Steak'n Shake Hervé Poirier à propos du corona virus en france pour france snacking
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#snackingunited. Hervé Poirier, CEO de Steak'n Shake 'l'endettement généré va ralentir les ambitions'

5 Avril 2020 - 7874 vue(s)
Aux commandes de 26 restaurants Steak'n Shake en France, Hervé Poirier, CEO de la chaîne partage, sur snacking.fr, la manière dont l'enseigne traverse cette crise inédite du corona virus Covid-19. Il espère bien que la réouverture sera un moment festif qui viendra répondre à la longue frustration des clients.

Qui est Steak’n Shake ?

Avec 26 restaurants en France, et 10 ouvertures en 2020, l’enseigne américaine prône des valeurs résolument françaises et porte haut les couleurs du burger gourmet. Les produits de qualité sont les ingrédients de notre succès. A travers eux, nous rendons hommage à la France : notre viande, notre pain ou notre glace artisanale sont français. Nos racines qui prônent les produits premiums, s’épanouissent également avec le Potager de Sardar Biglari, notre ferme dans le sud de la France qui fournit certains de nos restaurants en fruits et légumes locaux d’exception. Pour les 4 ouvertures prévues entre fin mars et début mai, et les 200 embauches inhérentes à ces 4 établissements, elles sont retardées maintenant de plusieurs mois. Le calendrier de notre développement sera perturbé sur au moins les cinq prochains mois.

Comment avez-vous réagi aux annonces de nos gouvernants. Et quelles ont été vos premières décisions ? 

Les annonces du gouvernement m'ont paru très légitimes. Le manque d'anticipation était cependant inadmissible. Annoncer la fermeture de nos établissements un samedi soir à 20 h 00 sans aucun préavis !!! Steak N Shake ne travaille que des produits frais, nos frigos étaient pleins comme beaucoup d'autres restaurants. Nous déplorons cette précipitation. Si une décision avait été annoncée le mercredi, nous demandant de fermer le vendredi ou le samedi suivant, cela nous aurait permis d'éviter les dizaines de milliers d'euros perdus de marchandises. Notre première décision était de maintenir la livraison à domicile ainsi que les "Drive" pour écouler un maximum de marchandise. Dimanche soir, devant le défilé incessant des livreurs Uber Eats et Deliveroo, j'ai pris la décision d'arrêter toutes activités afin de protéger et de ne pas exposer ni nos salariés, ni les personnels des plateformes de livraison à tout risque de propagation. La mesure de notre responsabilité devant cette épidémie a pris la première place de toutes nos préoccupations. La santé de tous est devenue notre priorité exclusive. Dès lundi, nous avons travaillé avec tous nos partenaires afin d'amortir le choc et d'arrêter la machine de production.  

Envisagez-vous d’en rouvrir certaines ?

Oui nous le souhaitons. Nous avons travaillé et validé un protocole qui met en sécurité nos clients ainsi que nos collaborateurs. Cependant, l'environnement, depuis la semaine dernière, a bien évolué. Les rues sont désertes, les contrôles se durcissent, le confinement a pris le pli. Il y a de moins en moins de livreurs Uber Eats ou Deliveroo et beaucoup de nos salariés ne souhaitent pas prendre le risque, ni pour eux ni pour leurs proches, de revenir travailler. Nous nous tenons prêts pour être les plus actifs possibles, dès que la situation aura évolué. 

Quelles sont les mesures prises concernant le chômage partiel ou encore les plans de trésorerie ?

Nos demandes de chômage partiel avaient été faites avant l'annonce de la fermeture de nos activités par le gouvernement. Nos business étaient déjà impactés, de sérieuses baisses d'activités étaient déjà enregistrées très souvent dues à l'annulation d'événements majeurs. Pour la plupart elles ont été acceptées à 100 %. Pour les établissements disposant d'un "drive", les demandes ont été partiellement acceptées. Concernant le financement de nos trésoreries, nos banquiers ainsi que la BPI n'ont eu des informations officielles que tardivement. Nous avons commencé à obtenir des éléments et des orientations seulement en fin de semaine dernière. Dans certaines conditions, nous obtenons de l'aide. Pour les établissements très récemment ouverts, sans historique, l'exercice s'avère très compliqué.

Quels vont être, selon vous, les effets de cette crise ?

Pour ceux qui disposent de trésorerie, ils pourront certainement garantir leur survie. Mais aucun effort d'investissement ou de développement ne pourra alors être envisagé. L'endettement généré par cette situation va ralentir les ambitions pour une certaine période. Beaucoup d'échéances sont repoussées, la dette est rediscutée. Mais rien ne sera gratuit et il faudra rembourser cette situation pour laquelle nous n'avons réalisé aucun chiffre d'affaires. Les inquiétudes se portent également sur toutes les activités parallèles qui vivent de nos exploitations. Tous les contrats ont été suspendus, des factures de fournisseurs mises en attente, des loyers non réglés... 

Si vous aviez des conseils à transmettre à des nombreux restaurateurs ? 

Les conseils que nous suivons aujourd'hui sont ceux pratiques qui émanent de nos comptables, de nos avocats et des syndicats professionnels. Nous les suivons scrupuleusement. Ils n'enlèvent aucune inquiétude pour autant. Nous ne connaissons toujours pas la date de sortie de cet épisode, ni la date de paiement les aides sociales de l'état. Les propriétaires de fonds de commerces se montrent déjà pressants. Aucune inquiétude ne peut être écartée. Cette situation nous ramène à des valeurs fondamentales : nos proches, la santé, des valeurs de survie. Ma plus grosse inquiétude était de prendre une décision qui aurait pu favoriser la propagation de ce virus d’où celle de baisser le rideau de nos 26 établissements, nos bureaux et notre académie et de protéger la santé d’un maximum de personnes. Depuis, nous sommes à l'affût de la moindre information qui nous donnera un souffle d'espoir. 

Comment envisagez-vous cette sortie de crise ? La préparez-vous ?

J'ai envie de penser que la réouverture de nos restaurants va être un moment festif, qui viendra répondre à la longue frustration de nos clients. Les Français resteront, je l'espère, en France cet été. Les touristes étrangers malheureusement resteront sans doute également chez eux. Les événements annulés ou repoussés ne seront sans doute pas à la hauteur habituelle.

Nous nous préparons à pouvoir réouvrir dans les meilleurs délais. Nous ne travaillons que des produits frais, il faut donc relancer notre production de pain, de viande fraîche, nos approvisionnements en fruits et légumes... Nous anticipons une forte activité de redémarrage, mais à une saison plutôt modeste. Les dommages causés par cette crise vont être nombreux et peut-être inattendus. Pour les plus évidents, ils viendront du marché bancaire avec une inévitable frilosité, de nos fournisseurs qui vont répercuter des coûts ou des pertes, de partenaires et fournisseurs qui n'auront peut-être pas survécu financièrement à cette crise.

L'effort de remboursement par nos structures des charges ultérieurement reportées vont évidemment contraindre certains de nos projets de développement. Beaucoup de ces conséquences seront surmontables mais nous ne sommes pas encore conscients du temps que cela va prendre.

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Commentaires (2)
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Par MICHELE KASSAI le 06/04/2020 à 17:40
super problème très bien vu !! excellente réaction
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Par LANG le 06/04/2020 à 20:46
Annoncer la fermeture de nos établissements un samedi soir à 20 h 00 sans aucun préavis, est significatif d'incompétences ! Bon courage pour la reprise
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