Il y avait pourtant des raisons d’espérer… Un enthousiasme populaire presque inespéré suscité par les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ; un ralentissement sensible de l’inflation ; une manne supplémentaire de visiteurs étrangers, notamment en Île-de-France (+ 13 % par rapport à 2023) et même un léger rebond de la consommation des ménages en juillet (+ 0,3 %). Et bien, circulez, il n’y a rien à voir. Ou plutôt si, une « situation extrêmement complexe pour le secteur de la restauration » en France pour reprendre le constat inquiétant dressé par le cabinet Food Service Vision, à l’occasion de la sortie de sa nouvelle Revue stratégique trimestrielle, portant sur la période juin-août 2024. Dans toute sa diversité, la consommation hors domicile aurait reculé en juin dernier pour la toute première fois depuis la pandémie (- 3 %), avant certes de se reprendre modestement en juillet (+ 2 %) puis en août (+ 1 %). En cumul depuis janvier, elle affiche une croissance de seulement 2 % par rapport à 2023. C’est en partie dû à une baisse de la fréquentation commerciale, de 1 % sur juillet-août. Son chiffre d’affaires aura connu des mois en dents de scie : - 4 % en juin, + 2 % en juillet avant une stagnation en août. La tendance est quasiment similaire pour les commerces de proximité. Seule, la restauration collective affiche des taux de croissance robustes (+ 6 % en juillet et + 4 % en août). On note également une réelle dichotomie entre la restauration à table et indépendante. D’un côté, une chute de 10 % du CA en juillet pour la chaînée. De l’autre, une reprise en juillet-août après un mois de juin plus contrasté.
Et pourtant, Food Service Vision note des stratégies différentes entre la restauration indépendante et la restauration chaînée, qui auraient pu (dû ?) profiter à cette dernière. Au cours des trois derniers mois, les prix de la restauration indépendante affichaient en effet une hausse de 4 % par rapport à l’été précédent, contre seulement 1,5 % pour la restauration chaînée. Faut-il y voir un désamour ? Ce n’est certes pas la seule explication possible quand indéniablement la météo exécrable que la France a connue tout au long du mois de juin et la première quinzaine de juillet, a eu un impact négatif fort sur la fréquentation des restaurants. En outre, la période électorale qui a suivi la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a provoqué chez les consommateurs un réflexe d’attente. Reste que dans la foulée, la fréquentation des touristes liée aux Jeux Olympiques et Paralympiques n’a pas pleinement contribué à l’activité des circuits hors domicile. « Des flux importants ont en effet été captés par les fan-zones et la consommation s’est plutôt portée vers le snacking et les brasseries à proximité des lieux de compétitions. Seuls 8 % des consommateurs se sont rendus dans les cafés, bars, restaurants pour regarder les épreuves et le seul impact positif sur la consommation a concerné les boissons, notamment en Île-de-France », analysent les experts du cabinet. Les traiteurs et la restauration situés dans les zones de transports auraient toutefois tiré leur épingle du jeu alors que seuls 10 % des restaurateurs indépendants affirment pour leur part avoir enregistré un impact positif des JO sur leur activité. Ils sont même 23 % en Île-de-France… mais 50 % à estimer avoir essuyé un impact négatif !
Pour la fin d’année, Food Service Vision prévoit une hausse modérée à neutre dans un scénario défavorable, portée exclusivement par l’inflation des cartes des restaurateurs, qui se stabiliserait sur la fin d’année après les hausses appliquées pendant la période des Jeux. La fréquentation devrait encore reculer, en miroir des arbitrages consommateurs. Mais de façon « mesurée » toutefois, précise le cabinet, grâce à un potentiel effet post-JO susceptible de prolonger le tourisme et le report d’événements sur le second semestre. Tout cela dépendra bien évidemment du contexte économique, politique et social… mais aussi de la météo. « On le sait, l’incertitude politique et sociale affecte traditionnellement les dépenses des ménages, qui décident souvent de privilégier l’épargne ». On n’a donc pas fini d’espérer…