Confrontée à une saturation du marché et à des normes réglementaires de plus en plus contraignantes, la restauration rapide en France doit aujourd’hui se réinventer pour maintenir, voire retrouver sa croissance. Face à des consommateurs exigeants et à une concurrence accrue, l’innovation digitale et l’expansion géographique apparaissent comme des solutions clés indique un rapport Xerfi.
Avec près de 50 000 établissements, la restauration rapide poursuit sa croissance, en particulier en centre-ville. Un développement qui commence à inquiéter, y compris les principaux intéressés, indique un rapport Xerfi qui vient de paraître. A Paris par exemple, elle occupe aujourd’hui environ 5 % des locaux commerciaux en pied d’immeubles. Depuis 2019, ce marché a toutefois montré des signes de ralentissement, avec une baisse de 3 % du chiffre d’affaires moyen par restaurant. D’ici 2026, les experts de Xerfi ne prévoient pas de redressement significatif de l’activité. Cette saturation est exacerbée par la multiplication des alternatives pour la pause-déjeuner, comme les boulangeries, supermarchés, cafétérias, les cantines d'entreprise..., dans un contexte où les Français sautent chaque année près de 370 millions de repas de la mi-journée, explique Xerfi à snacking.fr. que ce soit pour gagner du temps sur la journée de travail, faire du sport ou des courses. En considérant un budget moyen de 5,65 € par repas (Budget moyen des Français pour la pause-déjeuner, Enquête Xerfi sur le marché de la pause-déjeuner), cela représente un manque à gagner qui peut aller jusqu’à 2 mds d’euros pour les acteurs de la pause-déjeuner, soit plus de 6 % du chiffre d’affaires de la restauration rapide qui s’élevait à 36,1 milliards d’euros en 2023. En parallèle, des réglementations plus strictes, telles que l’interdiction de la vaisselle jetable pour les repas consommés sur place, entraînent une hausse des coûts de conformité et alourdissent les marges d’exploitation des enseignes qui peinent déjà à dépasser les 4 %.
Digitalisation et expansion en zones rurales : des leviers de croissance nécessaires
Dans un secteur où les « digital natives » représentent une part croissante de la clientèle, les enseignes misent sur la digitalisation pour améliorer l’expérience client et réduire les coûts. Le déploiement de solutions comme la commande via QR code et le paiement directement à table, récemment adopté par McDonald’s et Burger King, permet de fluidifier le service en réduisant les files d’attente et en optimisant le travail des équipes. En outre, des options de livraison en marque blanche, qui permettent aux enseignes de garder le contrôle des données clients et d’économiser sur les commissions de plateformes (souvent de l’ordre de 30 %), se développent pour répondre aux nouvelles attentes. Autre piste mise en avant dans le rapport Xerfin : l’intelligence artificielle qui contribue également en optimisant la gestion des stocks et en automatisant les réponses aux avis clients, afin de mieux gérer la e-réputation. Enfin, pour compenser la saturation en zones urbaines, certaines enseignes envisagent de s’implanter dans des départements ruraux où l’offre est encore insuffisante, tout en explorant des services de distribution automatique pour répondre aux besoins des entreprises et collectivités. En 2023, la restauration rapide en France a généré un chiffre d’affaires de 36 mds d'€, soit + 43 % par rapport à 2019 (dont 10 % de touristes), avec un ticket moyen inférieur à 12 €, confirmant ainsi l’attractivité du secteur malgré les défis auxquels il est confronté.