Il a été parmi les premiers à y croire en France en 2017 au potentiel des restaurants digitaux, comme il les appelle ! Ces cuisines fantômes tournées exclusivement vers la livraison et les plateformes. Bien lui en a pris puisque ses premières marques lancées, notamment Out Fry pour sa Korean Fried Chicken cuisine ou encore Mission Saigon pour la Viêt Kitchen, se sont installées parmi les best-sellers chez les agrégateurs auxquelles s’est ajouté ensuite A Burger. Ce qui lui a permis d’affiner son modèle et de multiplier ses antennes à Paris, Lille, Versailles, Bordeaux, Londres, Brighton ou encore Madrid où il annonce au total près de 50 restaurants digitaux au compteur. Mais l’heure est déjà venue de passer à l’étape d’après, nous confie Anton Soulier : « En 2017, nous avions déjà 3 ans d’avance, nous regardons déjà vers demain et avons choisi dorénavant un développement aux côtés des restaurateurs indépendants qui sont autant de relais régionaux et le futur du modèle ». Le spécialiste des dark kitchens veut aujourd’hui valoriser et booster, via la licence de marque, son dispositif qui a fait son succès fondé sur des marques fortes, une supply chain sophistiquée et un outil technologique à la pointe.
En 4 ans, la startup de cet entrepreneur tout droit venu des chez Deliveroo, a pu éprouver le modèle mais surtout affiner ses outils de gestion de datas et muscler ses équipes. « C’est la clé de la réussite non seulement pour bien gérer l’activité livraison dans toutes ses dimensions depuis les approvisionnements automatisés, aux différents process jusqu’aux algorithmes de prévisions de vente », explique Anton qui indique avoir particulièrement peaufiné toute la chaîne de valeur avec dernièrement l’intégration des différentes plateformes sur une seule tablette. Fort d’un dispositif complet et d’un package clé en main, le projet de Taster est aujourd’hui, tout en conservant ses cuisines actuelles (qu’il ne souhaite plus développer), d’aider les restaurateurs à réussir leur transition digitale et à tirer le meilleur de la livraison en profitant d’économies d’échelle. L’idée est de créer un cercle qui soit vertueux pour les deux parties : aux professionnels de générer des marges additionnelles rapidement tout en s’appuyant sur leur cuisine actuelle tout en profitant de tout l’écosystème de marques qui ont fait leur preuve et, à Taster, d’amener ces mêmes marques dans des géographies où l’opérateur n’est pas présent en s’appuyant directement sur des professionnels de la restauration.
Sur les 50 restaurants digitaux annoncés par Taster à fin 2020, 25 sont en France dont une dizaine déjà sous licence à Paris 13e, Lille, Versailles, Bordeaux en quelques mois. « Nous avons choisi des entrepreneurs qui nous ressemblaient, ouverts et qui souhaitaient s’inscrire dans un mouvement de mutation du marché dans lequel ils ont bien compris qu’ils avaient toute leur place pour proposer une activité additionnelle à leur business traditionnel ». Le principe consiste, après avoir visité leurs cuisines et formé leurs équipes entre 1 et 4 jours au sein des laboratoires de Taster, d’implémenter les marques maison au sein même de leur propre cuisine. Contre un ticket d’entrée de 2 000 € (intégrant les outils, la formation, et le service d’interconnexion aux plateformes ainsi que l’accompagnement au lancement), puis une commission sur chaque commande (qui comprend déjà la quote-part négociée avec les plateformes), le spécialiste des marques virtuelles s’occupe de tout depuis la livraison de 100 % des produits à la fourniture de toute la technologie qui va avec. Au restaurateur licencié ensuite d’être le porte-drapeau d’une ou de plusieurs griffes, et de délivrer une prestation fidèle au cahier des charges, à partir de 100 % de produits frais qu’il reçoit (jusqu’à la viande de chez Metzger) et qu’il remet en œuvre lui-même dans sa cuisine.
"J’aime faire l’analogie avec certaines chaînes de fast-food qui ont établi des marques fortes fondées sur des process et sur une expérience qu’elles franchisent. Mon modèle est calqué sur cette logique, mais avec des marques virtuelles qui ont prouvé leur efficacité".
A travers cette nouvelle stratégie, Anton Soulier compte bien accélérer la diffusion de ses marques en France en accompagnant les plateformes, partout où elles s’installent et en s’appuyant sur des ambassadeurs locaux. Il mise sur pas moins de 130 supplémentaires en 2021 dans ses 3 pays cibles dont une quarantaine en France. Taster qui a lancé également sa propre application de commande en direct à Londres, en test à Paris, compte bien également optimiser encore davantage tous les canaux de diffusion de ses marques tout en optimisant le modèle. A ses marques proposées au démarrage en licence, il devrait ajouter prochainement non seulement Dirty Vegan Burger mais aussi Bian Dang (Taïwan) et Stackando (sandwichs japonais) ainsi qu’une grande griffe en partenariat avec un influenceur important. Mais ça, c’est pour dans quelques semaines.