Journée Internationale des droits de la femme
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#Journée des droits des femmes. Défis, ambitions et visions d’avenir de 8 leaders de la restauration rapide

8 Mars 2025 - 1380 vue(s)
À l’occasion de la Journée des droits des femmes de ce 8 mars, France Snacking a donné la parole à 8 dirigeantes du secteur de la restauration, qui, à elles seules, totalisent près de 950 millions d’euros de chiffre d’affaires et plus de 1 640 points de restauration. Ces femmes d’influence ont bâti leur succès dans un univers encore largement masculin, où elles ont su s’imposer avec audace et détermination. Isabelle Herman de KFC, Anne Lainé de Pizza Hut, Corinne Eon de Dubble, Sandra Chassan de Subway, Bettina Aurbach de Hana Group, Céline Molière de Emilie and The Cook Kids, Marine O'Neill de La Famille et Magali Poulaillon partagent ici leur parcours, les défis qu’elles ont dû relever, leur vision de l’avenir et leurs conseils pour celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat.

En cette journée internationale consacrée aux droits des femmes, France Snacking et snacking.fr ont souhaité donner la parole à des figures de la restauration rapide française au féminin. Sur le classement annuel des 150 majors de la restauration rapide publié chaque année par notre magazine, guère plus d'une dizaine d'entre elles sont aux commandes de "groupes" et enseignes. Mais les choses évoluent puisqu'il y a cinq ans, elles étaient moins d'une poignée. Parmi les femmes à qui nous avons donné la parole, Isabelle Herman, Directrice Générale de KFC France, dirige avec ambition une marque emblématique de la restauration rapide autour du poulet frit. Bettina Aurbach, Directrice Générale de Hana Group, est à la tête d’un groupe international spécialisé dans la cuisine asiatique. Magalie Poulaillon, Directrice Générale de Poulaillon, perpétue et développe l’héritage familial d’une enseigne ancrée dans la boulangerie et la restauration rapide. Corinne Eon, cofondatrice de Dubble, a su imposer une offre de restauration saine et healthy sur le marché. Marine O’Neill, cofondatrice de La Famille, a construit avec ses associés un concept innovant alliant convivialité et qualité en BtoB et BtoC. De son côté, Sandra Chassan, Directrice Générale de Subway France, pilote parmi l’un des plus grands réseaux de franchise en restauration rapide tandis que Céline Molière, cofondatrice de Emilies & The Cool Kids propose une vision artisanale et fait maison du coffee shop. À travers leurs témoignages, elles reviennent sur leur engagement, les défis qu’elles ont dû relever en tant que femmes dirigeantes et la manière dont elles façonnent l’avenir de la restauration.

Isabelle Herman, DG de KFC France : une découverte passionnante de la restauration

Fin 2024 : 383 restaurants, 285 M€ de CA

Isabelle Herman

Après une dizaine d’années dans les Produits de Grande Consommation, j’ai découvert la restauration… et quel plaisir ! Ce secteur m’a immédiatement séduite par son dynamisme et ses nombreux défis. Ce qui m’attire particulièrement dans la restauration rapide, c’est son caractère ultra-compétitif – j’adore relever des challenges –, son évolution constante et sa croissance soutenu qui apportent une énergie unique au quotidien. Le rôle central du marketing est également un facteur clé qui me passionne. J’ai intégré KFC en tant que Directrice Marketing avec pour mission d’amplifier l’image de cette marque iconique. Ce fut une expérience incroyablement enrichissante, d’autant plus que, malgré l’envergure internationale de KFC, nous bénéficions en France d’une grande autonomie et de budgets marketing conséquents. On s’amuse tout en ayant un impact réel. Enfin, un autre élément m’a profondément marquée, c’est la culture d’entreprise du Groupe Yum. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cet environnement qui allie performance et bienveillance, des valeurs fondamentales à mes yeux et qui façonnent ma vision du leadership.

Une trajectoire marquée par des défis, mais pas liés au fait d’être une femme

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je n’ai pas ressenti de difficultés spécifiques liées au fait d’être une femme. Les véritables défis ont été ailleurs : découvrir un secteur que je ne connaissais pas initialement, traverser des crises sans précédent (Covid, crise énergétique, inflation des matières premières…) et apprendre à gérer un réseau de franchisés, une dynamique totalement nouvelle pour moi. Dans un univers où les franchisés sont majoritairement masculins, je n’ai jamais vu cela comme un frein. L’essentiel est de s’imposer par la compétence, l’écoute et la fermeté dans la prise de décision. Une bonne décision ne cherche pas le consensus, elle doit être juste et efficace. Par ailleurs, j’ai toujours considéré qu’une équipe solide est la clé de la réussite. S’entourer de personnes compétentes, à l’écoute, curieuses et agiles permet de mieux naviguer dans un environnement en perpétuelle évolution.

