avons été surpris par ce nouveau confinement et l’obligation de tout le secteur de fermer nos salles qui représente la majorité de notre chiffre d’affaires. Dans ce contexte, il nous a semblé indispensable de prendre la parole de manière solidaire pour encourager les Français à continuer à faire vivre tous les professionnels du secteur au travers des canaux à emporter et livraison.

"Ne l’oublions pas, le secteur de la restauration emploie un demi-million de personnes en France directement et plus de 2 millions si on y ajoute les emplois indirects. La restauration doit vivre, c’est un pilier de notre économie, en grande difficulté depuis de nombreux mois".

Il est important de rappeler que, si nos salles sont fermées, nous restons ouverts et combatifs… Des protocoles sanitaires stricts sont en place pour protéger nos consommateurs, nos collaborateurs et nos partenaires de livraison. Chaque restaurant a à sa disposition différents canaux pour poursuivre son activité malgré la fermeture des salles : drive, vente à emporter, Click & Collect, livraison à domicile. Il y aura des ajustements de carte pour garder la fluidité et la rapidité de service. 

Pourquoi cette campagne de communication, plutôt osée ?

Plus qu’une campagne de communication, c’est une campagne de crise, un cri d’alarme que nous avons poussé pour tous les restaurateurs, pour tous les restaurants, pour nous aussi.

Nous avons voulu mettre notre marque au service de tout le secteur, sans opposer la restauration traditionnelle à la restauration rapide car, au final, tout le monde vit des moments compliqués et se bat pour sauvegarder les emplois. Faire passer ce message très sérieux avec notre ton, notre humour habituel nous a permis d’en démultiplier l’impact. La créativité et l’humour font partie de l’ADN de Burger King. Nos communications sont à notre image

Quel tableau dressez-vous pour les mois à venir pour la restauration en général et votre segment en particulier ?

A côté de la situation sanitaire que notre pays traverse et qui doit évidemment rester la priorité n° 1, le contexte actuel est particulièrement préoccupant pour tout le secteur de la restauration. Les Français sont amenés à se confiner, ce qui veut dire qu’après avoir travaillé, comme tous nos confrères, à mettre en place de nouveaux process, à équiper nos salariés d’équipements de protection, à mettre en place des circuits qui protègent les clients, à développer des canaux sans contact, on se retrouve dans une situation où le chiffres d’affaires est en berne, plus de trafic dans la rue, on ne peut plus accueillir les clients. Les décisions prises nous mettent dans une situation extrêmement difficile. Le gouvernement fait tout ce qu’il faut pour protéger les salariés, c’est déjà très bien. Mais côté restaurants, qui va payer les loyers ? Qui va payer les marchandises qui vont être jetées ? Qui va payer les emprunts pour financer les investissements indispensables pour bien accueillir nos clients ? Aujourd’hui il n’y a pas de solution. On espérait pouvoir repartir et là, maintenant, si les choses durent, cela va devenir dramatique pour tous les restaurateurs, pour nos franchisés qui sont des entrepreneurs français indépendants.

Pour les loyers, le système de crédit d’impôt que veut mettre en place le ministère de l’économie n’a rien de contraignant pour les bailleurs, c’est une incitation. Ce n’est pas de nature à les faire bouger. Ça va être voté dans la loi de finances 2021, aujourd’hui ça n’existe pas.  

Il faut aussi se poser la question des conditions de la reprise. Plus que de perfuser l’activité, nous avons besoin de relancer le business et d’adapter notre cadre à une situation qui pourrait perdurer. Regardons, par exemple, ce qui est fait dans plusieurs pays du nord de l’Europe, avec une baisse temporaire de la TVA. Cette mesure permet de relâcher la pression des charges qui pèsent sur les exploitants qui ont été très fortement impactés par la crise du Covid-19 au cours des six derniers mois. L’Allemagne est passée d’une TVA sur la restauration de 19 % à 5 % et le Royaume-Uni de 20 % à 5 %

"L’Etat ne pourra pas aider l’économie indéfiniment. Il faut lui redonner les moyens de son redémarrage". Jérôme Tafani.

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