Le dernier rapport publié par la Fevad constitue une synthèse précieuse des principaux indicateurs du e-commerce recueillis par la fédération et les instituts de sondage et d'opinion avec lesquels elle collabore tout au long de l'année. Très attendu chaque année par les observateurs et les professionnels du secteur, il permet de mettre en perspective les principales évolutions du secteur et d'offrir, notamment pour les acteurs de la food, un certain nombre de pistes d'explorations pour être davantage efficace dans la mise en place d'une véritable stratégie digitale performante. Au-delà des chiffres qui permettent d'évaluer les effets d'une crise Covid qui ont bouleversé les comportements, l'étude permet de mettre en lumière, plus que jamais, l'importance d'une pluralité de canaux de distribution et l'hybridation des modèles. Alors, qui sont les consommateurs sur internet ? Quels sont leurs comportements d’achat ? Où vivent-ils, combien dépensent-ils et à quelle fréquence ? Quelles sont leurs attentes en termes d’environnement et de RSE ? Sur quels devices commandent-ils principalement ? Combien la livraison représente-t-elle dans le business food ? Autant de questions qui trouveront une réponse, à méditer durant l'été, dans les conclusions de cette étude qu'Umameet et Snacking.fr se proposent de partager avec vous pour cette nouvelle #FridayFoodtech.
+ 15,1 % vs à 2020, + 24,9 % vs 2019. Le secteur e-commerce a poursuivi sa progression en 2021 portée par l’accélération des ventes de produits et la reprise des ventes de transports, tourisme et loisirs depuis le 2e semestre 2021. Malgré cette reprise, cette dernière activité reste en recul par rapport au niveau des ventes pré-Covid. Le chiffre d’affaires des produits conserve une part majoritaire dans le chiffre d’affaires global e-commerce, malgré une diminution de 3 points par rapport à 2020.
Soit une augmentation de 0,7 point par rapport à 2020, pour un CA de 66,7 mds €. Cela représente 52 % de part de marché du total e-commerce en France. L’impact du commerce de proximité chez les Français n’est donc plus à démontrer. Ce qui prouve, une fois de plus, l’ancrage du commerce local et de sa stratégie de référencement en termes de préférence…
La crise sanitaire a rebattu les cartes de la commande en ligne et de la livraison alimentaire en France, ainsi que la manière des restaurants de se positionner sur ce nouveau segment. Ces usages digitaux perdurent aussi bien chez les consommateurs que chez les restaurateurs, qui, après une phase de test, sont en train de se professionnaliser et adoptent une stratégie multicanale. L’appétit des consommateurs pour la technologie durant la pandémie, qui ont trouvé l’usage du digital plus pratique qu’ils ne le pensaient et l’ont conservé une fois les restrictions sanitaires levées, a aujourd’hui gagné toutes les générations et n’est plus une exception culturelle parisienne. Ce qui permet, aussi, à notre secteur de pouvoir en profiter sur tout le territoire tout en tenant compte des préférences locales, de la météo et du pouvoir d’achat, évidemment !
46 % des e-acheteurs sont multi-écrans (+ 5 pts vs 2020) quand ils achètent sur internet tout en privilégiant le mobile (l’ordinateur a, quant à lui, perdu 11 points vs 2020). La stratégie du mobile first est donc indispensable à une bonne adaptation du marché et plaira d’autant plus à Google quand il s’agit de référencement de votre site. Un site pensé mobile en premier permet de fluidifier les parcours d’achat tout en enrichissant le « product content » : provenance du produit et des viandes, présentation du producteur, liste des allergènes, calories, vidéo explicative sur sa conception, mise en contexte de consommation, personnalisation de la recette. La fiche produit, même sur mobile, doit aujourd’hui être considérablement enrichie afin de rassurer, informer et divertir le consommateur… et bien sûr, en premier lieu, pour l'amener à valider son achat !
