Attractivité de la filière, renforcement des politiques RSE, lutte contre le déséquilibre prégnant sur le marché des aciers et les pénuries…, les défis pour la filière grande cuisine ne manquent pas après un cru 2021 assez exceptionnel pour les acteurs du secteur. Dans son discours adressé aux adhérents du Syneg et à ses invités dont les bureaux d’études, les distributeurs et les représentants de la filière, lors de l’AG du 16 juin dernier, le président réélu, Pierre Marcel, a commencé par s’élever contre la politique de marges excessives opérées par les fournisseurs d’acier dans un marché en forte reprise et face à des situations de pénurie. « Nous avons alerté les Pouvoirs publics sur la situation et espérons être entendus». Il faut dire que l’activité a enregistré un fort redémarrage en 2021 (vs 2020) de + 22 % en valeur (+ 4,5 % vs 2019), y compris l’effet hausse des prix et même de 39 % à l’export, malgré le maintien de nombreux pays en semi-confinement Covid.
"Les industriels sont à la fois une source de solution et de problème pour les installateurs et leurs clients. La solution lorsque le matériel arrive dans les délais ; le problème avec les retards et les hausses de prix multiples, Pierre Marcel".
Et le président du Syneg de pointer plus particulièrement du doigt les prix d’achats des métaux approvisionnés par les industriels du Syneg. « L’inflation a démarré dès octobre 2020, bien avant la guerre en Ukraine, et les hausses de prix continuent ». Il explique cela à travers le déséquilibre qui s'est installé entre l’offre insuffisante et la demande forte dans un marché européen qui manque de métaux suite aux réductions de capacités en Europe et aux barrières douanières mises en place dès 2015 par l’Europe. Ceci afin de sauver la sidérurgie européenne face aux importations asiatiques. Selon lui, ce protectionnisme, probablement indispensable afin d’éviter la disparition totale d’une industrie stratégique, la sidérurgie, a généré une situation inégale du marché. « Le secteur - amont - est excessivement protégé au détriment du secteur - aval -, c’est-à-dire nos clients et nous, qui subissons des hausses de prix d’achats excessives. Le principal aciériste fournisseur du marché français génère ainsi une rentabilité artificielle créée par ces protections et ce déséquilibre de marché. Son rapport annuel 2021 mentionne un EBE de 23 % du CA et de 33 % au dernier trimestre 2021, encore en hausse au 1er trimestre 2022. Pour comparaison, l’EBE moyen des industries mécaniciennes en France est de 6 %, soit 5 fois moins".
"Nous avons alerté les Pouvoirs Publics. Ce constat amer est heureusement compensé par le dynamisme du Food Service, ses innovations et, je l’observe, des relations de travail professionnelles apaisées dans notre filière entre les bureaux d’études, les installateurs et les industriels".
Si le foodservice, dans toutes ses composantes manquent de main d’œuvre, la situation est aussi critique dans la filière grande cuisine. D’où la volonté exprimée par Pierre Marcel, au nom du Syneg et de ses adhérents de relever le défi de l’attractivité de la filière et de la valorisation de la marque employeur appliquée à tout l’écosystème : « Saisissons l’opportunité de construire un grand projet d’attractivité de filière autour de l’emploi", a-t-il rappelé tout comme le constat alarmant posé par les industriels, installateurs, établissements de restauration et même bureaux d’études, d’un déficit chronique de techniciens et de personnel de service. Ce qui pose la question de l’attractivité de la filière ! Clairement expique-t-il, les jeunes en recherche de formation, d’apprentissage et d’emploi renâclent à intégrer les métiers de l’industrie, de la maintenance et du service, en cuisine ou en salle, au profit des nouveaux métiers, comme ceux de l’économie numérique par exemple. En cause : des amplitudes horaires, des conditions de travail supposées pénibles ou encore un manque de perspectives et de salaires attratifs . "Dans l’industrie, nous estimons à 15 % en permanence les besoins en frigoristes non-satisfaits. Et quand bien même les formations attirent des candidats, 45 % des apprentis de l’hôtellerie/restauration/tourisme ne vont pas au terme de leur contrat selon une enquête de la Fafih, l’Opca de la filière. Selon le président du syndicat de la grande cuisine, il y a donc bien une réflexion collective à mener pour analyser les causes objectives de ce déficit d’image et relever le niveau d’attractivité de la filière, par exemple en mutualisant les moyens de nos professions et en mobilisant les Pouvoirs Publics.
Autre piste de travail importante pour le Syndicat, la RSE au sein du secteur avec l’officialisation de la création d’une nouvelle Commission RSE présidée par Eric Buffet. Parmi les objectifs majeurs de ce groupe de travail: souligner l’engagement du syndicat sur ce sujet majeur, proposer aux adhérents une méthodologie simple pour structurer les bases d’une stratégie RSE dans leur entreprise et enfin, partager et s’inspirer d’actions concrètes d’adhérents pour faire avancer des sujets choisis dans sa propre entreprise.
Sur la photo : de g à d : Vincent Stellian (Sneffca), Denis Daveine (FCSI France), Pierre MARCEL (Syneg), Marc Grandmougin (Resto France Experts), et Guillaume Klun (Cinov Restauconcepteurs).
Président Pierre Marcel, TOURNUS EQUIPEMENT
Vice-présidents Jean-Jacques Augagneur SIL & CHARVET, Laurent Courneil SOCAMEL, Flavien Dumont BONNET-THIRODE GC
Trésorier Bénédicte Compère. METOS
Administrateurs Livio Brugnoli ALI COMENDA, Éric Buffet WINTERHALTER, Aurélien Fouquet SANTOS, Hervé Giraud ODIC, Laurent Godard SUD INOX, Alexander Lohnherr MEIKO, Valérie Paumier MIELE, Jean-Luc Perot ADVENTYS, Paolo Pescatori FRIGINOX & ROSINOX, Philippe Mang SAFEXIS, Olivier Richard ALVENE, Laurent Sibille ITV & CORECO
Délégué général André-Pierre Doucet Syneg
Le Bureau est composé du Président, des Vice-présidents et du Trésorier
Présidents des Commissions SYNEG