Une approche du leadership influencée par mon parcours

Mon passage chez Procter & Gamble a profondément façonné ma manière de diriger. J’ai appris à toujours placer le consommateur au centre des décisions car, en fin de compte, c’est lui le juge de paix. De manière plus large, avoir travaillé dans différents groupes, industries et pays m’a inculqué une grande agilité, une curiosité constante et une vraie capacité d’écoute. Ces compétences sont essentielles pour piloter une marque comme KFC dans un secteur aussi dynamique que la restauration rapide.

L’avenir de la restauration et la place des femmes

Je crois profondément en la diversité, qui est un véritable moteur de réussite et d’innovation. Chez KFC France, nous avons atteint un index de parité de 98 au siège, une avancée dont je suis très fière. Mon objectif est maintenant d’encourager davantage de femmes à rejoindre le secteur en tant que franchisées. Pour cela, nous avons mis en place un modèle de location-gérance, qui offre plus de flexibilité et permet aux entrepreneures de se lancer avec moins de contraintes financières. J’espère ainsi contribuer à rendre la restauration plus inclusive et à encourager les femmes à s’y investir pleinement.

Conseils aux femmes qui veulent entreprendre

Si je devais donner un conseil aux femmes qui souhaitent se lancer dans la restauration, créer leur entreprise ou gérer des équipes, ce serait avant tout : restez fidèles à votre style naturel. Même si ce secteur est parfois perçu comme masculin, il n’y a aucune raison de se conformer à un modèle qui ne nous correspond pas. L’authenticité est une force. S’entourer d’une équipe complémentaire, avec des talents qui nous surpassent dans certains domaines, est  également un atout essentiel. Enfin, il est crucial de créer un environnement de travail basé sur la collaboration et des débats constructifs, car le collectif fait toute la différence sur le long terme.

Un plat qui me représente ? Les moules-frites, sans hésiter ! Ce plat emblématique de ma Belgique natale incarne à la fois la simplicité et la convivialité. C’est exactement ce que j’apprécie dans la restauration, un moment de partage autour d’un plat authentique et réconfortant.

 

Anne Lainé, DG de Pizza Hut : de l’automobile à la restauration, un parcours audacieux au service d’une vision engagée

Fin 2024 : 130 restaurants, 90M€ de CA

Anne Lainé

J’ai choisi la restauration dans mon parcours parce que c’est un secteur passionnant, porté par des marques fortes, avec une dynamique B to B to C qui me parle énormément. Le marketing y joue un rôle clé, et c’est un domaine essentiel en France, où la restauration est au cœur de beaucoup de choses, de la culture aux moments de partage. En tant que femme entrepreneure/dirigeante, j’ai dû relever plusieurs défis, notamment celui de créer ma légitimité dans un environnement où les réseaux sont majoritairement masculins et parfois conflictuels. Mon parcours m’a énormément appris et influence directement ma manière de diriger ce réseau. J’ai acquis une solide connaissance du retail et des réseaux grâce à mon expérience dans l’automobile, notamment chez SEAT et Cupra au sein du groupe Volkswagen en France. J’ai également passé quatre ans chez McDonald’s, ce qui m’a permis de mieux appréhender le fonctionnement du secteur. Aujourd’hui, je tiens à ce que mon équipe soit équilibrée et reflète la diversité, avec un comité de direction à 50 % - 50 % entre hommes et femmes. Pour l’avenir, mon ambition est claire, celle d'accompagner la croissance et le développement de l’entreprise en repositionnant la marque et en intégrant pleinement la transformation digitale. Plus largement, je veux aussi contribuer à faire évoluer la place des femmes dans la restauration. Mon conseil aux femmes qui souhaitent se lancer, entreprendre ou gérer des équipes ? Il faut oser. Essayer, c’est l’adopter ! Rien n’est impossible, il faut croire en soi. Et si je devais choisir un plat qui me représente, ce serait la pizza à l’ananas : un petit twist sur un classique

Corinne Eon, cofondatrice de Dubble : de la tradition familiale à l’entrepreneuriat

Fin 2024 : 383 restaurants, 285 M€ de CA

Corinne Eon

La restauration a toujours fait partie de mon histoire familiale. Mes parents étaient restaurateurs dans la restauration traditionnelle, mais à l’époque, j’ai choisi une autre voie, celle de la communication et de l’édition. Mon époux, Jean-François, travaillait quant à lui dans la restauration collective. Nos expériences respectives nous ont finalement réunis autour d’un projet commun : nous avons décidé de créer notre propre concept de restauration rapide. C’est ainsi que Dubble est né !

