Eric Dujourd'hui
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#Franchise. 'Prendre une franchise, c'est comme entrer en religion', Eric Dujourd'hui

8 Février 2022 - 6798 vue(s)
A la tête aujourd'hui de 34 établissements, Eric Dujourd'hui, PDG de RD Finance, a collectionné, au cours des années les marques aux côtés de ses affaires en propres. Il a ainsi couvert tout le spectre de la restauration depuis la traditionnelle, à la brasserie en passant par la rapide et la gastronomique. Parmi les griffes dans son écrin, Burger King, Starbucks, Amorino. Dans le cadre de notre enquête sur la pluri-franchise, il nous a confié son point de vue.

Comment avez-vous construit votre groupe ?

Fils de restaurateur savoyard, cuisinier de formation avec un CAP cuisine, j’ai démarré de zéro en 2001 en reprenant, à 26 ans, une franchise Au Bureau à Reims. Puis avec mon frère Pierre, rejoint par mon cousin Serge Geneix (branche Burger King), nous avons construit, au fil du temps un groupe multifacettes en cochant progressivement chaque case de la restauration pour couvrir toutes occasions de consommation des clients. Ce sera d’abord avec nos propres affaires dans lesquelles, à chaque fois, je m’associe avec des entrepreneurs comme dans les brasseries Edito, The Sherlock Pub ou encore mon restaurant aujourd’hui étoilé, Le Millénaire. Ensuite, ce sera via le levier de la franchise à travers laquelle j’ai souhaité être le porte-drapeau de marques puissantes. J’ai été le premier franchisé Burger King en 2014 mais aussi parmi les pionniers de l’aventure de la marque en France. D’où une certaine tolérance à l’époque pour faire cohabiter d’autres enseignes. Investir dans une enseigne, c’est d’abord une histoire d’amour pour une marque, puis une histoire d’homme. Ma rencontre avec Olivier Bertrand a été déterminante dans cette aventure qui se poursuit aujourd’hui avec succès avec un plan de développement de 12 adresses, 7 déjà au compteur et 3 projets d’ouvertures en 2022. Qu’on soit indépendant ou franchisé, le tiercé gagnant repose sur 3 dimensions fondamentales : le concept, l’emplacement et l’homme.

Quel est le secret de la cohabitation de marques ?

À chaque fois que je me suis positionné sur une marque, c’était pour écrire avec elle, son premier chapitre en franchise. Ce fut la même chose avec Starbucks en France, en 2016 puis, plus récemment, en 2020, avec le glacier Amorino. Mixer mes propres marques à celles des leaders mondiaux est un cocktail gagnant, un enrichissement réciproque mais aussi une manière d’avancer plus vite. C’est aussi notre culture du service et du client, propre à l’artisanat combinée aux savoir-faire des grandes enseignes en matière de techniques, d’accompagnement et de communication. Nous faisons à notre échelle, ce que font des ensembliers pluri-marques dans les gares ou aéroports : construire une palette d’offres variées. Si, chez moi, je m’associe toujours à des talents en accordant une certaine marge de manœuvre, en revanche, prendre une franchise c’est comme entrer en religion. Il faut être prêt à respecter un cadre, se plier aux règles et ne pas déroger mais aussi assurer des résultats opérationnels. Le succès repose sur la méritocratie !

Pourquoi miser sur la restauration rapide en franchise ?

La crise dont nous ne sommes pas encore sortis après un mois de janvier exécrable, nous a néanmoins démontré, une fois encore, la forte résilience de la restauration rapide. Avec des modèles agiles et mieux adaptés au contexte, nos activités de fast-food, café et glace pèsent aujourd’hui plus de 50 % de notre CA. Ainsi, grâce à notre diversité de métiers, d’offres et d’emplacements géographiques, nous avons sans doute mieux résisté que d’autres, à la période. C’est une manière de limiter les risques. Outre l’incertitude qui pèse sur la restauration traditionnelle, et même si nous sommes convaincus que les clients reviendront nombreux, le gros point noir reste le manque de talents. Ce qui reste moins compliqué en restauration rapide avec des profils moins spécialisés et malgré le turnover important. Alors pour l’avenir, et côté projets, outre les 3 ouvertures Burger King prévues, ainsi que le concept inédit de pizza Italian Queen que nous lançons en avril avec Georges Meurisse (Groupe Atalante) et Jonathan Jablonski (Bella Squadra), je compte prendre du recul pour analyser, à tête reposée, ce que nous venons de vivre car cela a forcément interrogé nos modèles.

En chiffres

CA : 50 M€ (- 40 % en 2021 vs 2020)

34 unités. 7 Burger King (+ 3 en 2022), 5 Starbucks (+ 3), 3 Amorino (+ 4 dont 2 en Belgique) et 6 hôtels en partenariat avec le groupe Atalante.

En propre ou associé : 7 brasseries Edito, 3 The Sherlock Pub, 1 L’Expérience, 1 Pub l’Explorateur 1828, 1 restaurant étoilé Le Millénaire à Reims.

Retrouvez cet article dans notre enquête sur les pluri-franchises, paru dans le tout dernier numéro de France Snacking  FS 65 qui vient de paraître, feuilletable gratuitement en ligne dès aujourd’hui et dans la boîte aux lettres des abonnés dans quelques jours.

 

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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