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Le travel retail, un marché d'opportunités qui s'est libéré, selon Gérard d'Onofrio

25 Mars 2019 - 2781 vue(s)
Dans le cadre de ses 10 ans, France Snacking a interrogé une vingtaine d'experts, de consultants, patrons de groupes et représentants professionnels qui ont donné leur point de vue sur la décennie et les défis à venir. Gérard d'Onofrio, directeur général de SSP France, Bénelux et Suisse est l'invité de snacking.fr et donne son point de vue sur la décennie passée et l'avenir du secteur.

Lorsque je jette un œil par dessus mon épaule (droite de préférence mais la gauche c’est tout aussi bien), je vois derrière moi un paysage qui a été profondément bouleversé depuis 10 ans. Là où nous avions autrefois une perspective étroite et un nombre de choix limités, nous voyons aujourd’hui une multitude d’options et de chemins qui s’ouvrent devant nous ; là où nous progressions dans un univers contraint et conservateur, se trouve désormais la nécessité de se renouveler et d’inventer chaque jour le futur de notre secteur ; là où régnaient la certitude et un certain confort, s’ouvrent désormais le champ des possibles et les risques nécessaires à l’aboutissement de succès.

L'arrivée de nouvelles enseignes

Voilà en quelques mots, comment je peux synthétiser l’évolution assez incroyable qu’a subi ce secteur d’activités en quelques années. Entrons un peu plus dans le détail et précisons donc les choses... D’abord le choix des marques et des concepts : je me souviens d’une époque où les seules marques reconnues du secteur de la restauration dite rapide étaient Paul et Brioche Dorée; on ne parlait pas encore de coffee shop et encore moins de fast casual; en conséquence des marques aussi emblématiques que Starbucks ou plus récemment Cojean, Exki ou Pret à manger n’avaient encore fait leur apparition. Mc Donald’s était déjà présent mais personne ne songeait encore aux burgers premium et au foisonnement du burger y compris dans les cartes de certains chefs étoilés. De nos jours Burger King vient taquiner l’empire Mc Do sur son terrain, et de nouvelles enseignes s’invitent dans la cour des grands comme Five Guys, Big Fernand et demain Carl’s junior. Je ne peux citer toutes les enseignes qui ont émergé ces dernières années, mais la liste est longue et s’enrichit encore chaque année.

Des réponses à un consommateur qui change

Cette richesse a évidemment ses conséquences sur le comportement du consommateur : d’une attitude plutôt conservatrice, celui-ci est devenu plus exigeant et friand de nouvelles expériences et des nouvelles tendances de consommation. Le sain, la qualité des produits, les circuits courts, la tendance artisanale et bien entendu le fameux « sense of place » sont les mots clés qui guident ses choix. Cela a bien entendu énormément influé sur le choix que font les opérateurs que nous sommes dans la composition de leur portefeuille de marques: et même si nous essayons de rester prudents dans notre approche, il va sans dire que nous devons coller aux évolutions du marché sous peine d’être décalés et de nous marginaliser très vite. Mon point de vue personnel est que toutes ces évolutions, si elles ne sont pas exemptes de risques, créent également des opportunités qu’il nous faut saisir. Les grands bailleurs institutionnels que sont les opérateurs de centres commerciaux, mais aussi la SNCF, la RATP/Promométro (RATP Travel Retail aujourd'hui), Aéroports de Paris ou les aéroports régionaux ont parfaitement intégré ces changements et poussent à des degrés divers au même mouvement dans leurs périmètres respectifs.

Une saine compétitivité 

Autre évolution fulgurante pour les opérateurs multi marques évoluant dans les secteurs des transports : le changement de profil de nos interlocuteurs. Les équipes ont radicalement changé pour muter d’un profil souvent technique vers le marketing et le commercial; le sujet est désormais d’optimiser l’espace et de créer les conditions les plus propices au développement commercial dans les différents univers; on est donc loin du temps où l’architecture était prépondérante au détriment d’une activité commerciale communément considérée comme vulgaire, voire secondaire. Le revenu issu des commerces est souvent aujourd’hui la première source de revenu de ces grands bailleurs institutionnels, ce qui favorise l’émergence de lieux de restauration mais entraîne une exigence financière croissante. D’un marché bloqué et sclérosé par les habitudes, ont surgi comme une vraie libération les mises en concurrence et une saine compétitivité.

La recherche de l'excellence 

Il nous faut donc nous améliorer sans cesse si nous voulons croître et survivre dans cet univers qui devient de plus en plus contraignant. La recherche de l’excellence doit être déclinée à tous les niveaux de nos structures, et flexibilité et agilité doivent désormais être les maîtres mots de nos comportements. Certains diront, comme toujours, que c’était mieux avant ; d’autres que la pression financière est trop forte ou bien que ces changements constants nous font marcher dans des sables mouvants. En ce qui me concerne, malgré une activité toujours plus sensible à notre environnement sociétal régulièrement marqué par des soubresauts de grève, d’attentats ou de « gilets jaunes », je crois profondément en notre capacité à surmonter les difficultés et à tirer partie des opportunités qu’offre un marché libéré de ses vieilles contraintes. Le meilleur reste à venir...

 

 

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