Plante herbacée de la famille du millet, le fonio est probablement la plus ancienne céréale cultivée en Afrique. Depuis plusieurs millénaires, elle nourrit les peuples des savanes, du Sénégal au Tchad, grâce à son excellente adaptation aux sols arides et sableux. La popularité de cette plante extraordinaire s’étendait jusque dans l’Égypte ancienne, où des graines ont été retrouvées dans les tombes des pharaons. Aujourd’hui encore, il s’agit d’une nourriture traditionnelle, noble et festive pour de nombreuses ethnies du Sahel. Ainsi dans la mythologie des Dogons du Mali, l’univers a été créé à partir d’un seul petit grain de fonio. C’est d’ailleurs cette taille minuscule du grain, qui a contribué à son progressif oubli, au profit des riz, maïs et blé. Redécouvert récemment, pour ses qualités nutritionnelles et écologiques, le fonio a désormais sa journée internationale le 27 juillet. En 2018, l’UE le déclare officiellement « aliment sain et innovant ». En 2019, une étude du WWF l’inclut parmi les « 50 aliments du futur, excellents pour le bien-être de la planète et des hommes ».
Cette céréale africaine est source de nombreux bienfaits pour la santé. Sa notoriété récente vient notamment de ce qu’elle ne contient pas de gluten. Très digeste et d’une bonne valeur nutritionnelle, le fonio est pauvre en lipides. Source de protéines et notamment d’un acide aminé essentiel pour l’homme, il est particulièrement intéressant dans le cas d’un régime végétalien. Apport glycémique bas, facilitateur du transit intestinal, bon fonctionnement des systèmes nerveux et immunitaire… ses apports sont nombreux. Son utilisation en cuisine est tout aussi intéressante. Les petits grains au goût de noisette, ressemblent à de la semoule et se cuisent facilement, à l’eau, à la vapeur ou au micro-ondes, pour réaliser couscous, taboulé, salades, poke bowls, boulettes, beignets, porridge… Sous forme de farine, il permet de confectionner pâtisseries, galettes, granola ou flans. Et chaque fois, comme le dit l’adage populaire africain, « le fonio ne fait jamais honte à la cuisinière ».
Cette céréale « mineure », qui commence à se faire connaître, a bien des atouts. Éligible aux régimes végétaliens et sans gluten, elle s’inscrit dans l’air du temps. Alternative écologique, elle pousse en quelques semaines seulement, sans labour et avec très peu d’eau. Des qualités précieuses pour lutter contre les effets du réchauffement climatique et la malnutrition. Culture millénaire, elle est issue d’une région du monde, jusque-là méprisée pour sa cuisine et qui semble aujourd’hui faire l’événement. L’Afrique, devenue très tendance, nous apprend des recettes simples, saines, énergétiques, peu coûteuses, qui valorisent le végétal et se mangent dans la rue… Toute l’histoire du snacking moderne ! Pour toutes ces raisons, le fonio pourrait bien voir sa consommation exploser en France et dans le monde, en suivant le glorieux chemin du quinoa. Son exploitation africaine étant désormais largement poussée par les exportations. Reste que l’on peut s’interroger sur le bilan carbone que son importation représente. Un comble pour cette « graine de l’univers », de devenir source d’un désastre écologique.
Une idée extraite du Carnet d’Inspirations Culinaires CATE Marketing.
Retrouvez cette chronique dans le tout dernier magazine France Snacking FS64 qui vient de paraître.