Columbus café & Co nicolas Riché - à propos du coronavirus snacking
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#snackingunited. Nicolas Riché, Columbus Café. 'un plan d'action clair auprès des franchisés'

2 Avril 2020 - 11390 vue(s)
Notre invité, pour ce 4e rendez-vous quotidien, "La Parole à...", est Nicolas Riché, aux commandes de l'enseigne Columbus Café et de ses 220 coffee shops en France et à l'international. Le PDG de la chaîne explique la manière dont il a pris connaissance des obligations de confinement, sa vision de la crise et partage sur snacking.fr, les mesures mises en place.

Qui est Columbus Café & Co et vos projets avant crise sont-ils maintenus ?  

Columbus Café est la 1re chaîne française de coffee shop avec 200 cafés et 100M€ de chiffre d’affaires sous enseigne. Également 20 coffee shops à l’étranger. Nos projets pour 2020 et les années à venir sont pluriels. Poursuivre, bien sûr, notre maillage en France, à raison de 35-40 ouvertures par an tout en réussissant à transformer notre développement international notamment au Portugal, en Israël, au Canada ou encore en Pologne. Autre voie, l’extension de la marque Columbus Café en GMS. Après les capsules de café compatibles Nespresso, Dolce Gusto, nous avons signé un accord de licence avec le groupe JDE (L’Or, Jacques Vabres etc…) pour lancer des capsules Tassimo en mai. En ce même mois, nous attaquons un nouveau marché, celui des boissons prêtes à boire et pas mal d’autres projets d’envergure mais encore confidentiels pour le moment. L’autre grand chantier des mois à venir est le bon développement de l’enseigne de restauration végétale canadienne, Copper Branch, dont nous venons de signer la master franchise pour l’Europe et les pays du Golf. Ces projets avant crise, sont évidemment toujours d’actualité. 

Comment avez-vous réagi aux annonces de nos gouvernants sur la crise et ses incidences ? Et quelles ont été vos premières décisions ?  

Les jours précédents, j’étais à l’étranger pour notre développement. Mal à l’aise, loin de ma famille, loin de mes équipes alors que la crise évoluait vite en France et l’information était approximative et fluctuante. Le 13 mars, j’ai décidé d’avancer mon retour. J’ai appris la fermeture des commerces dans l’avion. Je suis arrivé le dimanche 15 à 6 h du matin. Paris dormait mais j’étais déjà dans les turbulences des heures à venir. En premier lieu, il a fallu accuser le choc, puis envisager l’étendue du cataclysme, pour nos franchisés, mes collaborateurs, nos partenaires. Comment préserver la santé de chacun ? Comment préserver nos activités ? Beaucoup d’échanges téléphoniques ce dimanche, avec mon équipe, nos conseils, nos partenaires et fournisseurs. Nous avons défini un plan d’actions que j’ai adressé à l’ensemble des franchisés et collaborateurs. Une note pour expliquer l’arrêté du 14 mars, son cadre, nos droits, nos devoirs et pour détailler les mesures que nous recommandions. Comment nous imaginions mettre à l’abri physiquement et financièrement le réseau Columbus au sens large. Mi-février, nous avions déjà anticipé certaines actions, constitué un stock de gel hydroalcoolique et de masques pour tous les baristas, imaginé certains scénarii si l’épidémie nécessitait un confinement total. Nous avons offert ces masques aux hôpitaux depuis. 

Pourquoi fermer l’ensemble de vos enseignes alors que la restauration livrée et à emporter restaient de celles qui pouvaient fonctionner. Envisagez-vous d’en rouvrir certaines ? 

