Communauté
Après deux ans de discussions autour de la réforme des titres-restaurant, les fédérations représentatives de la restauration le Snarr, l’Umih et le GHR tirent la sonnette d’alarme. En désaccord avec les conclusions présentées par la ministre Véronique Louwagie, elles dénoncent un processus de concertation tronqué et des décisions prises sans réel dialogue. En conséquence, elles précisent dans un communiqué « Dans ce contexte, nos organisations, pourtant investies dans le cadre des Assises de la Restauration et des métiers de bouche, portées par la Ministre, se retireront des prochains groupes de travail et discussions ». Ce retrait des groupes de travail des Assises de la Restauration marque une rupture forte, justifiée par l'absence de prise en compte de leurs propositions, notamment sur l’instauration d’un double plafond et la limitation de l’usage des titres-restaurant dans la grande distribution, condition sine qua non du soutien des organisations au projet. Elle a été abandonnée malgré sa faisabilité. Les organisations proposaient de conserver le montant de 25 euros autorisé pour les commerces alimentaires de détail et la restauration, avec un plafond réduit pour la grande distribution (10 euros par exemple). Cette mesure, également souhaitée par les émetteurs, est réaliste, précisent les syndicats « Elle a déjà été expérimentée et mise en place avec succès à la sortie du Covid, confirmant sa faisabilité et sa bonne compréhension par les Français. Le double plafond permettrait de redonner du sens au titre-restaurant qui a été vidé de sa substance en chèque "caddie", tout en préservant la flexibilité pour les consommateurs. Cette proposition est d'autant plus vitale que les titres-restaurant représentent 10 à 20 % du chiffre d'affaires des commerçants de bouche, et jusqu'à 40 % dans les zones d'entreprises. Par ailleurs, le double plafond est une solution de compromis concédée par la restauration qui permettrait de concilier la liberté d'utilisation des titres-restaurant dans les différents canaux de distribution – restauration et grande distribution – tout en préservant l'objet initial et la nature de ce dispositif, ainsi que l'équilibre de son ouverture aux différents secteurs".
Alors que le secteur enregistre des marges historiquement faibles (3 %) et une hausse des défaillances d'entreprises, la réforme actuelle accentue la pression économique sur les restaurateurs. Le maintien définitif de l’utilisation des titres-restaurant en grande surface, initialement temporaire, est perçu comme une menace directe. « Leur part de marché est passée de 22,4 % à 31,2 % en deux ans, privant les restaurateurs d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires », soulignent les syndicats dans un communiqué commun qui ajoutent : « La pérennisation de l'usage des titres-restaurant en grande surface est autant inacceptable que dangereuse pour l'équilibre du dispositif et la santé économique de nos entreprises et de notre secteur ». Cette dérogation, initialement temporaire et justifiée par une inflation de + 6,8 % en 2022, devient définitive alors que l'inflation est retombée sous les 2 %. Elle constitue un cadeau injustifié à la grande distribution au détriment des restaurateurs. Les organisations appellent désormais les parlementaires à se saisir du dossier pour rééquilibrer une réforme qui, en l’état, méconnaît les enjeux vitaux du secteur.
Plongez dans une nouvelle ère pour la boulangerie mondiale !