Être une femme entrepreneure dans la restauration

Beaucoup de femmes rencontrent des obstacles lorsqu’elles entreprennent, mais, pour être tout à fait honnête, je n’ai jamais eu le sentiment que mon genre ait été un frein dans mon parcours. J’ai eu cette chance, même si je sais que ce n’est pas le cas de toutes. Avec Jean-François, nous avons fait les mêmes études en École de Commerce et avons co-géré notre entreprise dès le début, dans un esprit de complémentarité et sans lutte de pouvoir. Cette parité dans la gestion s’exprime aussi dans la manière dont je dirige notre réseau. J’ai grandi dans un environnement où les femmes jouaient un rôle central. Du côté maternel, on pourrait même parler de matriarcat. Cela a forgé ma vision du travail et mon engagement à faire en sorte que les femmes qui évoluent chez nous soient respectées et valorisées. D’ailleurs, la majorité des managers dans nos succursales sont des femmes et 70 % de nos franchisées sont des femmes chefs d’entreprise. Chez Dubble, ce sont elles qui ont le pouvoir sur le terrain !

La place des femmes dans la restauration : un futur à construire

L’avenir de Dubble continuera de s’inscrire dans un positionnement healthy, ce qui attire naturellement un grand nombre de femmes. Il est donc évident pour moi que leur place restera essentielle au sein de notre entreprise. Dans la restauration en général, en revanche, la situation est plus complexe. Tout le monde sait que ce milieu – notamment dans la gastronomie – a longtemps été un univers dirigé par des hommes, parfois difficile d’accès pour les femmes. Heureusement, de plus en plus de cheffes et de pâtissières talentueuses s’imposent et changent les codes. Mais il ne faut pas baisser la garde, car la misogynie est résistante ! Je suis encore surprise de voir que les femmes restent minoritaires à la tête des nouvelles enseignes qui émergent. Pourquoi ? Peut-être n’osent-elles pas assez. Il faut les encourager à franchir le pas, à exprimer leur créativité et à entreprendre avec confiance.

Oser entreprendre, c’est mon conseil aux femmes qui veulent se lancer

Je ne prétends pas avoir une légitimité particulière pour donner des conseils aux femmes qui veulent entreprendre, mais une chose me semble essentielle : faire ce que l’on aime. La restauration est un métier de passion. Si vous êtes tentée par ce secteur, foncez ! C’est un univers captivant, créatif, dans lequel on peut s’épanouir pleinement. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat est ouvert aux femmes et de nombreuses structures existent pour les accompagner. Celles qui ont l’envie mais pas forcément les moyens peuvent être aidées. Il ne faut pas hésiter à se renseigner et à chercher du soutien.

Un plat qui me représente ? Difficile de répondre à cette question ! Mais s’il y a bien un plat que je mange systématiquement quand je suis dans l’un de nos restaurants, c’est la soupe. Chez nous, elle est préparée chaque matin avec des légumes frais épluchés sur place. J’adore ça, et je pourrais en manger midi et soir. Plus qu’un simple plat, la soupe incarne aussi ce que nous voulons offrir à nos clients : une alimentation saine, sans produits transformés ni additifs, qui apporte de l’énergie et contribue au bien-être. Notre promesse est claire : aider nos clients à préserver leur santé et à mieux vivre.

