C'est grave docteur ?
La restauration rapide serait-elle maintenant diabétique ? En tout cas, son taux de sucre monte en puissance depuis la pandémie. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Maria Bertoch, experte en foodservice au cabinet Circana qui, dans le cadre de notre dossier consacré aux desserts (lire p. 66) avance le chiffre de + 8 % de taux de prise supplémentaire de dessert depuis le Covid, si l’on se compare à 2019. Et, quand on sait que cette consommation a pour corollaire directe la recherche de réconfort, on comprend mieux que par ces temps maussades, les Français se piquent, aux petits plaisirs faciles et non coupables. Et Bernard Boudboul, président de Gira d’enfoncer le clou en indiquant que nous sommes même 3 fois plus « sucré » que la moyenne des pays européens. Il faut reconnaître que depuis une poignée d’années maintenant, l’offre s’adoucit et les pathologies se multiplient sur le marché avec un foisonnement de concepts mono-produit ou pas, très axés « sweet ». Cookies, crêpes, gaufres, glaces, boissons gourmandes ont conquis les nouvelles générations ! Les réseaux sociaux, Instagram en tête, s’en donnent d’ailleurs à cœur joie avec une food, qui devient de plus en plus « porn » pour exciter autant les papilles que les cellules des appareils photos de nos smartphones. L’ultra-gourmandise est contagieuse pas seulement parce qu’elle est transgressive et qu’elle concerne tout le monde, mais parce qu’elle vaccine contre la morosité. De quoi rassurer, si tant est qu’il en avait besoin, le roi américain du doughnut, Krispy Kreme, qui vient de poser ses bagages en France avec une ligne de fabrication capable d’envoyer 42 000 beignets par jour (lire p. 28) et des ambitions de conquête. Rien que ça ! Il en faut des clients en face et des boîtes de 6, 12, ou 24 vendues. La France semble donc prête, biberonnée depuis une décennie par les acteurs du coffee shop, aux cookies, brownies, et autres muffins. Autant d’invitations à des pauses sucrées. Ainsi, face à la déstructuration du repas qui se dessine et la multiplication des prises alimentaires qui en découle, gageons que tous ces porte-drapeaux du glucose sauront très facilement trouver leur place. Vous reprendrez peut-être une petite sucrerie ?
Paul Fedèle, rédacteur en chef