Non, les burgers, tacos et kebabs ne sont pas l’apanage des grandes villes. En effet, un classement révélé par Le Figaro, réalisé à partir des données collectées par la société de géomarketing Smappen, permet d’identifier les villes françaises où ces restaurants dits « fast-food » sont les mieux implantés. Les résultats sont pour le moins édifiants alors que 18 des 30 premières places sont trustées par des villes comptant moins de 50 000 habitants. Avec un ratio de 145,74 restaurants de burgers, tacos ou kebabs pour 100 000 habitants, Valenciennes se place d’ailleurs en tête du classement. La ville nordiste devance d’une (très) courte tête la ville d’Agde (145,27 pour 100 000 habitants) suivie un peu plus loin de Mâcon (138,61), Givors (128,17) et Tarbes (123,95). C’est toutefois la région Auvergne-Rhône-Alpes qui est la plus représentée avec 8 villes se classant dans le Top 30, contre 5 en Bourgogne-Franche-Comté et 3 en Grand Est et en Occitanie. La première (et seule !) représentante d’Île-de-France, Melun, se classe seulement en 25e position. Il est toutefois important de préciser que le classement ne s'intéresse qu'aux seules offres burgers, tacos et kebabs et non à l'ensemble de la restauration rapide, qui ne cesse de se diversifier.
Analysant ces résultats, le spécialiste des modes de vie et des questions urbaines, Jean-Laurent Cassely, avance plusieurs explications d’ordre démographique et sociologique. Il remarque ainsi une « population à la fois plus jeune et plus pauvre que la moyenne nationale » dans nombre des villes figurant dans ce classement. Ainsi à Valenciennes, 42 % des habitants ont moins de 30 ans et 37 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté (contre 14 % pour la moyenne nationale). Ce taux de pauvreté chez les jeunes se situerait d’ailleurs au-dessus de 20 % dans les 10 premières villes du classement, sans exception. Logiquement, le taux de chômage dans ces localités y est souvent sensiblement supérieur à la moyenne nationale. On parle de 18 % à Agde et 13 % à Valenciennes par exemple tandis que Le Figaro évoque aussi une surreprésentation des travailleurs industriels, notamment à Belfort, Sarreguemines, Villefranche-sur-Saône ou encore Bourgoin-Jallieu, et un déficit de diplômés de l’enseignement du supérieur. Enfin, la majorité de ces villes (18 sur 30) font également partie du plan gouvernemental, Action Cœur de ville, souligne Jean-Laurent Cassely. Un plan qui vise à redynamiser des centres-villes délaissés et vidés de leurs commerces. «Les entrepreneurs désireux d’ouvrir un restaurant rapide y trouvent des locaux bon marché, ce qui n’est plus le cas dans les grandes villes», explique ainsi le spécialiste.