 

Bettina Aurbach, DG de Hana Group: une passion pour la restauration au croisement de la grande distribution

Fin 2024 : 383 restaurants, 285 M€ de CA 

Bettina Aurbach

La restauration n’a pas toujours été au centre de mon parcours, qui s’est d’abord orienté vers la grande distribution. Pourtant, elle est sans aucun doute mon environnement de cœur ! J’en ai gardé des souvenirs marquants, notamment lors de mon expérience en tant que Directrice Marketing chez Badoit. En 2009, j’ai eu l’opportunité de lancer le partenariat avec le salon Omnivore, de collaborer avec notre ambassadeur Thierry Marx et de créer la Bourse Badoit de la Création, qui récompensait de jeunes chefs innovants. Une mission de rêve, en parfaite adéquation avec ma passion pour les bonnes tables, autant pour l’expérience culinaire qu’elles offrent que pour la magie de la convivialité qu’elles créent. Aujourd’hui, chez Hana Group, je retrouve cet équilibre parfait entre mon expertise en grande distribution et l’univers de la restauration, à travers un concept hybride unique. Nous mêlons la qualité du fait sur place à la force du showcooking, qui réenchante les hypermarchés en proposant aux consommateurs une expérience culinaire de qualité, au prix de la grande distribution.

Les défis du secteur pour les femmes

Les femmes ont toute leur place dans la restauration, où le management au quotidien est un élément clé pour garantir une expérience client réussie. Cependant, certaines contraintes spécifiques peuvent freiner leur évolution dans ce secteur, notamment les horaires exigeants et la dispersion géographique des réseaux. Comme dans beaucoup de métiers à forte implication, une bonne organisation personnelle et un entourage solide sont essentiels pour gagner en flexibilité et surmonter ces défis. L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ne se joue pas uniquement sur le temps passé, mais sur la qualité des moments partagés.

Un leadership structuré autour de trois piliers

Mon parcours et ma personnalité m’amènent naturellement à privilégier trois piliers dans la gestion de notre réseau. Le premier est le produit.  Je suis gourmande et exigeante ! Je veux offrir le meilleur, car je suis moi-même la première consommatrice de nos produits. La variété est également essentielle. Quoi de plus lassant que de manger la même chose chaque jour ? Le deuxième est les équipes. Nos 2 300 collaborateurs sont le moteur de notre activité. Leur motivation, leur engagement et leur savoir-faire sont la véritable richesse de notre entreprise. Enfin le 3e est la performance. En effet, pour continuer à évoluer, il est crucial que notre modèle économique soit rentable. Plus notre entreprise est performante, plus nous pouvons réinvestir sur la qualité des produits, le bien-être des équipes et l’expérience client. C’est un cercle vertueux, bénéfique pour tous : collaborateurs, clients et actionnaires.

Un avenir prometteur pour la restauration et les femmes

Je suis convaincue que la grande distribution va continuer à développer l’offre de plats cuisinés au sens large. L’offre de préparé sur place, qui combine praticité et rapport qualité/prix, répond aux attentes des consommateurs. C’est une opportunité majeure pour notre entreprise, qui possède un savoir-faire unique sur ce créneau et de belles perspectives de développement. Pour réussir, il faudra allier créativité et exigence opérationnelle, un défi à la portée des femmes de caractère qui évoluent aussi bien dans la restauration que dans la grande distribution. Il est essentiel de continuer à encourager leur présence dans ces secteurs et à leur donner les moyens d’oser entreprendre.

Des conseils aux femmes qui veulent se lancer

Pour les femmes qui souhaitent entreprendre dans la restauration, deux dimensions sont essentielles. Sur le plan personnel, il est important d’avoir une organisation qui permet d’être flexible et de déculpabiliser. L’important n’est pas d’être toujours présente, mais de faire en sorte que chaque moment compte réellement. Sur le plan professionnel, il faut réussir à équilibrer créativité et engagement personnel avec la nécessité de déléguer et d’industrialiser son concept. La clé de la réussite, notamment en restauration, est de construire un modèle réplicable, capable d’être exécuté en tout lieu et par toute personne, sans dépendre uniquement du manager. Il faut donc savoir standardiser, structurer, former et déployer, pour transformer une activité artisanale et manuelle en une réussite évolutive et scalable.

Un plat qui me représente ? Le poké bowl ! Un plat savoureux, plein de saveurs sucrées-salées, et ultra-simple à préparer : on jette tout dans un bol et c’est prêt !

Magali Poulaillon, Directrice générale délégue du groupe et gérante du réseau Poulaillon : une passion née au cœur du fournil

Fin 2024 : 65 boulangeries – 71 M€ de CA

Magali Poulaillon

La restauration boulangère fait partie de moi depuis toujours. Avec mon frère, nous avons grandi dans la boulangerie fondée par nos parents, un lieu empli d’odeurs réconfortantes, de pain chaud, de brioches dorées, de bretzels et de Moricettes®️. Toute petite déjà, je me faufilais la nuit pour rejoindre mon père dans le fournil, fascinée par ce monde en perpétuel mouvement. Dès que j’ai su compter, j’étais derrière le comptoir, au contact des clients. Ce qui m’a toujours plu dans ce métier, c’est la satisfaction immédiate de voir un produit fait maison être apprécié. La création, l’innovation et l’adaptation aux envies des clients sont des aspects essentiels qui rendent ce métier vivant et en constante évolution. Plus qu’un simple savoir-faire, c’est un art à transmettre et à faire évoluer au quotidien.

