Pour le mouvement Zero Waste, le compte n’y est pas ! Alors que la vaisselle réemployable pour la restauration sur place est obligatoire, pour les établissements de plus de 20 places assises, l’association citoyenne a décidé de vérifier si les fast-foods se prêtaient bien à cette mesure adoptée en 2020 dans le cadre de la loi Agec, entrée en vigueur le 1er janvier 2023. Et, selon un petit sondage mené dans 300 restaurants visités par des membres de l'association, du 9 au 22 janvier 2023, les enseignes ne seraient pas au rendez-vous. 4 porte-drapeaux de la restauration rapide, et non des moindres, McDo, Burger King, KFC et Quick qui dépassent à eux 4, les 2 300 établissements, ont été « audités » partout en France. Le constat de Zero Waste : KFC et Quick feraient office de mauvais élèves avec 100 % des restaurants visités (respectivement 55 et 25) qui n’auraient pas encore mis en place une solution de vaisselle réemployable. « Les équipes sur place, interrogées, auraient d’ailleurs répondu ne pas avoir reçu d’informations précises de la part des sièges sur les dates et évolutions envisagées". Du côté de Burger King l’association indique que 59 % des établissements serviraient dans une vaisselle jetable, soit 57 restaurants. Le patron de la marque en France, Jérôme Tafani, s'inscrit en faux et explique à snacking.fr ce que la chaîne a écrit au ministère à savoir « qu’au 31 janvier, plus de 350 restaurants seront déployés sur les 475 du réseau. Et qu’à fin mars, seuls 3 à 5 restaurants ne le seront pas encore relevant de cas compliqués qui devraient être réglés avant l’été ».
"99 % des restaurants Burger King seront déployés au 31 mars", Jérôme Tafani.
Du côté de McDonald’s, l’association indique qu’un restaurant sur quatre (soit 26 sur 110 visités), sert toujours les repas sur place dans de la vaisselle à usage unique. En soulignant que l’enseigne avait beaucoup communiqué sur son passage à la vaisselle réemployable, allant jusqu’au placement de produits dans une célèbre série télévisée. Chez le leader français du burger, on conteste avec force ce chiffre. La chaîne a indiqué depuis plusieurs semaines que 9 restaurants sur 10 seraient déployés au 1er janvier (soit plus de 1 300) et confirme ce chiffre ; elle souligne, aussi, qu’elle avait partagé en toute transparence, avec les autorités la liste des restaurants qui ont besoin d’un délai supplémentaire pour trouver une autre solution, obtenir un permis de construire, etc. Les difficultés rencontrées concernent davantage les restaurants de centre-ville (espace très restreint en cuisine) et les centres commerciaux. De quoi confirmer que, cette fois-ci, la branche a pris le sujet à bras le corps même si, reconnaissons-le, de nombreux acteurs ont sous-estimé la mise un place d’une telle transition.
Le 24 janvier, Zero Waste a envoyé un courrier à ces quatre enseignes, explique-t-elle dans son communiqué « pour les alerter sur l’illégalité de cette pratique et leur demander de faire cesser rapidement cette infraction dans l’ensemble de leurs établissements ». Et l’association de rappeler que tous les restaurants avaient eu pourtant 3 ans pour se préparer à l’entrée en vigueur de la loi et mettre en place les équipements, les processus et les ressources nécessaires. Elle rappelle que la restauration rapide représente 1/3 des emballages de la consommation hors domicile des ménages français et produit environ 220 000 tonnes de déchets d’emballages par an.
Face à ces reproches formulés par l'association, rappelons que la profession, représentée notamment par le Syndicat National de la Restauration Rapide (Snarr) avait réaffirmé, le 6 janvier, lors de la consultation avec le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu et sa Secrétaire d’Etat, Bérangère Couillard, leur engagement de mettre fin à l’utilisation de vaisselle jetable et présenté leurs trajectoires concrètes et chiffrées de passage à la vaisselle réutilisable pour la consommation sur place durant l’année 2023. Des engagements qui ont été accueillis favorablement par les ministres. Lors de ce point étape, les entreprises ont également fait part des difficultés rencontrées parmi lesquelles, le coût important de la mesure pour l’ensemble des établissements du secteur, pouvant aller jusqu’à 100 000 euros par établissement, sans compter les surcoûts en eau et en énergie engendrés, les difficultés d'installation de lave-vaisselle et de sèche-vaisselle dans les établissements exigus ainsi que les ruptures d’approvisionnement de certaines vaisselles ou encore la problématique du vol et du jet par erreur de vaissele réutilisable, tant l’usage du jetable était intégrée par la clientèle. Le Snarr, qui représente 90 % du secteur de la restauration rapide, avait souligné le pragmatisme des ministres qui "ont fait le choix d'un accompagnement du secteur par leur administration plutôt qu'une démarche punitive ou de -Name and shame-". Cette stratégie, basée sur la confiance mutuelle, a rappelé le Snarr, ainsi que l'exigence de résultats permettront d'atteindre, le plus rapidement possible, l'objectif partagé de la fin de la vaisselle jetable pour la consommation sur place au sein des établissements.
Modifié à 23h55