Exit les appellations escalope, bacon, merguez, chipo et autres steaks et lardons ! Le Journal Officiel a tranché aujourd’hui : il est interdit dorénavant d’utiliser des dénominations historiquement animales pour désigner une alternative à base de protéines végétales. De quoi mettre une sacrée pagaille sur les sites des principaux faiseurs français, sur les communications commerciales et dans les stratégies. Une épée de Damoclès qui pendait au-dessus de la filière depuis la première suspension d’un décret de 2022, obtenue à l’arrachée par l’association Protéines France qui réunit des acteurs français du végétal. La Vie, l’une des figures majeures sur le marché a réagi vivement dans un communiqué se demandant si les consommateurs n’étaient pas pris pour des jambons ! « Cette publication est en décalage total avec les ambitions climatiques et de réindustrialisation de la France. Il freine non seulement la transition écologique, mais met aussi en péril une industrie locale en plein essor », indique la start-up. Point de vue partagé par Guillaume Dubois, co-fondateur de HappyVore qui considère cette décision sinon étonnante, en tout cas démagogique « Ca ne va pas empêcher ces produits demandés par le consommateur, de poursuivre sur leur lancée. En revanche ça peut, demain avoir des impacts sur l’agriculture française puisque certains pourraient être tentés d’aller produire ailleurs pour garder l’appellation. Puis que c'est possible », explique-t-il soulignant l'absurdité de la situation puisque cette nouvelle règlementation ne s’applique qu’aux sociétés produisant des alternatives végétales en France. En clair un groupe qui fabrique en dehors de l’Hexagone, comme en République Tchèque ou aux Etats-Unis, par exemple, peut tout à fait conserver son appellation. Pour Tristan Maurel et Martin Habfast, confondateur de la marque Umiami foodtech française parmi les pionnières de l’industrie des alternatives végétales à la viande, jugent cette décision en total décalage avec les ambitions nationales en matière de réindustrialisation et de lutte contre le changement climatique.
Ce décret est en total décalage avec les ambitions du pays en matière de réindustrialisation et de climat. Sous couvert de transparence pour les consommateurs, cette décision freine la transition écologique et met en péril une industrie locale en plein essor.
Nicolas Schweitzer, co-fondateur de La Vie défend ses positions et sa charcuterie végétale en expliquant que c’était tout ce qu’on aime dans la viande sans l’animal, sans élevage intensif et nitrite. Et que le français est une langue vivante avec, dit-il, avec des appellations qui sont on ne peut plus claires et explicites. Même si les entreprises du secteur étaient informées qu’un nouveau décret était en préparation, il regrette qu’on n’ait pas attendu de savoir dans quel sens allait trancher la Cour de Justice de l’UE. De son côté, Bertrand Jouault, à la tête de Kokiriki explique avoir anticipé et modifié déjà, une grande partie des designations sur les packagings. Les sociétés visées ont jusqu'au 30 avril pour ce mettre en conformité. Date symbolique à laquelle, Guillaume Dubois et toute l’équipe d’HappyVore organiseront un pot de départ symbolique des chipos, merguez et autres lardons végétaux. Du moins dans les appellations !
Mise à jour 28 févriier