En 2024, les entreprises françaises ont évolué dans un environnement économique morose. La croissance, limitée à + 1,1 % depuis 2023, a été principalement soutenue par les dépenses publiques et les exportations, laissant les TPE et PME dépendantes d’une demande intérieure atone. L’inflation salariale, qui persiste dans les services, a érodé les marges des entreprises, tandis que la hausse des coûts de financement depuis mi-2023 a affecté durement leur rentabilité. Les stigmates des crises précédentes (Covid-19, flambée des prix de l’énergie) continuent de peser sur ces structures, amplifiés par l’incertitude politique qui freine les investissements : plus de la moitié des dirigeants de TPE-PME ont repoussé ou annulé leurs projets en 2024. Cette situation a particulièrement fragilisé les petites et moyennes entreprises, déjà confrontées à des marges plus réduites que les grandes entreprises. Résultat : près de 66 500 entreprises ont défailli en 2024, soit un plus haut niveau depuis au moins 2009. Sur le seul 4e trimestre 2024, 17 966 défaillances sont dénombrées par BPCE L’Observatoire.
L'an dernier, les PME et ETI ont été les principales victimes d’un phénomène de rattrapage des défaillances évitées entre 2020 et 2022 grâce aux aides publiques. Leur nombre a explosé, avec une progression de 51 % par rapport à 2019 pour les entreprises de 10 salariés et plus. Ce phénomène a également touché les secteurs traditionnellement vulnérables, tels que la construction, le commerce et l’hébergement-restauration, où les emplois menacés représentent jusqu’à 3,5 % de l’effectif salarié.
Territorialement, le Sud-Ouest et les zones densément peuplées comme l’Île-de-France ont été particulièrement affectés, avec des hausses de défaillances atteignant + 43 % dans certaines régions. Les projections pour 2025 ne sont guère rassurantes puisque la BPCE prévoit jusqu’à 68 000 défaillances supplémentaires, principalement parmi les très petites structures, tandis que les PME et ETI devraient voir leur situation se stabiliser après le rattrapage massif des années précédentes. Les défis liés aux remboursements de prêts garantis par l’État et à la normalisation des recouvrements accentueront encore les tensions pour les entreprises les plus fragiles.