Antoine Lemerle : réunir et faire monter la filière autour d’Ekip et de Sirha-Europain

Pouvez-vous nous rappeler qui est Ekip et quelles sont les principales missions de ce syndicat professionnel pour les constructeurs de matériels de la filière BVP ?

EKIP est un syndicat professionnel qui regroupe principalement des constructeurs de matériels pour la filière boulangerie, viennoiserie et pâtisserie (BVP). Créé à l'origine pour organiser le salon Europain en 1967, EKIP a évolué pour représenter aujourd'hui les intérêts de toute une industrie. Ses membres incluent non seulement des constructeurs français, mais aussi des importateurs de matériels européens, qui assurent la distribution de ces équipements sur tout le territoire français. Le syndicat a deux grandes missions : soutenir l'export de ses membres et favoriser l'innovation technologique. Pour cela, il dispose de deux commissions principales : une commission export, qui regroupe les entreprises pour les salons internationaux et les actions communes à l’export, et une commission technologie et innovation, qui permet aux adhérents d'explorer de nouvelles technologies telles que les objets connectés ou encore l’intelligence artificielle comme nous l’avons récemment fait. Ces commissions existent depuis longtemps et sont des piliers de l’activité d’Ekip. 

Quelles sont vos priorités en tant que président d’EKIP et comment envisagez-vous renforcer l'influence du syndicat au sein de la filière ?

Depuis ma prise de fonction en juin, mes priorités se concentrent sur plusieurs axes essentiels. Le premier est d'augmenter le nombre d'adhérents, car plus le syndicat compte de membres, plus il est représentatif et plus il peut peser dans les décisions concernant la filière. Nous avons récemment accueilli de nouveaux membres Hengel, MAE, Guery et Revent, portant notre total à 26 entreprises, représentant un chiffre d'affaires cumulé de 500 millions d'euros et un effectif de 3 500 personnes. Ensuite, il est crucial de renforcer les liens avec l'ensemble de la filière BVP qui comprend, non seulement, les constructeurs de matériels mais aussi les confédérations de la boulangerie, la FEB, les ambassadeurs du pain, l’équipe de France des MOF, les glaciers pâtissiers, les levuriers, les fournisseurs d’ingrédients et la fédération des meuniers. Nous travaillons également en synergie avec la grande cuisine parce que de nombreux défis nous sont communs. Tout cela dans l'objectif de défendre la filière dans son ensemble. Si cette dernière prospère, nos entreprises se porteront bien et nos équipements contribueront à cette réussite collective. Enfin, une autre priorité est de poursuivre la revitalisation du salon Europain qui s’est amorcée à la dernière édition 2024 aux côtés de GL Events, que nous voulons positionner comme l'événement majeur de la boulangerie-pâtisserie, tant au niveau national qu'international. Il est crucial de relancer l'enthousiasme autour de cet événement pour continuer à promouvoir le savoir-faire français dans ce domaine. Notre baguette française et le geste du boulanger ont été reconnus par l’Unesco, il nous faut défendre ce caractère très tricolore.

Comment envisagez-vous l’évolution du salon Europain, en particulier face à la concurrence des autres grands salons internationaux dans le secteur de la boulangerie ?

Il est vrai qu’Europain, aujourd’hui Sirha-Europain, a connu des périodes difficiles et certaines critiques ont même suggéré que le salon était en perte de vitesse par rapport à d’autres événements internationaux. Cependant, il est important de souligner que même ces grands salons sont confrontés à une érosion de leur visitorat. GL Events fait un travail remarquable pour dynamiser, à nos côtés, l’événement. Notre ambition est de redynamiser le salon, notamment en nous appuyant sur des événements marquant comme ce fut le cas avec les Jeux Olympiques de Paris, qui attireront pour les années à venir, une attention internationale. La boulangerie française jouit toujours d'une grande réputation à l’étranger et Sirha-Europain doit rester le porte-étendard de cette excellence. Le salon ne sera peut-être plus marqué par des stands immenses, comme autrefois, mais nous devons en faire un événement incontournable, à la fois pour promouvoir l’export et pour renforcer les parts de marché de nos adhérents à l’étranger. Notre dernier salon a déjà franchi un cap, en arrêtant l’hémorragie de la baisse de fréquentation et en organisant des événements de grande ampleur comme la Coupe du Monde de la Boulangerie qui a rassemblé, une nouvelle fois encore, toute la filière. Pour 2026, nous voulons consolider cette dynamique et capitaliser sur ces succès, en restant proactifs et unis autour d’une vision positive de ce salon.