Le e-commerce réservé aux plus jeunes ? C’est faux ! Toutes les générations sont désormais adeptes du commerce en ligne dans notre pays, tout comme plus de 80 % des plus de 50 ans et plus de 70 % des 65 ans et plus ! Si les produits de la restauration rapide et du snacking ont un cœur de cible de 15/24 ans majoritaire, la génération des 25/34 ans représentera cependant 50 % de la population en 2030… Il n'empêche que le vieillissement de la population et la silver economy attendront aussi des réponses de la part de notre industrie, que le digital pourra certainement aider à concrétiser…
Le nombre de sites marchands actifs a continué à augmenter en 2021, sur un rythme équivalent à 2020 : + 11 % sur un an. Dès le début de la crise sanitaire, de nombreuses enseignes et magasins ont poursuivi leur digitalisation à travers la mise en place d’une activité de vente en ligne, la tendance s’est poursuivie sur 2021. Si 70,4 % des sites réalisent moins de 100 000 € par an (soit 1,2 % du CA du secteur), le e-commerce demande une certaine expertise en marketing digital, et qui manque encore cruellement à la majorité des commerçants indépendants qui n’ont ni la motivation pour développer davantage cette activité, ni les ressources, ni les compétences. Une transition en e-commerçant doit donc encore se faire sur le temps même si 63 % des créations de sites sont aujourd’hui rentables alors qu’Amazon tient la corde avec plus de 25 millions de Français convertis !
Le contexte sanitaire en 2021 a conduit les Français à acheter davantage sur Internet (1 achat en ligne par acheteur par semaine en moyenne en 2021). Le montant moyen d’une transaction, en hausse en 2020 après 8 ans de baisse consécutive, est légèrement en baisse en 2021, mais reste au-dessus de son niveau d’avant crise. Avec 4,2 transactions en ligne en moyenne par mois (vs 3,7 par mois en 2020) et la croissance du nombre de sites en France et dans le monde avec lesquels elle est en compétition, la concurrence devient très rude, qui plus est en cette période inflationniste. Les e-commerçants doivent par conséquent redoubler d’efforts pour fidéliser et favoriser la rétention des clients en jouant tour à tour le jeu du marketing promotionnel, expérientiel, sensoriel et émotionnel !
Les places de marché ont continué d’accompagner le développement de l’activité des marchands tiers, notamment les TPE/PME encore fragilisées sur l’année 2021 par le contexte sanitaire. Les ventes réalisées sur les places de marché du panel des sites leaders ont encore progressé de 5 % vs 2020 soit une hausse de + 33 % vs 2019. Dans notre secteur de l’hôtellerie-restauration, 50 % des acteurs vendent sur une ou plusieurs places de marché de type booking.com, ou bien chez les agrégateurs de livraison alimentaire de type UberEats ou Deliveroo. Si bien que le réflexe des acheteurs consiste à utiliser majoritairement leurs services dans 7 cas sur 10… ! Les gimmiks « On s’fait un Deliveroo ? » et « UberEats, ça arrive ! » ont trouvé toute leur place auprès des consommateurs…
La complémentarité physique/digital (= phygital), pour les restaurants, prouve que nous sommes réellement entrés dans un business model de plus en plus hybride. Cela fait du segment de la livraison une activité complémentaire et attendue par les consommateurs. Si bien qu’1 utilisateur de livraison à domicile sur 5 a commandé au moins une fois par semaine en France à fin mai 2022 ! La condition du succès, pour les restaurateurs, est alors de bien en comprendre les codes et les usages. Car pour certains, cette transition s’est avérée une vraie rupture dans l’art de recevoir à la française.
(*) Source : Baromètre Fevad/Médiamétrie, mai 2022.
En 2021, le mode de livraison favori des e-acheteurs reste la livraison à domicile, utilisé par 80 % d’entre eux. Le retrait dans un lieu tiers (point relais, La Poste, consigne ou magasin d’enseigne) est également utilisé par près de 7 cyberacheteurs sur 10. 33 % des e-acheteurs ont récupéré plus souvent leur commande en magasin (click & collect ou drive) et 14 % ont réservé plus souvent leurs produits sur Internet pour les payer en magasin (e-réservation).
Si la carte bancaire est privilégiée par les e-acheteurs, les modes de paiement alternatifs comme le portefeuille électronique, les cartes cadeaux et les virements continuent de gagner du terrain. Parallèlement, les paiements différés et fractionnés rencontrent un public de plus en plus large mais pas seulement. 59 % des e-acheteurs ont utilisé plusieurs moyens de paiement pour faire des achats en ligne au cours des 12 derniers mois auxquels s’ajoutent évidemment les titres restaurants, le paiement mobile et déjà, aussi, le paiement en cryptomonnaie qui fait ses premières apparitions en France notamment grâce à une première expérience au centre commercial Beaugrenelle en juin 2022… Et avec le retour des touristes internationaux, le paiement mobile pourrait aussi s’intensifier !