Les défis d’une femme dans un milieu historiquement masculin

Lorsque j’ai commencé, le secteur de la boulangerie était encore très masculin. Naturellement, les interlocuteurs avaient tendance à s’adresser à mon père ou à mon frère plutôt qu’à moi. Pour me faire une place et être prise au sérieux, j’ai dû redoubler d’efforts et prouver ma légitimité par l’excellence. Dans ce milieu, une femme doit souvent prouver ses compétences avant d’être reconnue, là où un homme bénéficie plus facilement d’une confiance implicite. À l’époque, peu de femmes évoluaient dans la boulangerie, et pour asseoir ma crédibilité, j’ai dû travailler plus dur, être irréprochable et apporter une réelle valeur ajoutée. Aujourd’hui encore, je pense qu’il est essentiel d’encourager les femmes à investir ces métiers, que ce soit en artisanat, en industrie ou en entrepreneuriat. Elles ont toute leur place et beaucoup à apporter à ce secteur.

Une gestion tournée vers l’inclusion et la valorisation des talents

Mon parcours m’a naturellement poussée à soutenir les femmes dans des métiers où elles sont encore sous-représentées, comme la cuisine, la pâtisserie ou la boulangerie. Ayant moi-même dû lutter pour faire ma place, je sais à quel point la passion et la détermination sont essentielles pour aller au bout d’une formation et réussir dans ce domaine. C’est pourquoi j’ai toujours veillé à reconnaître et valoriser le talent et l’engagement des femmes dans notre entreprise. Aujourd’hui, 70 % de nos effectifs sont féminins, et elles occupent une majorité des postes à responsabilités, notamment en magasin. Pour moi, diriger ne signifie pas imposer une autorité, mais plutôt créer un environnement propice à l’épanouissement de chacun, où le travail et la compétence priment sur les stéréotypes ou les idées reçues du secteur.

Les femmes, moteurs de l’avenir de la restauration

Aujourd’hui, les femmes jouent un rôle clé dans notre entreprise. La majorité des responsables de magasins sont des femmes, et elles sont également très présentes dans nos ateliers de production. Je les appelle les guerrières, car elles incarnent la résilience, la force et le goût du challenge, tout en faisant preuve d’une grande humilité. Elles ont une approche du management qui allie exigence et bienveillance, fédérant ainsi leurs équipes autour d’un objectif commun. Mon ambition est de continuer à créer un environnement où elles peuvent évoluer sans contrainte, en brisant les barrières qui pourraient encore freiner leur ascension. La restauration évolue, et je veux que notre entreprise soit un exemple de cette transformation, en mettant en avant les compétences et le talent, indépendamment du genre.

Un message aux femmes qui hésitent à se lancer

Si vous aimez ce métier, foncez ! La restauration et l’entrepreneuriat sont des mondes d’opportunités pour celles qui osent. Ne laissez personne vous faire douter de votre légitimité. Seuls le travail, le talent et la détermination comptent. Il y aura toujours des remarques, des doutes et des obstacles, mais ne les laissez jamais vous freiner. Croyez en vous, soyez exemplaires et persévérez. Le succès ne vient pas du hasard, mais de l’engagement et de la constance. Montrez ce dont vous êtes capables, imposez-vous par la qualité de votre travail, et le respect viendra naturellement.

Un plat qui me représente ? La Moricette®️, sans hésitation ! Elle a le même âge et les mêmes parents que moi. Je pense notamment à la Moricette®️ alsacienne, garnie de salade de gruyère et de saucisse alsacienne. Ce mélange de tradition, de gourmandise et d’authenticité reflète parfaitement les valeurs que je porte au quotidien dans mon entreprise

Marine O’Neill, cofondatrice La Famille : une passion familiale transformée en aventure entrepreneuriale

