Julien Perret, BCHEF : recruter un franchisé pour son concept food, ce n’est pas que de la com’ !
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Julien Perret, BCHEF : recruter un franchisé pour son concept food, ce n’est pas que de la com’ !

10 Février 2023 - 3063 vue(s)
A votre avis, comment votre futur franchisé sélectionne-t-il votre concept de restauration parmi tous ceux qui existent aujourd’hui sur le marché ? En se renseignant sur les réseaux sociaux, en se rendant sur les annuaires spécialisés en franchise, en consultant l’onglet franchise de votre site internet, tiens ! Julien Perret, fondateur et CEO de l’enseigne BCHEF vient de publier sur Linkedin, justement, la liste ultime des 46 questions qu’un futur franchisé doit se poser afin de faire le bon choix ! De bon augure à quelques semaines du salon Franchise Expo Paris du 19 au 23 mars prochain. Recruter son futur franchisé passe-t-il par le marketing digital d’enseigne avant tout ? Explications.

En ce début février, Julien Perret, interpelait sa communauté sur Linkedin en mettant à disposition « sa liste » des 46 questions qu’un futur franchisé en restauration devait se poser avant de franchir le cap de la signature du contrat. Un engagement sur la durée, qui, bien souvent, est le projet professionnel le plus important d’une vie. Il rappelle également, que certains franchiseurs ne jouent pas réellement le jeu, en survendant leur concept sur les réseaux sociaux afin d’attirer les candidats, et que ces derniers vont se heurter à des nombreux obstacles : le manque de transparence de certains franchiseurs, des chiffres d'affaires gonflés qui « vendent du rêve », la difficulté à réellement comprendre le modèle économique du franchiseur… Autant de pièges à éviter avant de s’engager alors que la mariée a tout pour séduire et rechercher impérativement le coup de cœur du futur candidat… Le marketing digital d’une enseigne est-il aujourd’hui indispensable à son pouvoir d’attraction quand il s’agit de recruter les franchisés ? La transparence et la relation de confiance entre le franchiseur et le franchisé, doivent-elles l’emporter dans le contexte actuel ?  

Julien Perret, pourquoi avoir publié ce guide ultime des questions à se poser avant de s’engager sur une franchise en restauration ?

Le contexte socio-économique actuel n’est pas franchement favorable à la franchise en restauration car les tensions sont nombreuses : l'inflation et la pénurie des matières premières (le steak haché entrant dans la composition du burger connaît des hausses de + de 40 % !), la pénurie persistante de personnel et le manque d’attractivité du secteur sont aussi des freins, la hausse des coûts de l’énergie, largement relayée par la presse et sur les médias sociaux où l’on évoque tous les jours les catastrophes à venir dans le secteur de la boulangerie, la fréquentation en point de vente est très fluctuante et les grèves des transports y sont aussi pour quelque chose… Je constate, ainsi, que de nombreux candidats à la franchise ne sont pas suffisamment avertis sur leur implication que la franchise exige. Pour la plupart, ils ne fonctionnent qu’au coup de cœur et en fonction du positionnement marketing qu’une enseigne peut avoir sur les réseaux sociaux tels que Linkedin, Tik Tok ou Instagram. La réussite d’un tel engagement ne se résume pas à un nombre de followers et de challenges qui favorisent l’entertainment même si je suis pour autant convaincu qu’une enseigne doit disposer d’une stratégie marketing pour attirer les candidats vers son enseigne. Il ne faut pas confondre la communication destinée à attirer le consommateur avec celle des fondamentaux d’un concept de restauration, aujourd’hui. Et dans cet exercice, beaucoup de candidats se font berner par ce leurre en ne vérifiant pas les chiffres de rentabilité annoncés, qui bien souvent, datent de l’ère pré-covid !

Quelles sont alors, les bonnes questions à se poser avant de s’engager dans une franchise de restauration ?