En 2021, le nombre d’e-acheteurs a augmenté de 0,4 %, une progression plus douce par rapport à 2020 (+ 3,8 %). Les acheteurs qui ont découvert l’achat sur Internet en 2020 sont dans leur grande majorité revenus acheter en 2021, à la fois conquis par ce mode d’achat et par crainte du risque sanitaire. L’année 2021 a également vu une accélération des nouvelles tendances de consommation en ligne : consommation locale, seconde main, recours à la livraison alimentaire. Conséquence directe, à chiffre d’affaires équivalent, la part du e-commerce augmente considérablement, poussant les enseignes et les commerçants alimentaires à devenir des marques fortes grâce à une présence sociale boostée au marketing digital. Encore un chiffre qui montre le taux de réachat élevé du secteur : 58 % des nouveaux acheteurs en e-commerce alimentaire (PGC) en 2020 (soit 3,3 millions de foyers) sont revenus acheter en ligne en 2021 !
Au fil des ans, la RSE constitue une attente de plus en plus forte chez les e-acheteurs. En 2021, ils sont 80 % à déclarer avoir déjà acheté et/ou vendu un bien d’occasion sur Internet, certes pour réduire leurs dépenses et accéder à des marques reconnues en premier lieu, aussi pour diminuer leur impact sur l’environnement en second. Conscientes des enjeux liés à la réduction de l’empreinte environnementale et soucieuses de répondre aux nouvelles attentes, les entreprises en ont fait un axe stratégique prioritaire. En ce sens, le e-commerce favorise une démocratisation de l’économie circulaire portée par l’impact environnemental de la livraison. Ce qui est d’autant plus vrai dans notre univers de la food où l’immédiateté domine, et où l’entrée en vigueur de la loi Agec devrait à nouveau rebattre les cartes du jeu !
2/3 des cyberacheteurs déclarent qu’ils auraient utilisé leur voiture s’ils avaient réalisé leurs achats en magasin plutôt qu’en ligne. En ce sens, la livraison à domicile évite une part importante des déplacements. Cette proportion est plus importante chez les e-acheteurs vivant dans les villes moyennes et les communes rurales. Les attentes en termes de RSE ne cessent de progresser. Une grande majorité des acheteurs est attentive aux actions des enseignes en la matière et considère notamment que celles-ci ont amélioré la gestion des emballages, tout comme les conditions de travail des livreurs. Toutefois, les critiques sociales et environnementales s’élèvent et pourraient représenter un frein à la poursuite du développement de la livraison alimentaire, à moins que des progrès notables ne soient réalisés dans ces domaines…
L’achat de produits de seconde main se démocratise sur Internet. Deux sites parmi les cinq sites marchands les plus visités ont pour activité l’achat et la vente de produits de seconde main. Un constat d’autant plus fort à l’heure où 80 % des e-acheteurs déclarent avoir déjà acheté et/ou vendu un bien d’occasion sur Internet.
Ils sont d’ailleurs 56 % à vouloir payer plus cher un produit s’il est "Made In France". Il en va dans notre secteur de la sélection des produits et de la capacité à prouver leur provenance sur nos cartes, mais aussi des boissons et des services que nous pouvons proposer via la commande en ligne ! Le marketing de la preuve est donc plus que jamais d’actualité en 2022 !
Vers un commerce de plus en plus dématérialisé et hybride en 2022 et au-delà ? Les enseignes et les commerces de la food qui s’en sortiront seront celles et ceux qui sauront s’adapter et anticiper les enjeux de demain. Déjà bien prégnants aujourd’hui, ils sont multiples : inflation galopante, pénurie de personnel, manque de matières premières, gestion au cordeau, marketing digital exacerbé, concurrence locale croissante, impact environnemental, réchauffement climatique… Dans cet univers qui pourrait paraître sombre, il y a, dans les résultats de cette étude Fevad un certain nombre de bonnes nouvelles qui prouvent que d’autres voies sont à explorer, dont celle de l’hybridation, voire de la diversification de son entreprise.
En attendant de les mettre en oeuvre, nous vous souhaitons un bel été à toutes et à tous ! Et si cet article vous a plu ou non, n’hésitez pas à le commenter, et encore mieux de le partager sur vos réseaux sociaux.