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Dans un contexte anxiogène, le traiteur frais fait mieux que résister

11 Octobre 2022 - 2812 vue(s)
L’heure n’est pas à l’autocongratulation béate pour la filière du traiteur frais, dans un contexte extrêmement chahuté marqué par une inflation record sur les matières premières comme sur l’énergie qui fragilise les entreprises. Toutefois, le secteur fait mieux que résister en volume comme en valeur, porté par ses atouts d’accessibilité prix, de diversité mais aussi d’innovation. Et ce d’autant que la migration des actifs vers le télétravail lui offre une nouvelle manne de convives à contenter.

Il y a les raisons de se réjouir... Une hausse en volume de + 1,5 % en volume depuis janvier ; un bond de 18,1 % en valeur en moyenne pour l’ensemble des catégories en 3 ans (données IRI au 11 septembre 2022) ; et surtout l’attrait pour ces produits exprimés par les consommateurs qui sont 46 % à indiquer rentrer en priorité dans une grande surface pour ce rayon (et jusqu’à 58 % dans les magasins pour les visiteurs des magasins les plus performants en la matière, louant ses atouts de rapidité (57 %), de praticité (52 %), de plaisir (48 %) ou de variété (43 %)... Et puis... Il y a les autres, qui en viendraient presque à gâcher la fête tant les motifs d’inquiétude sont prégnants. La flambée générale des coûts de production, voire les pénuries, sont venues fortement pénaliser une filière majoritairement composée de PME-PMI françaises. La hausse des ventes en valeur des produits du traiteur frais de 3,6 % sur un an est majoritairement due à l’inflation (+ 4,05 %) tandis que la valorisation est en recul de – 2 % sur la période. « A ce jour, les renégociations commerciales d’un tiers des entreprises alimentaires n’ont toujours pas abouti », indiquait Pascal Bredeloux, président de l’organisation professionnelle des Entreprises du Traiteur Frais (ETF) lors de la Journée Traiteur Frais organisée ce mardi 11 octobre à Paris, qui en appelle à la responsabilité des distributeurs dans les négociations en cours et à venir. « Les hausses consenties se situent aujourd’hui entre 50 et 75 % des demandes formulées. Concrètement, avec les hausses de tarifs spectaculaires des nouveaux contrats d’énergie pouvant atteindre + 700 % pour l’électricité et + 270 % sur le gaz, cela veut dire que nos entreprises en supportent plus de la moitié. L’impact est énorme ». A ses côtés, Jérôme Foucault, le président du conseil de l’Association des Entreprises de Produits Alimentaires Elaborés (Adepale), se montrait encore plus alarmiste : « Le sujet de l’énergie met clairement en péril l’ensemble de notre filière, depuis les industriels jusqu’au monde agricole. Il faut absolument que nous obtenions des mesures de soutien des prix de l’énergie car sinon, nous allons à la catastrophe ».

Le Traiteur Frais, une exception à la règle

Au vu de ce contexte peu réjouissant, les performances obtenues par les entreprises du secteur, qui peuvent s’appuyer sur une véritable appétence des consommateurs pour ces produits, se révèlent d’autant plus significatives. Car le marché fait figure d’exception sur le marché alimentaire, continuant après le Covid-19 à tirer son épingle. Sur un marché des Produits de Grande Consommation (PGC) en recul de 2,5 % en volume en GMS sur les trois premiers trimestres, la progression de 1,5 % enregistrée par les produits traiteurs frais est donc remarquable (données Iri). Tous les segments du marché sont concernés par la croissance du rayon - premiers prix, MDD, marques nationales – avec des performances de + 3 % en valeur contre – 1,3 % pour les PGC. Ces progressions concernent toutes les catégories de produits et notamment l’apéritif (+ 2 % du CA sur un an mais surtout + 7,3 % sur 3 ans), les snacks chauds (+ 5,8 sur un an et + 20 % sur 3 ans) ou encore le snacking froid (sandwichs et autres) qui bondit de 11 % sur un an (12,3 % sur 3 ans).

