Dans la foulée d’un dernier trimestre encourageant pour la consommation hors domicile, le millésime 2023 commence plutôt bien pour tous les segments. A la fois pour la restauration commerciale qui progresse de 29 % en CA vs 2022 (+ 13 % vs 2019) et pour la restauration collective qui enregistre + 15 % (elle était en retrait de 4 % en 2022) alors que le commerce de proximité est à + 11 %. Des chiffres portés, entre autres, par la baisse du télétravail en retrait de 7 points à 17 % en février dernier contre 24 % en 2022 mais aussi par la bonne orientation de tous les moteurs de fréquentation : l’envie des consommateurs de se faire plaisir mais aussi le tourisme hivernal, international et professionnel. Autre booster, le retour de la fréquentation sur place qui a gagné 37 %, entre février 2022 et février 2023 pour s’établir à 46 % des repas hors domicile (contre 38 % l’an dernier), alors que la livraison est en baisse de 5 % sur la période et que la VAE est stable.
« Si les clients sont bien là, ils consomment autrement et arbitrent sur le nombre d’articles commandés ou le niveau de gamme », rappelle François Blouin, président-fondateur de Food Service Vision. Il faut dire que les factures fournisseurs ont flambé pour les restaurateurs qui en ont répercuté une partie sur l’addition des consommateurs. Les hausses de prix subies par les professionnels tutoient les 16,2 % contre 12,7 % sur le dernier trimestre 2022 avec des familles de produits qui ont atteint des sommets. C’est + 24,6 % pour le surgelé sur ce premier trimestre contre 16,4 % pour les produits frais et 14,7 % pour l’épicerie. Dans le détail, Food Service Vision met en relief quelques flambées de prix comme le sucre qui a pris 76 % vs le premier trimestre 2022. Pour le beurre c’est + 65 %, le canard découpé surgelé + 56 %, l’huile de tournesol 55 %, le bœuf haché surgelé 47 %, les œufs 35 %, la conserve de tomate 34 %, la mayonnaise 33 %, les buns surgelés 19 % ou encore la levure 13 %. « On comprend aisément les difficultés rencontrées par les boulangers », indique François Blouin. En termes de perspectives 2023, le spécialiste de l’intelligence économique de la filière restauration dresse deux scénarios, l’un optimiste et l’autre pessimiste. Avec, dans le premier cas, une croissance à 12 %, avec un marché à + 6 % en volume et 6 % en valeur, dans le cas défavorable, il mise sur 6 % avec une perte de 2 % en volume et de 8 % en valeur. Tout dépendra, de l’équilibre entre tous les leviers de croissance : la demande conso et BtoB, le climat des affaires et, surtout, le pouvoir d’achat des ménages.