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Les livreurs espagnols, les premiers «présumés» salariés européens

12 Mars 2021 - 1452 vue(s)
Alors que le marché de la livraison explose, et avec lui les flottes de livreurs, le gouvernement espagnol et les partenaires sociaux sont parvenus à un accord pour encadrer cette activité. La présomption de salariat va être introduite dans le code du travail de nos voisins transpyrénéens pour les livreurs. Une mini révolution et une première en Europe.

Est-ce le premier pas vers une nouveau modèle et une forme de jurisprudence en Europe ? L’avenir nous le dira. En tout cas, la décision du gouvernement espagnol est de nature à donner du baume au cœur à tous ceux qui mènent le combat pour donner un statut plus sécurisé, aux livreurs travaillant pour les grandes plateformes. Le ministère du Travail espagnol a indiqué, que ces personnes seront désormais des salariés et salariées et pourront profiter de toutes les protections découlant de ce statut. "Une décision qui fait de nos voisins du Sud, le premier pays de l’Union Européenne à légiférer sur ce thème", a souligné Yolanda Diaz, la ministre du Travail. Ce seront donc des employés à part entière (et non des entrepreneurs), et comme tels, profiteront d’une protection sociale et de tous les avantages offerts aux salariés. Comme l’indique l’AFP, le texte prévoit par ailleurs, que les syndicats « devront être informés des règles régissant les algorithmes et les systèmes d’intelligence artificielle pouvant avoir un impact sur les conditions de travail". 3 mois sont laissés aux grandes plateformes pour intégrer dans leurs organisation cette nouvelle donne qui révolutionne un modèle fondé sur l’entrepreneuriat. Just Eat avait déjà anticipé le mouvement en annonçant l’embauche de 350 salariés livreurs à Paris et son intention d’en recruter 4 500 sur l’année.

Avec cette décision espagnole qui fissure, ce qui semblait s’imposer comme un totem, c’est-à-dire la livraison fondée sur l’auto-entrepreneuriat, il y a fort à parier que c’est tout un secteur en pleine ébullition qui est appelé à s’interroger sur un modèle. A la fois les agrégateurs eux même mais aussi, et surtout, tout l’écosystème qui s’est construit autour avec bien sûr les restaurateurs et toute l’industrie des dark kitchens qui se dessine. Le risque, soulèvent les opposants à un tel encadrement de l'activité, c'est de faire flamber les tarifs de livraison et du même coup renchérir le service, mais aussi d'assécher le marché de livreurs dont certains souhaitent conserver une indépendance, à l'image de ce qui s'est passé à Genève qui a vu la population à vélo se réduire à peau de chagrin après s'être vu imposer un système salariat. 

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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