C’est dans la ferme même de Louise et Jérôme Puche, agriculteurs partenaires basés en Picardie, que le Groupe Bonduelle (2,4 Mds€ de CA) célébrait vendredi 7 juin dernier la 4e édition des Journées Nationales de l’Agriculture (JNA), manifestation visant à éduquer à l’alimentation et à valoriser les produits et filières agricoles et agroalimentaires. Une plongée en immersion ouverte à la presse et à ses clients restaurateurs et distributeurs pour retracer le parcours de ses légumes, du champ à l’assiette, en passant par l’une des 11 usines implantées en France. 4 d'entre elles sont d'ailleurs installées sur le seul territoire des Hauts-de-France, d’où l’entreprise familiale fondée en 1853 est originaire. « Cultiver et préparer les légumes là où ils sont consommés, c’est notre modèle depuis l’origine, partout où nous sommes présents », a d’ailleurs rappelé Xavier Unkovic, le directeur général d’un groupe qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires en France. Ainsi, 80 % des légumes Bonduelle écoulés dans l’Hexagone y sont aujourd’hui cultivés et préparés. Et dans ces rangs, le groupe peut s'appuyer sur plus de 1 400 agriculteurs français, la grande majorité d’entre eux étant implantée dans la région historique de l’entreprise pour favoriser une logique de circuits courts. « 88 % de ces producteurs renouvellent leur partenariat chaque année. Cela montre à la fois leur confiance et leur fidélité, qui remonte parfois à plusieurs générations », précise Benoit Bonduelle, qui dirige la filiale Food Service de l’entreprise, pesant pour 17 % de l’activité du groupe (410 M€ sur l’exercice 2022-2023). Ces producteurs fournissent ainsi plus de 35 variétés de légumes différents (pois, haricots verts, flageolets, épinards, carottes, potirons…) sans oublier les légumineuses, connaissant un véritable engouement (merci le poke bowl !). De quoi accompagner efficacement la montée en puissance de la cuisine végétale. Ainsi, en 2023, Bonduelle et ses partenaires agricoles ont carrément mis au point une filière légumineuses en France représentant 1 000 hectares de cultures avec la perspective de quintupler cette surface d’ici 2030. De cette filière est même née une nouvelle variété, le pois chiche vert, cultivé dans les Hauts-de-France et pour lequel la filiale Food Service du groupe a décroché un « Innovation Award » lors du dernier Sirha, à Lyon. « Nous sommes aussi engagés dans la relocalisation d’une filière de légumes secs. Des cultures de haricots rouges ou lentilles qui avaient presque disparu en France, et de nouvelles venues comme les pois chiches », insiste Xavier Unkovic.
Ces JNA étaient aussi l’occasion de présenter les démarches menées depuis plusieurs années à l’échelle du groupe pour promouvoir, au sein de ses filières d’approvisionnement, l’agriculture régénératrice. Cette approche « vise à restaurer la santé des sols et ainsi nourrir la population de manière durable », précise-t-on du côté de l’entreprise, où l'on croît beaucoup à ces modes de production qui endigueraient l’épuisement des terres cultivées et restaureraient ainsi leur fertilité. Rotation des cultures, renforcement de la biodiversité, non-labour des sols (entre autres…) doivent ainsi permettre de lutter contre les aléas climatiques, en favorisant notamment la rétention du dioxyde de carbone, et améliorer la rentabilité des productions à long terme. « Ce sont des processus longs de transition, qui peuvent prendre jusqu’à 10 ans, et pour lesquels les producteurs ont besoin d’être accompagnés, techniquement et financièrement », indique Guillaume Thève, Responsable Pôle Approvisionnement Légumes au sein de Bonduelle. En complément des outils d’aide à la décision et des nouvelles techniques culturales utilisés, le groupe fait également de la formation un enjeu majeur pour diffuser la bonne parole. Grâce à la création de la « Farm Academy Bonduelle », ce sont près de 40 agronomes et partenaires producteurs qui ont déjà participé à des sessions explicatives, combinant modules digitaux et expériences terrain. Un soutien financier peut également être proposé pouvant aller jusqu’à 100 € l’hectare selon les chiffres partagés par Bonduelle. Actuellement, près de la moitié des partenaires producteurs serait engagée dans l’agriculture régénératrice, et le groupe ambitionne d’atteindre les 80 % d’ici 2030.
Pour les professionnels de la restauration, le renforcement de ces pratiques « régénératrices » doit leur permettre d’accéder à des produits issus de pratiques qui, non seulement, respectent l’environnement mais garantissent également une provenance fiable des ingrédients et une qualité supérieure. Le modèle agro-industriel promu par Bonduelle s’inscrit dans cette même logique. « Pour nos petits pois, par exemple, tous nos champs se situent à moins de 150 kms des usines des Hauts-de-France », explique Guillaume Thève, de sorte qu'un maximum de six heures séparent le moment où le légume quitte la terre et celui où il est préparé en conserverie ou en surgélation. Mais la transition vers la cuisine végétale prônée par le groupe ne pourra se faire sans une hausse significative de la demande. « Cela passe forcément par une capacité à proposer aux restaurateurs des solutions qui soient à la fois modernes, savoureuses et gourmandes », indique Nicolas Dron, directeur marketing de Bonduelle Food Service France, citant notamment les nouveaux légumes rôtis ou encore la galette de potiron pour burger, auréolés de trophées Snacking d’Or cette année. Il insiste aussi sur l’importance de l’accompagnement des restaurateurs pour leur montrer de nouveaux horizons possibles. 1 800 chefs auraient ainsi déjà été formés à la cuisine végétale, contribuant ainsi au verdissement des assiettes en restaurants comme dans les collectivités. Cette transmission se met en œuvre par l’enseignement des techniques et le partage de savoir-faire, lors de rencontres et de formations en clientèle et en écoles hôtelières, par exemple. Cela passe également par l’édition de supports tel que le livre « La Cuisine Végétale de référence » (Editions BPI) en collaboration avec le MOF Primeur Frédéric Jaunault.