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Développer l’inclusion en restauration rapide, une démarche au service de l’humain et de l’entreprise

30 Novembre 2024 - 805 vue(s)
Alors même que la réglementation impose un quota de 6 % de personnes handicapées dans les effectifs des entreprises, accueillir un tel public semble parfois complexe pour les opérateurs de la filière snacking : comment approcher ces candidats, adapter ses postes, sensibiliser les équipes, ou encore mettre en oeuvre un management efficace et pertinent ? Autant de questions qui trouvent des réponses grâce à l’accompagnement de structures telles que l’ANRH, désormais renforcé par un dispositif contractuel dédié baptisé le CDD dit « Tremplin ».

80% des handicaps sont invisibles. Ce nombre remet en cause de nombreuses idées reçues sur un public aussi nombreux que confronté à de réelles difficultés pour accéder à l’emploi : les entreprises sont souvent frileuses, d’autant plus quand le contexte économique leur impose d’être particulièrement performantes. Cela fait 70 ans que l’ANRH s’engage pour faciliter l’insertion par le travail, sans aucune distinction quant à la nature du handicap. « Cet historique nous a permis de bâtir des liens forts avec le tissu associatif mais également avec France Travail et Cap Emploi », détaille Aurélie Le Cocq, Responsable du Pôle Sorties Positives à l’ANRH. Un ancrage qui lui permet de sourcer efficacement les profils. L’association dispose de 25 établissements, dont 20 entreprises adaptées, quatre ESAT et un centre de formation. 

Un dispositif expérimental idéal pour favoriser l’inclusion en entreprise

La loi de 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel a introduit une expérimentation avec les entreprises adaptées, le CDD dit « Tremplin ». « Ce dispositif remet l’inclusion au coeur du projet associatif », se réjouit la responsable, convaincue de l’intérêt du format pour permettre un retour durable vers l’emploi et changer les mentalités en entreprise. « Un accompagnement à 360° a été développé : les chargés d’insertion vont accueillir la personne et l’aident à construire ou valider son projet professionnel. Le pôle médico-social aide, quant à lui, à lever les freins périphériques à l’emploi », ajoute Aurélie Le Cocq. Déployé dans toutes les entreprises adaptées de la structure, le contrat dure quatre mois au minimum et peut s’étendre jusqu’à 24 mois, l’engagement étant renouvelable : « C’est un vrai plus pour les entreprises classiques, elles ne sont pas seules face aux problématiques et préjugés. Nous les accompagnons dans leur réflexion et leurs adaptations ». Les contraintes sont d’autant plus limitées que le contrat lie le salarié et l’entreprise adaptée, qui devient prestataire « sur site » pour la société où la mission est réalisée, ce qui lui évite de gérer les aspects administratifs. A l’échéance de la prestation, l’objectif est de générer une embauche au sein de l’entreprise hôte, ou plus largement dans le secteur d’activité de cette dernière. En 2023, les « sorties positives » représentaient 30 % des effectifs des 20 entreprises adaptées que compte l’ANRH, avec pour objectif d’accélérer sensiblement dans les années à venir. « Les crises ont freiné le déploiement du dispositif, mais nous souhaitons monter des projets avec les entreprises pour répondre à leurs besoins de recrutement, notamment en restauration », ajoute Aurélie Le Cocq. 

Des adaptations profitables à l’ensemble des collaborateurs

Inclusion

Si le développement de ces nouveaux contrats offre de nouvelles perspectives pour bâtir des entreprises plus inclusives, « la direction doit être porteuse de la volonté de mener le projet, tout en mettant en place les outils pour accompagner les équipes sur le terrain, avec des moyens adaptés », rappelle la responsable. Cela passe non seulement sur l’adaptation des postes mais également la sensibilisation des équipes et du management : « C’est un travail collectif qui a des effets positifs pour tous ! En apprenant à identifier les signaux faibles, les managers peuvent mieux comprendre et accompagner chaque collaborateur. Les attentes des salariés évoluent, il est nécessaire de s’adapter. ». En définitive, une telle démarche permet d’améliorer la marque employeur et d’élargir les consciences au sein des équipes, fières d’accueillir ce public dans leurs rangs.

Ouvrir la restauration et le snacking à la diversité, un pari gagnant

Inclusion

L’ANRH connaît bien les contraintes des restaurateurs : elle exploite depuis 2018 Les petits plats de Maurice dans le 11e arrondissement parisien. Ce restaurant inclusif, qui est un établissement médicosocial de par son statut d’ESAT, favorise l’autonomie par le travail, les échanges et les contacts avec l’extérieur… et démontre que l’on peut nourrir autant le corps que les esprits. Un fait que Juliette Francequin prouve quotidiennement dans sa boutique « Rue Juliette » du 13e arrondissement parisien. Après un tour du monde et une prise de conscience sur l’impact désastreux du dérèglement climatique et de la pollution liée aux emballages, la spécialiste du commerce et du marketing prend la décision de se réorienter. Son projet, né il y a quatre ans, associe une épicerie zéro-déchet à une offre de livraison de panier de fruits et légumes ainsi que de snacking sucré et salé (biscuits, fruits secs, pâtes à tartiner, confitures, miels…) à destination des entreprises. « Notre local est mis à disposition par l’ANRH sur le site de son ESAT de Paris 13e, et des collaborateurs de cette structure viennent travailler chez Rue Juliette pour réaliser le conditionnement des produits », détaille la dirigeante, pour laquelle ce partenariat sonnait comme une évidence, ayant été très tôt sensibilisée au sujet. La structure est ainsi vertueuse pour l’environnement autant que pour les hommes, même si des adaptations sont nécessaires sur le rythme de travail ou les tâches : « Ces collaborateurs apportent un grand supplément d’âme à l’entreprise, en créant une ouverture aussi bien dans les équipes qu’au sein de la clientèle », conclut la dirigeante. Une preuve supplémentaire que la gourmandise peut être porteuse d’un impact positif !

Rémi Héluin 

 

Crédit photos ANRH. 

 

Photo ouverture  « Le restaurant Les Petits plats de Maurice est entièrement tenu par des travailleurs handicapés, met les petits plats dans les grands et parvient à mettre tout le monde d’accord sur la vision d’une différence ordinaire. » crédit photo ANRH

 

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