Fin 2024 : 36 unités/labos – 30 M€ de CA

Marine O'Neill

Ayant grandi dans une famille de franchisés dans la restauration rapide, j’ai été plongée dès mon plus jeune âge dans l’univers de l’entrepreneuriat et de la food. Ce milieu m’a toujours fascinée : j’adorais observer le fonctionnement des restaurants, comprendre les rouages du métier et voir la dynamique qui anime ce secteur en perpétuelle évolution. Après mon master en école de commerce, il était naturel pour moi de rejoindre l’entreprise familiale, ce que j’ai fait il y a dix ans. Puis, une rencontre déterminante a marqué un tournant dans mon parcours. Avec Louis, Grégoire et Jean-Louis, nous avons décidé de créer notre propre enseigne : « La Famille – Finest Lunch ». Depuis six ans, nous mettons nos expériences et nos visions en commun pour réinventer la restauration rapide avec une approche moderne, qualitative et inspirante.

Les défis d’une femme entrepreneure dans un secteur majoritairement masculin

Travailler dans un domaine encore très masculin comporte forcément son lot de défis. Mais plutôt que de les voir comme des obstacles, je préfère les considérer comme des opportunités de prouver ma valeur. Bien sûr, il m’a fallu travailler plus dur pour imposer mes idées dans certaines décisions stratégiques. Mais ces expériences m’ont renforcée, m’ont appris à avoir confiance en moi et à ne jamais lâcher prise. Mon sens de l’esthétisme et des nouvelles tendances a été un véritable atout pour construire l’identité forte de "La Famille", notamment grâce à la collaboration avec notre agence de communication Nash&Young. Aujourd’hui, ce positionnement distinctif est une force qui nous permet de nous démarquer dans un secteur ultra-concurrentiel.

Un leadership ancré dans l’expérience terrain

Étant ancienne franchisée, j’ai une connaissance concrète des réalités du terrain. Cette expérience me permet de comprendre les défis rencontrés par nos franchisés et d’adapter nos décisions en fonction de leurs besoins. Cette légitimité m’aide à établir un dialogue de confiance, essentiel pour construire une relation forte avec notre réseau. Mais surtout, je ne suis pas seule dans cette aventure : nous sommes quatre co-fondateurs, entourés de collaborateurs passionnés et engagés. L’une des clés du succès, c’est de savoir bien s’entourer. C’est grâce à cette intelligence collective que nous pouvons faire évoluer notre enseigne de manière efficace et pérenne.

Une ambition forte pour l’avenir de « La Famille » et la place des femmes dans le secteur

Notre objectif est clair : continuer d’innover et d’étendre notre réseau. Nous visons à mailler tout le territoire français avec une projection de 120M€ de chiffre d’affaires d’ici 5 ans. Notre ambition ne se limite pas à la croissance : nous voulons aussi inscrire « La Famille » comme un modèle de succès durable dans la restauration rapide, en intégrant les nouvelles tendances et en répondant aux attentes des consommateurs. Sur la question des femmes dans la restauration, je suis résolument optimiste. Le secteur évolue, et je crois en une égalité des chances où les compétences sont reconnues à leur juste valeur. Chez LF, une majorité de nos collaborateurs sont des femmes, preuve de notre engagement pour un environnement professionnel équitable où le talent et le leadership féminin sont encouragés et valorisés.

Un conseil aux femmes qui veulent entreprendre

Foncez ! La restauration est un secteur exigeant, mais extrêmement gratifiant. Soyez prêtes à apprendre chaque jour et à vous adapter, car c’est un milieu en perpétuel mouvement. L’entourage joue un rôle clé : il est essentiel de travailler avec des personnes qui partagent votre passion et votre vision. Et surtout, croyez en vos idées, même si elles semblent sortir des sentiers battus. C’est souvent là que naissent les plus grandes réussites.

Le plat qui me représente ? Les Spaghetti Carbonara, sans hésitation. C’est mon plat préféré, mais aussi l’une des meilleures ventes chez "La Famille". Ce grand classique de la cuisine italienne illustre bien mon approche : la simplicité, sublimée par l’exigence et la qualité. Les Carbonara demandent de la rigueur, une attention aux détails, et une sélection minutieuse des ingrédients. C’est exactement ce qui nous anime chez "La Famille" : proposer une cuisine généreuse, authentique et soignée, qui respecte les traditions tout en apportant une touche d’innovation.