Mon conseil est de savoir exactement où l’on met les pieds. Si certains concepts sont à la mode aujourd’hui, sont-ils réellement rentables et quelle est l’apport du franchiseur au sein du réseau ? De la même manière, l’indépendance du réseau ou bien sa dépendance à un fonds d’investissements, qui répond à d’autres objectifs que le bien-être des franchisés eux-mêmes, est-elle perceptible et quel est l'avenir de la franchise dans ces conditions ? De nombreux concepts food s’ouvrent à la franchise, en surfant sur une mode qui peut être très passagère. Aussi, la durabilité du concept est primordiale, aujourd’hui, afin d’éviter l’effet de mode et les conséquences qu’il pourrait engendrer quand on s’engage sur 7, 8 ou 10 ans ! Le coup de cœur pour un projet est indispensable à la réussite d’un projet : un franchisé doit se sentir fier du produit qu’il représente, indéniablement, mais il doit aussi se prémunir de son engagement quotidien dans la réussite de l’aventure, qui ne sera pas sans effort de sa part. La maîtrise des coûts salariaux passe aussi par son investissement aux postes clefs et en devenant acteur de son business qu’il doit faire fructifier. S’approprier un concept qui marche ne se cantonne pas à jouer le patron, il faut aussi valoriser son empreinte locale et faire du commercial quand on est commerçant en s’adaptant chaque jour aux remontées du terrain. Outre ces notions essentielles qui doivent être transmises en toute confiance avant l’engagement, l’accompagnement que le franchiseur doit apporter à ses franchisés et sur lequel il est également rémunéré doit être effectué en toute transparence. Les efforts de communication et de marketing tels que les évolutions des offres en font partie, mais aussi l’intégration des franchisés au sein du réseau et la manière dont les best practices sont partagées sont essentiels dans le cadre d’un projet réussi.

"Après 7 ans à accompagner des candidats à la franchise en restauration, je réalise que la majorité s'attarde sur l'aspect émotionnel. Leur rapport au concept et l'imaginaire qu'ils construisent autour de leur vie future emporte toute leur décision. Cette dimension est importante, certes, mais elle n'est clairement pas suffisante pour faire le bon choix". Julien Perret, fondateur de BCHEF

Quelle influence jouent les réseaux sociaux et le marketing d’enseigne dans le recrutement des candidats à la franchise en restauration rapide ?

La preuve sociale fait indéniablement partie de la communication et du marketing d’une enseigne. A ce jeu, on peut vite être tenté d’en abuser et de surjouer la réalité de son concept. Il y a donc toujours un décalage entre la perception du consommateur et du franchisé et la réalité. Aux heures de rush, les équipiers n’ont pas le temps de réaliser les pas de danse que l’on trouve sur les réseaux sociaux ; entre les photos alléchantes suggérées et le produit finalement servi, il y a souvent un décalage et la déception peut être grande ! Pourtant, il nous faut régulièrement être présents sur ces plateformes sociales pour continuer à exister auprès des consommateurs… sinon, ils nous oublient et passent très vite à un autre concept mieux disant ! Malgré tout, l’authenticité et le respect d’une vraie transparence doivent persister : l’objectif réside bien dans le fait de séduire les candidats qui ont compris le concept et ses fondamentaux. A quoi bon recevoir 2 000 candidatures, pour n’en retenir que 10 réellement qualifiées et intéressantes, puis seulement 2 ou 3 avec qui nous allons écrire un vrai projet ensemble ? Il en est de même pour les collaborateurs de l’entreprise, qui doivent adhérer à ses valeurs et avec qui nous pourrons nous engager… sur la durée !

L'onglet franchise du site internet de BCHEF. Entre réalisations financières et indicateurs essentiels à surveiller (marge brute, progression du CA), le réalisme d'une franchise en restauration réussie parvient à séduire les candidats attirés par la franchise en restauration grâce au marketing digital.

Pour conclure cette interview, Julien Perret, quel est votre moment snacking préféré ?

Je ne m’attendais pas à cette question ! J’avoue que lorsque je m’accorde un break, j’aime particulièrement m’octroyer un vrai moment sucré rien que pour moi, que je pourrais expliquer comme une récompense ultime ! Mon péché mignon, c’est le fondant au chocolat que nous ne pouvons pas proposer chez BCHEF à nos consommateurs car il nécessite une cuisson minute, impossible à servir à l’heure du déjeuner ! Aussi, je le confectionne moi-même car j’ai une passion pour la pâtisserie et j’en retire, en plus, l’entière satisfaction de l’avoir fait moi-même !

Crédits photos : BCHEF

 

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