Oté comme une ode inspirée à la street food réunionnaise

Evidemment, les familiers de l’Île de la Réunion seront déjà coutumiers de cette interjection « Oté » qui, en créole, sert aussi bien servir à saluer quelqu’un ou à exprimer son étonnement de façon chaleureuse. Force est de constater que cette chaleur, on la ressent à plus d’un titre lorsqu’on en vient à pousser les portes de ce nouveau restaurant parisien, inauguré fin juin au 46 de la rue Jean-Pierre Timbaud. C’est une véritable ode à la street food réunionnaise qu’ont souhaité composer Rodrigue Barcilon, Justin Arnal et Clément Fraisse, trois amis rencontrés sur les bancs de l’école de commerce et tombés amoureux de l’île et de sa richesse culinaire. « Nous souhaitons faire partager les saveurs et couleurs de la Réunion, terre de métissage aux multiples inspirations. Tout en offrant un lieu en adéquation, propice à la convivialité et au partage », témoigne Clément, qui fait bénéficier l’équipe de son expérience solide en logistique, aux côtés du « financier » Justin et du chef Rodrigue, toujours en quête de nouvelles recettes dans l’ère du temps.

Authenticité et modernité

Car la cuisine d’Oté entend marier les grands classiques de la cuisine réunionnaise avec les codes modernes de la street food. Et les convives peuvent allègrement jongler entre les plats proposés à chaque fois en deux formats miroirs, version barquette comme cela se fait dans les échoppes de l’Île ou en déclinaison sandwich. Et le résultat est de qualité avec des pains buns ou hot-dog élaborés en collaboration avec la boulangerie engagée Miettes, installée dans le XVIIIe arrondissement, et des associations soignées « davantage épicées et que pimentées ». Le rougail saucisse (16 €) à la saucisse de Montbéliard, pouvant être accompagné de riz blanc et de lentilles, est évidemment incontournable. Mais le sandwich poulet-vanille (14,50 €) vaut aussi le détour dans un roll bun garni d’achard de légumes (carotte, oignon rouge, chou, ail, gingembre, piment, citron, combava) associé à un effiloché de poulet cuit avec de la vanille givrée et savamment relevé de mayonnaise et rougail mangue. Mariage de saveurs et de textures garanti ! On retrouve aussi à la carte les fameux bouchons, des ravioles farcies cuites à la vapeur et importées via la diaspora chinoise. Réalisées à la main, elles sont ici agrémentées de poulet assaisonné au combava, massalé, ail et gingembre avec une sauce « siave » (soja) bien équilibrée. Sans oublier les bonbons piment, des beignets de pois du cap typiques de la cuisine réunionnaise. Les végétariens ne seront pas en reste grâce à l’option mijoté de bringelle avec tofu et aubergine. Et pour les sides ou petites faims, les achards de légumes ou frites fraîches au massalé viendront agréablement rythmer le repas sans oublier de terminer par une note sucrée : glace coco, cookie patate inspirée du « gato » patate réunionnais à la patate douce avec pépites de chocolat ou encore l’ultra gourmand choco dakat à la crème coco dakatine et cacahuètes pralinées… Explosif !

Un service Oté gagnant !

Si côté cuisine l’attention est portée sur le fait-maison, côté salle on se sent aussi comme chez nous grâce à l’accueil bienveillant des hôtes soucieux de faire partager leur passion pour l’Île Bourbon et au cadre bigarré. La décoration des 70 m² du rez-de-chaussée, aux couleurs éclatantes rouges, bleues et jaunes, a été concoctée avec le cabinet d’architectes GiroiR&Roul tandis qu’à l’étage trône une longue table d’hôtes d’une dizaine de couverts pour des moments conviviaux entre amis. Car Oté sait aussi capitaliser sur une large carte de rhums arrangés qui macèrent tranquillement au-dessus du comptoir mais aussi des vins et autres bières spécialement sélectionnés pour sublimer les plats, ou encore des softs maison comme la letchonnade au jus de letchi ou le thé glacé de la Réunion. De quoi prolonger agréablement l’été…