Comme l’explique Meleyne Rabot, Directrice des Projets Stratégiques chez Just Eat France, "La crise sanitaire inédite que nous traversons affecte nos vies quotidiennes depuis plusieurs mois, et va continuer de le faire dans les mois à venir. Elle impacte comme jamais les acteurs de la restauration, en France comme dans le monde. La question est de savoir si les nouvelles habitudes prises durant cette période seront durables ou si un retour à la normale est à prévoir". C’est ce qu’a souhaité savoir la plateforme Just Eat, acteur majeur de la restauration livrée, présent dans 24 pays avec 205 000 restaurants partenaires. Le rapport indique que si près de 79 % des sondés, disent ne rien avoir changé à leurs habitudes alimentaires à la reprise de l’activité et la réouverture des écoles à la rentrée, pour autant, 1 Français sur 5 a fait tout de même évoluer sa façon de manger depuis le début de la crise. Des résultats qui diffèrent selon que l’on vit en appartement ou en maison. 31 % de ceux habitant en appartement, ont fait évoluer leur alimentation, dont 4 % qui ont radicalement tout changé. Parmi les nombreux chiffres distillés dans ce sondage, on apprend aussi que 4 Français sur 10 regardent toujours le JT à table (37 %), près d’1/4 regarde une série en mangeant (23 %) et 4 sur 10, avec un portable à la main. Des tendances qui ont progressé chez les 18/24 ans.
Du côté du « fait maison », les Français ont quelque peu changé leurs habitudes. S’ils étaient 65 % avant confinement à prendre leurs repas complètement "faits maison", et 69 % au cœur du confinement, ils sont aujourd’hui 67 %, soit 2 points de plus. C’est encore plus marqué pour ceux vivant en appartement (+ 4 points vs avant la crise). En revanche, c’est 2 points de moins chez les jeunes. Le retour à la normale s’est opéré aussi par rapport au phénomène « cuisine et pâtisserie » à la maison. De 48 %, ceux qui préparent des gâteaux à la maison sont redescendus à 41 %, comme avant le confinement. Pour autant, les Français estiment plus qu’avant que le moment du repas est une occasion pour prendre le temps de cuisiner mais aussi pour déconnecter. Une tendance grandissante chez les 18/24 ans. C’est d’ailleurs devenu une habitude plus pérenne pour 1 français sur 10. La recherche du manger mieux est globalement observée avec une baisse du grignotage enregistrée, qui semble parmi les bonnes résolutions du confinement. 24 % des Français grignotaient avec la crise, ils sont 21 % aujourd’hui. C’est d’autant plus marqué chez les jeunes qui étaient 44 % à grignoter et sont aujourd’hui 33 %, soit une baisse de 11 points. Parmi les changements les plus visibles depuis le 1er confinement concernent la solidarité dans l’assiette, note l’étude. 27 % des Français déclarent manger plus « local », qu’avant la crise ou en circuit court, pour soutenir les agriculteurs et petits producteurs. Pour 22 %, c’est même devenu plus important qu’avant le confinement de manger « français » tout comme de savoir ce qu’on met dans les assiettes. Une tendance encore plus marquée chez les femmes puisqu’elles sont encore plus engagées sur ces thèmes à 32 % sur le premier et 27 % sur le second.
"La Covid-19 a servi de catalyseur pour les tendances préexistantes et notamment en termes de consommation responsable avec plus d’origine France, plus encore de local et une recherche de manger mieux, moins de grignotage et des aliments plus équilibrés", Eric Sagnat, Account Director – Consumer & retail Division Ifop.
Si les sorties au restaurant restent inscrites dans l’art de vivre à la française, pour autant plus d’1 Français sur 2 ont ralenti la cadence de leur sortie au restaurant après le confinement du printemps. 34 % ne sont même plus du tout allés au restaurant depuis, par peur de contracter le virus. C’est d’autant plus vrai pour les 35-49 ans qui sont 41 %. Pire encore, 32 % de la population (et 36 % pour les 25-49 ans), ne comptent pas retourner au restaurant d’ici la fin de l’épidémie. C’est moins fort chez les jeunes qui sont seulement 35 % à avoir diminué leurs sorties.
"Nous avons noté que 50 % des consommateurs n'avaient pas encore repris toutes leurs habitudes hors domicile en septembre et qu'une parenthèse positive a eu lieu cet été, avec une vision différente en fonction des zones et des typologies de clients", Nicolas Nouchi, Global Head of Market Research chez CHD Expert
Pour ceux qui ont poursuivi leurs escapades culinaires hors domicile, le choix s’est porté, pour 53 % des sondés, sur les établissements qui ont scrupuleusement respecté les règles de distanciation sociale. Ils sont 68 % des plus de 65 ans à avoir choisi leur restaurant selon cette garantie. 40 % des Français se sont rendus dans ces restaurants uniquement s’ils pouvaient manger en terrasse. Mais aussi, parmi eux 38 % ont indiqué que c’était pour soutenir les restaurateurs et 35 % pour se faire plaisir (59 % chez les jeunes pour ces deux raisons).
"Frappés de plein fouet par la crise santaire, les établissements, qui ont subi un fort ralentissement, ont par essence limité le lancement de concepts foods innovants sur le marché. Cette année a été marquée par le renforcement de certaines tendances food", Samuel Burner, Responsable des conférences sur le Sandwich & Snack Show
Pour 66 % des Français, la livraison est un soutien pour les petits restaurants de quartier dans une démarche responsable et locale. Un chiffre qui monte à 77 % pour les jeunes de 18-24 ans et 73 % chez les 25-34 ans pour qui la livraison est aujourd’hui pleinement ancrée dans leurs habitudes de restauration. 34 % des Français se font livrer des repas aujourd’hui (57 % des 18-24 ans et 47 % des 25-34 ans). Et 6 % le font de manière régulière depuis la fin du 1er confinement. Pour 45 % de la population, la livraison est perçue comme la solution pour limiter les risques de contamination. C’est un gain de temps quand on n’a pas envie de cuisiner pour 66 % des sondés (82 % chez les jeunes). Aurélie Gohin, Directrice commerciale chez Just Eat note une augmentation de 51 % des commandes sur la plateforme à la première semaine du reconfinement en novembre et une moyenne de 21 % de commandes en plus par jour, par rapport à mars.
D’ailleurs près de 50 % des restaurateurs la considèrent comme une solution d’avenir. Elle était estimée à 3,3 md€ en 2019, en hausse de 20 % par an, selon les chiffres de Food Service Vision et devrait doubler d’ici à 2022 avec 3 commandes passées aujourd’hui chaque seconde pour une dépense moyenne par commande de 16 euros le midi et 17 euros le soir. Plus de 2 commandes sur 3 passent d’ailleurs par les plateformes.