 

 

Sandra Chassan, CEO Subway France : une passion pour la food et un secteur en perpétuelle évolution

Fin 2024 : 379 unités– 190 M€ de CA

Sandra Chassan

Ingénieure agroalimentaire de formation, j’ai toujours eu l’ambition d’évoluer dans l’univers de la food. La restauration s’est imposée comme une évidence dès le début de ma carrière. Ce qui me passionne ? L’innovation constante, la nécessité de se réinventer chaque jour, la diversité des concepts et des tendances. C’est un secteur en ébullition permanente, où les défis sont nombreux et où les femmes et les hommes qui l’animent font preuve d’une grande humilité. Et pour être honnête… ma passion, c’est manger, tout simplement ! Travailler dans un domaine qui allie plaisir, créativité et exigence est une chance que je savoure au quotidien.  

Les défis d’une femme à la tête d’une grande enseigne

Je tiens à préciser que je ne suis pas entrepreneure, mais Directrice Générale de Subway. Ce statut change probablement la nature des défis rencontrés. Contre toute attente, je n’ai pas ressenti d’obstacles majeurs liés au fait d’être une femme. Peut-être parce que la restauration est un univers direct et franc, où la personnalité prime souvent sur le genre. Mais cela ne veut pas dire que le métier est sans défis. Pour réussir dans ce secteur, il faut savoir se retrousser les manches, se remettre en question et gérer les conflits – qui peuvent être très frontaux. C’est d’ailleurs l’un des défis les plus importants, car hommes et femmes n’ont pas toujours la même manière d’appréhender ces zones d’inconfort. On peut parfois avoir l’impression de ne pas être aussi entendue qu’un homme qui taperait du poing sur la table. Le syndrome de l’imposteur est un autre défi majeur auquel beaucoup de femmes sont confrontées. Il faut un vrai travail sur soi pour se sentir légitime, ne pas se dire qu’un autre – souvent un homme – ferait forcément mieux. Il faut assumer son propre style de leadership, même s’il ne correspond pas aux attentes traditionnelles d’un management plus masculin. Enfin, dans un monde globalisé, la gestion d’un réseau international nécessite de comprendre les différences culturelles et les codes de chaque pays. C’est un point clé que les femmes doivent anticiper et maîtriser pour mieux se positionner et faire entendre leurs idées dans n’importe quel environnement.  

Une direction inspirée par l’humain et le travail d’équipe

Tout au long de ma carrière, j’ai observé et appris de celles et ceux qui m’ont managé. Certains ont été une vraie source d’inspiration, d’autres m’ont montré ce que je ne voulais pas reproduire.

L’expérience qui m’a le plus marquée est celle des brigades en cuisine : voir comment un groupe d’individus fonctionne dans une organisation millimétrée, avec un seul objectif commun, celui de livrer un plat parfait au client. C’est exactement cette dynamique qui m’inspire aujourd’hui dans la gestion d’un réseau comme Subway. L’essentiel, ce sont les femmes et les hommes qui composent l’équipe. La réussite repose sur le travail collaboratif, l’exigence quotidienne et la capacité à se surpasser pour offrir la meilleure expérience possible aux clients.  

Une ambition forte pour Subway mais aussi pour les femmes dans la restauration

L’avenir de Subway est porteur de développement et d’innovation. Nous avons des idées plein la tête, des concepts encore à l’état embryonnaire qui ne demandent qu’à éclore. L’ambition est claire : continuer d’évoluer et de faire grandir l’enseigne en proposant de nouvelles expériences aux consommateurs. Concernant la place des femmes dans la restauration, je pense qu’elles sont encore trop peu nombreuses à entreprendre. Pourtant, elles ont toute leur légitimité et surtout, une vision différente du management et de l’encadrement. Le leadership féminin apporte une nouvelle approche, plus fluide, plus tournée vers le soft power, c’est-à-dire une manière d’influencer et de fédérer sans imposer par la force. Je suis convaincue que c’est une véritable force pour l’avenir et que le secteur gagnerait à changer les codes pour mieux intégrer cette diversité managériale. 

Un conseil aux femmes qui veulent se lancer

N’ayez pas peur d’être vous-mêmes. Vous ne serez jamais une version masculine de vous, et ce n’est ni nécessaire ni souhaitable. Le succès ne dépend pas du genre, mais de l’honnêteté, de la rigueur et de l’envie. Soyez ambitieuses, assumez vos choix, osez sortir du cadre. La restauration et l’entrepreneuriat sont des terrains de jeu passionnants et ils n’attendent que celles qui osent y prendre leur place. 

