Il y a un an jour pour jour, un « emblème du patrimoine culturel national » était consacré à l’Unesco, reconnaissant ainsi le savoir-faire des artisans boulangers français et valorisant l’ensemble d’une filière. Depuis, celle-ci a vécu une année mouvementée, la faute à une conjoncture économique très lourde (hausse du coût des matières premières, des salaires et de l’énergie) partiellement compensée par les aides de l’Etat. « Pour pérenniser nos entreprises, une revalorisation raisonnable des prix de tous nos produits, de l’ordre de 10 %, est aujourd’hui indispensable », affirme d’ailleurs le président de la CNBPF, Dominique Anract était également présent, mardi dernier, à la 6e édition de la Convention Internationale de la Boulangerie Moderne pour faire le point sur cette période complexe. Mais bien que l’inflation galopante ait déjà poussé certains Français à des arbitrages en matière de consommation alimentaire et à se tourner vers des circuits plus économiques comme le hard discount, 52 % d’entre eux continuent de privilégier le plus souvent leur boulangerie artisanale indépendante pour leur achat de pain et 9 % des boulangeries appartenant à des réseaux tels que Marie Blachère, Ange ou encore Louise selon une enquête IFOP/CNBPF. Des choix de l’artisanat indépendant surtout motivés par la qualité jugée supérieure (59 %), la défense de la tradition (37 %), la proximité et praticité (29 %) ou encore la volonté d’acheter du pain « bon pour la santé » (24 %). La grande distribution serait au cumulé privilégiée par 28 % des sondés, soit 22 % en hyper-supers auxquels il faut ajouter les 6 % qui optent pour le hard-discount.
Plus inquiétant, en revanche, pour les boulangers artisans comme pour l’ensemble de la filière, l’étude vient confirmer un recul de la consommation générale du pain. En effet, plus d’un tiers des sondés (36 %) indiquent en consommer moins qu’il y 5 ans contre seulement 12 % qui en mangeraient davantage. Ce recul est d’autant plus net auprès des tranches d’âges les plus âgées. Ce sont 35 % des 65 ans et plus, 39 % des 50-64 ans et surtout 43 % des 35-49 ans qui ont réduit leur consommation. Et ce, malgré une perception globale de la qualité du pain qui reste bonne. 84 % des sondés précisent en effet que la qualité du pain, des viennoiseries et des pâtisseries dans leurs lieux d’achat demeure conforme à leurs attentes. C’est d’autant plus vrai chez l’artisan (89 %) ou en boulangerie chaînée (83 %) qu’en hyper-super (76 %) ou hard-discount (73 %). Néanmoins, l’enquête fait apparaître assez nettement un recul significatif de l’importance du pain dans l’équilibre alimentaire. 66 % jugent en effet le pain comme important (dont 13 % qui le jugent indispensable), ils étaient 88 % à le considérer de la sorte en 2005 (dont 28 % d’ « indispensable ») !