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Usage unique, La rapide, consignée à revoir sa copie… tout en s’engageant vers le réemploi

9 Février 2022 - 4407 vue(s)
Alors que la tempête du covid-19 n’en finit pas de souffler avec violence sur le métier, l’ouragan Agec et les lois de transition écologique sont en train de balayer l’ordre établi dans la restauration rapide en matière de packaging. Haro sur le plastique et place à de la vaisselle à usage unique plus vertueuse pour la planète mais également à des contenants réutilisables. Car au 1er janvier 2023, il sera interdit, pour les restaurants de plus de 20 couverts, de servir sur place dans des emballages jetables. Branle-bas de combat !

Face à une échéance qui pouvait encore paraître lointaine, le gong du passage à 2022 a, comme qui dirait, lancé le vrai compte à rebours et placé en tête des urgences celles des emballages et du réemploi. Même s’il reste encore quelques textes et circulaires à paraître pour davantage baliser le chemin (notamment la Rep Restauration), toute la supply chain est en ébullition pour trouver des solutions d’ici à la fin de cette année. Car, outre le respect d’un calendrier de retrait des plastiques qui doit encore faire disparaître les barquettes et poches en collectivité d’ici à 2025 et 2028 (et tous les plastiques à horizon 2040), tous les restaurants de plus de 20 places devront dès le 1er janvier 2023 comme l’impose la loi Agec1, servir leurs clients sur place, dans une vaisselle réutilisable. Exception faite pour les feuilles papier, pour envelopper wraps et burgers, qui restent tolérées. De quoi révolutionner le concept même de restauration rapide qui, depuis les dernières décennies, n’a cessé de monter en puissance avec pour corollaire, l’explosion de solutions de packaging. Ceci pour répondre aux nouveaux usages portés par le nomadisme, la vente à emporter et plus récemment la livraison et le click & collect.

2022, de nouvelles échéances

Il ne reste donc que 12 mois pour se construire une nouvelle stratégie « Vaisselle » et parvenir à faire cohabiter des solutions de réemploi pour la restauration sur place et un packaging à usage unique qui restera, au moins dans un premier temps, nécessaire pour toutes les activités de VAE, livraison et click & collect. Et même sur ce dernier vertueux, la loi Agec, complétée du décret du 29 juin 20212, imposent aux « metteurs sur le marché point, si les acteurs de l’emballage travaillent leur copie en proposant des matériaux toujours plus », donc les restaurateurs depuis septembre 2021, d’apposer sur tous leurs produits, le logo Triman avec informations relatives aux modalités de tri (Citéo a créé une signalétique qui s’impose par la loi). Ceci pour faciliter, ensuite, le geste de tri du citoyen dans sa poubelle domestique. Ce peut être sous forme d’autocollant, ou, pour les petits emballages, figurer sur support dématérialisé3. La profession a jusqu’au 9 septembre 2022 pour mettre en conformité leurs emballages, puis jusqu’au 8 mars 20233 pour écouler les stocks d’emballages fabriqués ou importés avant le 9 septembre 2022.

Alors que la liste des packagings disponibles a vu disparaître bien des produits plastiques, et notamment depuis 2020 et 2021, les assiettes, couverts, touillettes, gobelets à boissons, couvercles, boîtes à kebab en polystyrène expansé, au profit du papier/carton et autres substituts en résidu de canne à sucre…, les fabricants et distributeurs d’emballages ajustent leurs positions. Il s’agit de répondre aux contraintes règlementaires qui ne cessent de réduire leur champ d’action. Alors que l’arrêté du 24 septembre 2021, prévoit la réduction du laminage plastique des gobelets4, de 15 % maximum au 1er janvier 2022, à 8 % au 1er janvier 2024 jusqu’à 0 % au 1er janvier 2026, certains ont anticipé. CEE Schisler pousse son gobelet carton certifié PEFC Earth Cup sans film polyéthylène mais avec une encre adhésive qui scelle et apporte l’étanchéité, auquel il a ajouté cette année, un couvercle carton compatible sur tous ses formats. Chez Oxstal, les bols et gobelets sont rendus étanches, non plus par un film plastique mais par le travail de la pâte à papier et l’assemblage réalisés par ultrasons et sans colle. Avec un étau qui se resserre autour des contenants et emballages plastiques, les gammes mises sur le marché s’orientent de plus en plus vers des plastiques recyclés ou recyclables de type PET ou rPET. Le dernier concept d’emballage hybride carton/plastique à charnière éco-conçu de MDP Design, prévoit un couvercle en plastique mono-matière PET ou rPET à un fond carton FSC recyclable. Les deux parties du packaging sont ainsi solidaires pour l’usage et facilement dissociables pour le tri. Les couvercles transparents des tous derniers plateaux Quartz en format gastronorme de chez Solia, sont en rPET composés à 80 % de plastique recyclé et fabriqué en France. « Outre de proposer aux clients des produits écologiques, fabriqués pour la plus grande partie dans les frontières européennes, notre R&D travaille non seulement de plus en plus le monomatériau, plus facile à trier ou à recycler, mais aussi à la réduction de matière », explique Frédéric Leduc, directeur commercial, marketing et développement chez Gault&Frémont à l’image de sa toute dernière nouveauté, la barquette Clac & Go carton avec son couvercle clipsable en carton ondulé, compatible micro-ondes et four traditionnel. Il faut dire aussi que les fabricants s’activent à faire évoluer leurs produits face à un carton léger qui a connu une inflation de près de 21 % depuis un an, tandis que le carton brun flambait de plus de 60 %. Une hausse vertigineuse des prix poussée par la pénurie de matière première combinée à une demande en très forte hausse dans une période où tous les segments de restauration, de commerce et de retail, ont été demandeurs, pandémie oblige, de sacs et vaisselle à usage unique, pour la livraison et la vente à emporter.

Le réemploi, un mot d’ordre et… de désordre

Si les gammes carton et bagasse ont inondé les catalogues des fournisseurs, vantés comme vertueux5, faciles à recycler et à composter (même si les produits en résidus de canne à sucre sont montrés du doigt au regard de leur provenance lointaine), l’actualité des acteurs de l’emballage est clairement tournée vers le réemploi. « Pour autant, rien ne sert de se précipiter, indique David Schisler, PDG du fabricant éponyme. Nous ne savons pas du tout de quelle manière les équilibres entre la consommation sur place et la vente à emporter vont se stabiliser alors qu’ils se sont complètement inversés depuis deux ans ». Selon lui, rien ne dit que les clients reviendront demain consommer massivement sur place en restauration rapide, il faut, à son avis... retrouvez en p 76, la suite de l'article sur le mag France Snacking 65 qui vient de paraître, feuilletable en ligne. 

(photo MbPack - solution Bolhero)

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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