O'Tacos. Stéphane Chérel Général Manager décrypte la crise du covid-19 pour snacking.fr
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#snackingunited. Stéphane Cherel, O'Tacos '115 restaurants proposent la livraison et 35 lancent la VAE'

27 Avril 2020 - 6015 vue(s)
Pour Stéphane Cherel, Général Manager de O'Tacos, à la tête de 250 restaurants, cette crise a surpris tout le monde par sa violence. Si dès le début une petite partie de son réseau est restée ouverte à la livraison, aujourd'hui 115 établissements la proposent. Et 35 viennent à peine de reprendre la vente à emporter au prix de mesures draconiennes de sécurité. Il est l'invité de notre chronique quotidienne "La parole à..."

Que représente O'Tacos en France et quels étaient vos projets avant crise ? 

O’Tacos est une marque de Kharis Capital qui en est l’actionnaire majoritaire depuis Juillet 2018 aux côtés des 3 fondateurs, toujours au capital. Kharis Capital gère des partenariats d’investissement dédiés aux family offices dont l’activité principale est une plateforme de développement axée sur la restauration rapide. A date ce sont 980 restaurants opérés sous 4 marques (propriétaire de marque ou master franchise) dans 6 pays européens (Benelux, France, Allemagne, Autriche, Italie et Pologne).

L’enseigne O’Tacos, remonte à 2011 à Bordeaux puis le lancement de la franchise en 2013 à Paris. Le succès repose sur un rapport quantité prix sans égal sur le secteur, une personnalisation de l’offre maximale (20 millions de combinaisons possibles) et une communication innovante sur les réseaux sociaux faisant de l’enseigne, celle la plus suivie en France avec plus de 2,6 millions de followers sur les différents réseaux. L’enseigne O’Tacos c’est aujourd’hui 250 restaurants répartis en France (215 ) et au Benelux (35), soit un total de 190 M€ sous enseigne. Le développement de l’enseigne se poursuit (jusqu’au COVID !) à un rythme de 60 ouvertures par an en France (principalement en province) et au Bénélux (avec un développement désormais prioritaire sur la partie Flamande, la partie Wallonne étant quasi couverte), l’Allemagne ouvrant début Juin ainsi que les Antilles Françaises (ouvertures d’un 3e et 4e restaurant à La Réunion au second semestre 2020 et la signature récente d’un contrat multi franchise à la Martinique, Guadeloupe et Guyane). 

Comment avez-vous réagi aux annonces de nos gouvernants et quelles ont été vos premières décisions puis celles prises durant les 6 semaines ?  

Déjà début mars, compte-tenu de l’expérience du groupe en Italie (nous y opérons 220 restaurants), nous nous attendions à une fermeture imminente. Celle-ci a montré à date que c’était le seul moyen efficace de ralentir l’épidémie. Nous avons anticipé dès début mars, la nécessité de fermer notre siège et de passer en télétravail. L’incertitude initiale reposant sur l’autorisation ou non de maintenir une partie de l’activité nous ont amenés à fermer nos restaurants à l’exception du canal de livraison (principalement en Ile-de-France là où ce marché est le plus mature). Avec un CA très fortement réduit, nous nous sommes concentrés sur les actions à prendre sur l’ensemble des lignes de coût de notre compte d’exploitation et celui de nos franchisés. Parmi les premières, les frais de personnel avec l’activation du chômage partiel.      

Vous avez donc conservé une activité livraison. Quid de la vente à emporter ? Et envisagez-vous, après 6 semaines de rouvrir la totalité des restaurants  ? 

En effet nous avons conservé le canal de livraison, là où le CA généré permettait financièrement de couvrir une partie ou tous les frais d’exploitation et nous avons élaboré immédiatement une procédure sanitaire, qui, cumulée à celles des plateformes de livraison, permettait et garantissait la sécurité des employés, des livreurs et des clients. Cela concernait une cinquantaine de restaurants qui ont poursuivi leur activité de livraison. Pour autant, la configuration de nos restaurants et le flou existant sur la transmission du virus n’offraient pas toutes les garanties pour nous permettre de conserver la vente à emporter. Aujourd’hui 115 restaurants sont ouverts sur le canal de la livraison et depuis 10 jours, suite à la mise en place d’une procédure opérationnelle spécifique à la Vente Emporter garantissant les gestes barrières, 35 restaurants ont relancé cette activité. 

Avez-vous placé vos collaborateurs en chômage partiel dans tous vos commerces et sur le volet trésorerie, une action auprès de vos banques et de vos bailleurs ?

Nous avons senti rapidement que certaines enseignes de la profession avaient quelque peu abusé du sujet. Ce qui a fait planer un vrai doute sur tout le secteur ; nous risquions TOUS de ne pas obtenir le chômage partiel. Le travail avec des avocats spécialisés nous a convaincus que la clé résidait dans la pertinence et qualité des demandes. Il fallait notamment étayer de manière précise et chiffrée les motifs de ces procédures. Nous avons accompagné nos franchisés en ce sens. Toutes les demandes du réseau à date ainsi que celle faite pour le siège ont reçu un agrément des Direccte concernées. En parallèle, nous et nos franchisés avons sollicité nos banques respectives pour décaler nos remboursements d’intérêts et monter le prêt BPI garanti par l’Etat. Pour les loyers, la configuration de notre parc (majoritairement en centre-ville) nous amène à des négociations individuelles avec des bailleurs majoritairement privés. Pour nos restaurants en centres commerciaux, nous avons rejoint une action collective pour nous défendre et garantir les intérêts de nos franchisés face aux foncières.

Si vous aviez des conseils à transmettre et comment envisagez-vous la sortie de crise ?

Gardez vos équipes impliquées et motivées même en chômage partiel, maintenez-les informées de vos actions, de votre stratégie de relance et de ce que vous mettez en place pour garantir leur emploi et leur santé. La sortie de crise sera progressive, d’ailleurs la réouverture de la restauration dans la province du Wuhan le montre :  les CA au mois de réouverture étaient en deçà de 50 % et n’ont encore guère évolué. Nous nous devons donc nous aussi de réamorcer nos affaires progressivement (en continuant à faire appel au chômage partiel, en garantissant les aides de trésorerie, en réduisant ses charges fixes). Par ailleurs, nous venons de finaliser un plan de relance.  

Un ralentissement dans vos projets de développement ?

Evidemment, notre plan de développement 2020 de 60 nouveaux restaurants (6 déjà ouverts) va être ralenti malgré déjà une douzaine d’établissements prêts à ouvrir (Cherbourg, Saint Raphaël, Montargis, Rambouillet…) ou en travaux (Epinal, Angoulême, Brive, Aix La Chapelle en Allemagne et 3 autres en Belgique). En effet tant que les prêts bancaires et les services de l’urbanisme seront à l’arrêt, nos projets de développement ne pourront récupérer le retard pris.

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