"Les Entreprises du Traiteur Frais ont été précurseurs dans l'adoption du Nutri-Score et nous sommes aujourd’hui le secteur le plus avancé en la matière", Pascal Bredeloux, Président de l'ETF.

Des solutions-repas portées par le télétravail

Alors que les grandes surfaces marquent le pas au global après les années exceptionnelles de 2020 et 2021 (- 2,9 % des ventes volumes au premier semestre 2022 par rapport à l’an dernier), les produits traiteurs frais peuvent ainsi tenir un rôle majeur d’attractivité pour les patrons de magasins. Ils représentent à eux-seuls rien moins que 7 % de leur chiffre d’affaires (cumul annuel mobile à fin mai 2022). De plus, ils ont la particularité d’attirer les consommateurs en magasin et constituent aujourd’hui une alternative économique aux repas livrés chez soi et aux circuits hors-domicile. Selon Frédéric Nicolas, directeur shopper insights chez Iri, un panier composé de 2 produits traiteurs accompagnés de 2 boissons coûterait en moyenne 6,88 € aujourd’hui. Difficile en effet de rivaliser pour la restauration…  Ceci constitue un atout particulièrement intéressant alors que le télétravail favorise la prise de repas au domicile. Ainsi, 19 % de la population confie avoir augmenté sa consommation de produits traiteurs frais. Ils sont même 27 % lorsque l’on interroge spécifiquement les télétravailleurs. Cette tendance de retour au foyer pourrait d’ailleurs se confirmer dans les prochaines semaines du fait des fortes tensions sur le pouvoir d’achat qui pourraient conduire les Français à restreindre leurs sorties.

Nutrition, éco-responsabilité : des chantiers prioritaires

Face à cette nouvelle donne, l’organisation professionnelle des Entreprises du traiteur Frais suggère aux distributeurs un certain nombre de pistes prioritaires de travail afin d’améliorer les performances des produits : regroupement des offres solutions-repas pour les télétravailleurs ou, le soir, nouveaux services adaptés comme le click and collect, la livraison ou la suggestion d’idées recettes, assortiment travaillé en fonction des implantations géographiques des magasins… De leur côté, les entreprises du secteur entendent poursuivre leurs efforts en matière de nutrition. « Nous avons été précurseurs et sommes aujourd’hui le secteur le plus avancé dans l’adoption du Nutri-Score », a ainsi martelé Pascal Bredeloux. Plus de 3 000 références de produits traiteur frais auraient, en effet, déjà adopté ce point de repère nutritionnel sur un total de 25 000 références alimentaires tous secteurs confondus. De plus, dans un rayon où le plaisir et la gourmandise sont de mise, plus de la moitié (51 %) des produits traiteur frais sont notés A ou B pour leurs qualités nutritionnelles. Depuis une dizaine d’années, 95 % des adhérents aux Entreprises du Traiteur Frais seraient engagés dans une démarche de réduction de sel, de matières grasses, de sucres. Et en 10 ans, les teneurs en sel, matières grasses et sucres ont ainsi déjà été réduites de l’ordre de 20 à 25 % dans les recettes selon les données partagées par l’organisation. Sur la question sensible des emballages, l’ETF travaille actuellement sur un plan de prévention et d’éco-conception qui sera remis à l’ensemble des entreprises du secteur d’ici la fin de l’année, pour leur donner des outils opérationnels. L’organisation s’est également lancée dans la construction d’une feuille de route 3R (Réduction, Réemploi, Recyclage). Il s’agit de définir une trajectoire sectorielle cohérente avec l’ambition de la stratégie plastique 2040 de la loi AGEC. L’objectif de ces travaux collectifs est triple : réduction du poids des emballages dans une démarche d’écoconception, expérimentation et développement du réemploi, et orientation vers 100 % d’emballages recyclés, en améliorant la collecte (information, geste de tri), le développement de filières de recyclage ou en favorisant des matériaux recyclables.

 

Jonathan Douay Rédacteur en chef adjoint France Snacking
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