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Etude Speak Snacking. La restauration rapide dynamique et résiliente face à l'inflation

5 Avril 2023 - 8392 vue(s)
A quelques jours du salon Sandwich & Snack Show, qui se tient à Paris les 12 et 13 avril prochains, les résultats de l'étude publiée par CHD Expert – Datassential reflètent à nouveau le dynamisme de la restauration rapide. Le secteur, qui subit néanmoins les effets de l’inflation, a finalement profité de la crise sanitaire pour s’imposer, enregistrant en 3 ans un bond de + 17 % du nombre des points de vente et de + 19 % du volume d’affaires.

Résilience et agilité. Voilà deux maîtres-mots qui caractérisent plutôt bien le secteur de la restauration rapide à s’en référer aux résultats de la dernière étude Speak Snacking, réalisée par le cabinet CHD Expert – Datassential. Publiée en amont du salon Sandwich & Snack Show, qui se tient la semaine prochaine à Paris - Porte de Versailles, l’enquête traduit indéniablement le dynamisme d’une filière qui aura su faire de la crise sanitaire une opportunité pour conquérir de nouvelles parts de marché. La restauration rapide affichait en effet à fin 2022 des résultats supérieurs à ce qu’ils étaient en 2019. Le cabinet dénombre ainsi 51 500 points de vente du genre, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’avant Covid, pour un chiffre d’affaires atteignant 23,4 Mds€ cumulés (+ 19 % vs 2019). « En l’espace de 20 ans, le nombre de restaurants ‘rapides’ a été multiplié par 4 en France », se souvient Nicolas Nouchi, Global Head of Market Research auprès du cabinet spécialisé. Ces dernières années, la croissance a surtout été portée par les chaînes de restaurants qui ont vu leur nombre d’unités bondir en 3 ans de 1 900 points de vente pour 500 M€ de CA supplémentaires ». Au total, 30 % des établissements de restauration rapide sont aujourd’hui des restaurants de chaîne, mais ces derniers réalisent surtout plus des deux tiers du volume d’affaires total du secteur (16 Mds€) ! Et si les McDonald’s (1 542 établissements), Burger King (474) et autres Marie Blachère (721) sur un segment porteur de la boulangerie font aujourd’hui figure de mastodontes*, l’expert fait état d’un dynamisme certain des chaînes émergentes comptant entre 10 et 100 points de vente. Il y en aurait désormais 104 en France, réalisant à elles-seules à un CA de 1,7 Md€. Parmi les segments qui tirent leur épingle du jeu, on citera le « healthy » avec des enseignes telles que Dubble (49 unités/+ 26) ou Spok (42/+ 12), le "French" tacos avec Chamas Tacos (51, + 14) ou encore le créneau du burger hallal avec Black & White (19/+ 10), Point B (60/+ 22) ou encore Chicken Street (46/+ 22).

Un temps de déjeuner qui a doublé en 6 ans

Tandis que 92 % des 1 000 Français sondés par le cabinet indiquent consommer au moins une fois par mois hors-domicile, il ne fait aucun doute pour Nicolas Nouchi qu’il reste un « énorme chemin de reprise post-Covid en présentiel, y compris pour la restauration rapide ». Et le budget moyen pris hors-domicile sur une semaine classique repas s’établit à 36,40 €, dîners et déjeuners confondus. C’est justement sur ce moment « déjeuner » que le repas snacking performe particulièrement. « Le snacking, c’est d’abord un repas et avant tout un déjeuner », résume en substance l’expert. Et les Français mangeant hors-domicile retournent en moyenne environ 2 fois (NDLR : 1,8 fois) par semaine au même endroit ». Après des années de baisse, le temps moyen de déjeuner a d’ailleurs subi un revirement spectaculaire ces dernières années. Quand les Français ne consacraient plus que 29 minutes à leur pause méridienne en 2017, cette durée s’établissait à 45 minutes en 2021, 50 minutes en 2022 et se prolonge même jusqu’à 56 minutes désormais… Sur ce segment du déjeuner, le principal concurrent du snacking serait en fait… la gamelle ! 48 % des répondants à l’enquête ont en effet indiqué amener au moins une fois dans la semaine leur repas, soit une progression de 17 points en seulement deux ans ! Et la raison en est toute trouvée : deux tiers des sondés indiquent sans détours faire ce choix pour des raisons économiques.