Nos franchisés n’ont pas tous fermé leur Columbus. Nous les avons informés sur le cadre légal concernant la « vente à emporter » et leur avons proposé des outils pour les aider à le respecter (affichette, marquage au sol, etc.). C’est notre responsabilité de franchiseur que d’accompagner nos franchisés ; c’est encore plus vrai en cas de crise. Je pensais que les Columbus situés en centre-ville pourraient conserver une activité à emporter suffisante pour justifier le maintien de l’ouverture de certains points de vente, compte tenu de la proximité de bureaux. Nous avons aussi étudié comment nous pourrions mettre en place la livraison alors que nous n’en faisons pas et n’en avions jamais fait. Le 16 au soir, nous avons fait un bilan avec les exploitants restés ouverts. J’avais tort. Le constat était cinglant, pas ou quasi pas de chiffre. Il était clair que, dans ce contexte, les clients ne venaient pas chez Columbus. L’annonce du confinement général a fini de convaincre l’ensemble des franchisés qu’il était impossible de rester ouvert. Notre concept ne s’y prêtait pas. Nous réalisons 80 % de notre chiffre d’affaires sur place. Pour la plupart des Columbus il s’agit de presque 100 %. Nous sommes un lieu de vie, un café de quartier, pas un commerce alimentaire de première nécessité. Même si pour moi, le café du matin avec une cuillérée de miel c’est essentiel ! C’est mon café de l’ours… 

Avez-vous placé vos collaborateurs en chômage partiel dans tous vos commerces ? 

Oui et c’est crucial pour la pérennité de chaque exploitation. Une entreprise qui n’a plus de revenu doit adapter ses charges. Les salaires sont la première charge en restauration. Je dis bien les salaires et non les salariés. Le chômage partiel est le cadre légal qui permet d’adapter les salaires à l’activité réelle, en évitant des licenciements en cascades. Le chômage partiel va permettre de préserver les salariés : la première richesse de l’entreprise. Il doit être utilisé ainsi. Ce cadre légal a été adapté aux circonstances exceptionnellement graves que nous vivons et à notre activité. Il a été simplifié, plus rapide à mettre en place, traitant plus du cas général que des cas particuliers. Je n’ai pas d’inquiétude quant à la mise en place de cette mesure ni dans son contrôle. Les abus, les cas particuliers, seront traités par les Direccte - ce cas de figure est parfaitement adapté à la situation que nous vivons. En ce qui concerne nos succursales ou le siège, tous les collaborateurs percevront 100 % de leur rémunération. J’ai la chance de pouvoir prendre cet engagement. Je suis certain que tous nos franchisés qui auront la trésorerie nécessaire, le prendront également. 

Quels vont être, selon vous, les effets de cette crise inédite sur la profession ? 

Sans précédent pour toutes les professions.... 50 % de la population mondiale est confinée en ce moment ! Je me nourris de ce que je vis, de ce nouveau quotidien, plus altruiste, du sens de la responsabilité qui se développe, aussi des faux amis qui se révèlent. J’ai besoin de temps pour digérer et comprendre. J’ai bon espoir que cette période particulière soit propice à l’émergence d’idées pour de nouveaux projets. Reparlons-en. 

Si vous aviez des conseils à transmettre à des nombreux restaurateurs  ?  

Question difficile car chaque enseigne a son propre mode de fonctionnement et je n’aurais pas la prétention de donner des conseils aux autres, d’autant que je suis plus dans l’action que dans les discours.  La grande force de notre réseau est la proximité entre nos franchisés et nous.  On se bat pour garder cet ADN, malgré notre développement. Donc je dirais : soyez à l’écoute de chacun. Partagez aussi avec vos salariés, votre bailleur, vos fournisseurs. L’entraide est réelle. Nous sommes tous intimement liés dans cette crise, chacun dépend des autres. Nous ne la traverserons pas sans un effort global et civique, une dynamique collective. C’est la fin de l’individualisme, de l’égoïsme. C’est une excellente nouvelle. 

Comment envisagez-vous cette sortie de crise ? Un ralentissement dans vos projets de développement ? 

Il y aura bien sûr des dégâts. Pour éviter l’effet domino nous devons assumer notre responsabilité individuelle comme un acteur de l’économie locale. A date, je considère que nous avons toutes les chances de sortir plus forts de cette crise. Les mesures économiques prises par le gouvernement sont adaptées, pragmatiques, exceptionnelles. Elles sont fortes en Europe comme dans la plupart des pays touchés. L’évolution des comportements, liée à la prise de conscience que « le commerce » doit d’abord être local, est très positive. Pour toutes ces raisons, l’économie va repartir autrement, la crise aura remis l’église au milieu du village. Mon enjeu ne sera pas de ralentir nos projets mais d’adapter notre stratégie en tenant compte de ce nouvel environnement.

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