La concurrence fait rage entre les réseaux chainés de restauration en France alors que les grands leaders tentent d’asseoir leurs positions et que de nombreuses enseignes émergentes jouent des coudes pour se faire une place dans le paysage, poussées par un formidable appétit de diversification du côté des convives. Le cabinet Food Service Vision recensait ainsi 114 chaînes de restauration à table en 2024 pour 5,4 Mds€ de chiffre d’affaires (+ 8 % vs 2019 mais en recul en 2024). Et surtout 311 chaînes de restauration rapide pesant à elles-seules 15,6 Mds€, soit une croissance de 33 % depuis 2019. Conséquence, la part de marché de la restauration rapide est logiquement passée depuis l’avant-Covid de 71 à 75 % d’un marché des chaînes qui cumule à plus de 21 Mds€ de chiffre d’affaires en 2024. Porté par les géants américains - McDonald’s, Burger King, Quick et consorts… -, le segment des « fast food hamburgers » caracole en tête (8,8 Mds€), loin devant les chaînes de « viennoiserie-sandwicherie » (1,47 Md€), les restaurants « grills » (1,06 Md€), les « fast-food poulet » (1,03 Md€) et les « Cafés-Restaurants-Pubs » à 768 M€.
Avec 3 591 nouveaux points de vente recensés depuis 2019, dont 786 pour la seule année 2024, l’évolution du parc de la restauration chaînée a aussi sensiblement progressé sur la période, bondissant de 27 %. Là encore, c’est la restauration rapide qui supporte quasi intégralement cette croissance, avec 3 702 nouveaux points de vente recensés, dont 739 en 2024. Si cette évolution du parc constitue un signal positif pour les réseaux, elle marque aussi un environnement de plus en plus concurrentiel pour les restaurateurs qui, pris dans leur globalité, ne voient pas forcément la fréquentation de leurs établissements évoluer dans les mêmes proportions. « En 2019 et 2024, la progression du chiffre d’affaires - + 26 % à 21 Mds€ - a été tirée intégralement par l’évolution du parc, tandis que le chiffre d’affaires par point de vente régressait de 1 % », précisent les experts de Food Service Vision, regrettant une baisse de l’activité et du nombre des visites. Afin de préserver leurs positions sur le marché et attirer de nouveaux clients, les chaînes « parient donc sur l’innovation dans leurs offres produits : élargissement des gammes, nouvelles saveurs, menus à petits prix, recettes spicy, alternatives végétales, portions de viande plus généreuses dans certains produits, fromages gourmands, ingrédients premiums, expérience client plus créative et plus immersive ».
Food Service Vision observe également avec attention les mouvements opérés chez certains grands leaders de la restauration chaînée (QSRP, Groupe Bertrand…), mais aussi par d’autres opérateurs de moindre taille (Le Grand Feu, Big M…). Tous ceux-ci tentent, en effet, de diversifier leurs offres en créant ou en achetant des enseignes et en reprenant des master franchises dans les spécialités les plus diverses : street food asiatique et grecque, crêpes, poulet frit, cuisine mexicaine, doughnuts… « Groupe Bertrand est le plus actif puisqu’il totalise désormais 13 enseignes dans 8 segments différents ». Le marché français attire, par ailleurs, de nouveaux arrivants, qu’il s’agisse du marché du coffee shop (Fnac Café, Café Feuillette, le Café Spok, la Brioche Dorée, My Fluffy, Coffee Island…), de la cuisine asiatique (Baan Phadthai), des doughnuts (Dunkin’ Donuts) ou des burgers (Dairy Queen). « Cette suractivité suscite naturellement l’attention des investisseurs avec des prises de participations de fonds dans un certain nombre d’entreprises, comme l’ont réalisé Bpifrance chez Wagram Food Service, Berkshire Hathaway chez Domino’s Pizza ou Iris Belgium chez Exki, tandis que d’autres enseignes s’ouvrent à la franchise comme PiouPiou ! Noura, Père & Fish, BohéBon ou Fabioli... »
Dans sa Revue Chaînes, le cabinet Food Service Vision observe aussi avec curiosité l’arrivée en force des influenceurs sur le marché de la restauration rapide. Il cite ainsi Michou (10 millions d’abonnés) qui a lancé son concept de street food, tandis que le youtubeur Amixem (9 millions de followers) a créé son enseigne digitale de burgers. Le champion du monde du burger, Joannes Richard, s’est pour sa part associé à une star du rugby, l’ancien international Sébastien Chabal, aujourd’hui consultant sur Canal Plus, pour créer un nouveau concept, « Les burgers de Jo ». Car la bataille concurrentielle entre les enseignes trouve naturellement écho sur les réseaux sociaux quand FSV recense entre 500 000 et 3 millions d’abonnés en France pour les principales enseignes. De quoi étendre encore un peu plus leur ère d’influence grandissante, notamment auprès des jeunes.