Un plat qui me représente ? Un Sub, évidemment ! Pourquoi ? Parce qu’il est unique, parce que je peux changer sa composition chaque jour, tout en gardant son identité, et parce qu’il laisse une grande place à la créativité. Un Sub peut être classique ou audacieux, il suit un ordre précis de préparation, mais il permet aussi d’ajouter une touche de folie. Et surtout, il se partage facilement, à l’image de l’esprit d’équipe et de la convivialité que j’aime insuffler dans mon travail.

 

 

Céline Molière, cofondatrice de Emilie & The Cool Kids : les défis de femmes entrepreneures dans un milieu encore traditionnel

Fin 2024 : 30 unités – 11 M€ de CA

Céline Molière

La restauration reste un secteur fortement ancré dans les traditions et, à bien des égards, encore patriarcal. Quand nous avons débuté avec mon associée Emilie Zmaher, nous étions deux femmes de 25 ans, et cela n’a pas toujours été bien perçu. Nous avons dû affronter un manque de crédibilité et des remarques sexistes, parfois dévalorisantes, comme ce fameux « comme elles sont mignonnes, on dirait qu’elles vont jouer à la dînette ». Plutôt que de nous décourager, ces réactions ont renforcé notre détermination. Il a fallu prouver notre légitimité, gagner le respect par notre travail, notre engagement et nos résultats. Aujourd’hui, nous avons montré qu’une femme à la tête d’un réseau de restauration peut réussir, innover et imposer sa vision. 

Un management inspiré par deux univers

Ma façon de diriger est le reflet de mon parcours, un mélange entre deux mondes qui peuvent sembler opposés Le punk rock et l’école de commerce. Le punk rock est un univers que je connais bien puisque j’ai eu des groupes de musique entre 15 et 35 ans. Cet esprit m’a appris à oser, sortir des sentiers battus, être indépendante et rebelle face aux conventions. En école de commerce, j’ai parfois eu du mal à trouver ma place. Mais elle m’a apporté les bases solides de la gestion d’entreprise et la capacité à structurer et faire grandir un projet. Ce mélange d’audace, d’exigence et de rigueur se retrouve aujourd’hui dans ma manière de piloter notre réseau et d’encourager nos équipes à donner le meilleur d’elles-mêmes. 

Une croissance forte, sans perdre son ADN

Nous avons relevé un pari audacieux, celui de devenir le premier réseau de coffee shops artisanaux en France, tout en conservant notre engagement envers le fait maison. Depuis 2020, notre croissance est de 20 % par an, mais nous avons toujours refusé de sacrifier notre ADN. Chaque jour, dans chaque magasin, tout est préparé sur place, car chaque boutique est une unité de production. C’est ce respect des valeurs initiales qui nous a permis de fidéliser notre communauté, toujours attachée à la marque 18 ans après sa création. 

Les femmes et la restauration, un paradoxe à dépasser

Un point continue de m’interpeller : pourquoi les femmes, si présentes dans les cuisines domestiques, sont-elles encore si peu représentées dans la restauration professionnelle ? Que ce soit en gastronomie ou dans les réseaux de franchise, elles restent minorité. Pourtant, elles ont leur place à prendre et je crois sincèrement que nous sommes prêtes à bousculer les codes et à rééquilibrer la balance. 

Un conseil aux femmes qui hésitent à se lancer

Ne réfléchissez pas trop, foncez ! Ce que je constate dans mon réseau – qui est mixte – c’est que beaucoup de femmes manquent de confiance en elles, alors qu’elles sont largement compétentes. Elles ont aussi cette crainte de sacrifier leur vie personnelle ou de se laisser submerger par leur activité. Pourtant, les faits montrent que les femmes sont d’excellentes leaders : elles sont à l’écoute, inspirantes, exemplaires et incroyablement résistantes au stress. D’ailleurs, saviez-vous que si autant de femmes que d’hommes entreprenaient, le taux de croissance économique serait de près de 10 % ? 

Un plat qui me représente ? Ce n’est pas un plat, mais une boisson ! Dans le secteur en pleine expansion du coffee shop, c’est une véritable victoire pour nous, qui avons commencé dès 2007 à « évangéliser » ce concept en France. Mon choix : un Chai Latte au lait végétal.

Il incarne la douceur, mais aussi le caractère, avec ses épices qui viennent relever l’ensemble. Une belle métaphore de mon parcours et de ma vision du leadership !

 

Paul Fedèle Rédacteur en chef France Snacking Retrouvez Paul Fedèle sur Linkedin
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