Une hausse des prix réelle mais diversement perçue par les convives

Il faut dire que dans le contexte inflationniste, 81 % des Français ont bien identifié une hausse de prix dans les points de vente qu’ils fréquentent pour leur pause déjeuner, dont 45 % sur l’ensemble des produits. Faisant ce constat, 42 % des personnes interrogées continuent de se rendre au restaurant mais de manière mois fréquente et un quart des sondés ont, quant à eux, choisi de réduire tout bonnement le montant de l’addition. « Dans l’ensemble, les clients choisissent de continuer à se faire plaisir mais en adaptant leur manière de consommer », remarque Nicolas Nouchi. Ils évaluent d’ailleurs la hausse moyenne des prix pratiqués en restaurant à 13 % en moyenne. Intéressant d’observer le décalage de perception lorsque l’on interroge de leurs côtés les pratiques des restaurateurs en la matière. Seul un restaurateur sur deux ou presque (48 %) relate avoir été contraint d’augmenter ses prix sur l’ensemble de la carte (34 %) ou sur une sélection de produits (14 %) pour une hausse moyenne « contenue » à 9,1 % selon leurs estimations. Il faut toutefois s’attendre à ce que la situation se gâte encore d’ici l’été. 31 % des restaurateurs n’ayant pas encore appliqué de hausse prévoient de le faire dans les trois prochains mois pour une réévaluation des prix estimée à + 8,7 % en moyenne… Cela ne sera probablement pas sans conséquence sur les performances de leurs établissements. 55 % des restaurateurs ayant augmenté leurs prix ont déjà remarqué un changement de comportement chez leurs clients : une diminution de la fréquentation (49 %), essentiellement le soir, et du panier moyen (49 %) avec une baisse significative de la consommation de desserts, une attention portée sur les prix (36 %) et une difficulté à pousser à la consommation (31 %). Afin de préserver le lien de confiance avec leurs clients et maintenir au mieux leur équilibre financier, 38 % misent sur la relation client pour maintenir le niveau de fidélité. 21 % ont choisi de mettre en place, en parallèle, des offres économiques et 18 % ont ajouté des offres éphémères attractives. Des choix finalement en accord avec les vœux exprimés par les convives : 40 % attendent en effet, en priorité, des restaurateurs qu’ils communiquent de façon transparente sur l’augmentation ou sur les raisons qui les poussent à augmenter. La même proportion ou presque (37 %) souhaite voir la mise en place d’offres économiques, de formules attractives (ou davantage), en plus des offres « classique ».

Le végétal, un levier anti-crise ?

Actionner le levier du végétal, avec des ingrédients souvent moins onéreux, est aussi un levier potentiel pour les restaurateurs afin de limiter la hausse de leurs coûts. Une option qui peut s’avérer payante lorsque l’on connaît les préoccupations des Français face à leur santé et à l’environnement. Ils recherchent donc logiquement des alternatives plus saines même lors de leurs repas hors-domicile et plus de 40 % des consommateurs interrogés précisent avoir consommé au moins un repas (midi ou soir) végétarien sans viande ni poisson sur la semaine écoulée. « Cette aspiration se traduit donc par l’apparition d’offres végétales sur le segment du snacking pour répondre aux attentes des consommateurs », confirme Nicolas Nouchi. « Mais il y a encore de la marge lorsque l’on remonte que 63 % des 18-24 ans interrogés trouvent que l’offre végétale n’est pas suffisamment développée dans les points de ventes qu’ils fréquentent ! »

 * Chiffres extraits de la toute dernière étude France Snacking "Restauration rapide, une reprise sous contraintes" parue dans le numéro FS n° 71.

 

 

A retrouver dès maintenant dans France Snacking n° 71 augmenté, en ligne et feuilletable en cliquant sur ce lien. Et dans quelques jours dans votre boîte aux lettres pour les abonnés print.

 

Jonathan Douay Rédacteur en chef adjoint France Snacking
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