Avant le 1er confinement, Pret A Manger accueillait uniquement ses clients dans ses restaurants. Aujourd’hui, nous proposons avec succès des nouveaux services tels que le Click & Collect et la livraison, que nous allons d’ailleurs renforcer dans les tous prochains jours avec Deliveroo. Nous travaillons aussi sur d’autres projets qui vont élargir nos capacités commerciales. On ne peut évidemment plus rester tributaires de la seule activité in-shop. Cette démarche vers la digitalisation de nos services et vers nos clients en dehors de nos restaurants, est une modification profonde de notre business model établi depuis des décennies. Cette crise a bousculé Pret A Manger et je vois là une fantastique opportunité.
On ne peut pas comparer la France à l’Angleterre. Nous n’avons pas prévu de fermer de nombreux établissements, pour reprendre vos termes, même si la situation est évidemment très tendue, comme pour beaucoup d’enseignes je suppose. Comme je le disais précédemment, Pret A Manger a déjà commencé à se réinventer avec des services nouveaux. Nous avons par exemple lancé une carte café « 10 cafés/10 euros » en miroir à l’offre de nos collègues anglais qui proposent depuis septembre un abonnement mensuel pour une consommation quasi-illimitée. D’autres projets vont encore se concrétiser prochainement pour adapter notre offre à cette démarche nouvelle dont je parlais.
Comme tous les restaurateurs de France, nous subissons ce deuxième confinement et les contraintes arbitraires qui nous sont imposées. A-t-on vraiment le choix ? Mais la situation est véritablement catastrophique en dépit des aides que le gouvernement a mis en place. Qui peut croire que les seules activités de VAE et de livraison suffisent à arrêter l’hémorragie, même en restauration rapide ? Le problème des loyers, toujours pas résolu, l’impact du télétravail, de l’absence de touristes, de la fermeture des autres commerces et des lieux de culture, l’absence de voyageurs en gares et aéroports, etc. sont autant de coups de massue que l’on reçoit chaque jour. Mais il faut continuer d’exister et se battre pour préserver la qualité de nos prestations pour nos clients et protéger nos équipes. Je résumerai notre plan d’urgence en deux points : optimiser notre trésorerie pour tenir jusqu’au bout de cette crise d’une part, et garder notre énergie positive et notre optimisme d’autre part. Les deux sont absolument vitaux. Je suis impressionné par le calme et la résilience de nos équipes, mais plus encore par leur envie viscérale de se projeter au-delà de cette crise et de construire le futur. Notre véritable force est là, et je les en remercie du fond du cœur.
Tous les changements stratégiques dont j’ai parlé ont été initiés dès le premier confinement. De ce point de vue, cette seconde fermeture administrative ne change rien. D’ailleurs grâce à cela et même si la situation est catastrophique, nous sommes dans une bien meilleure posture, si j’ose dire, aujourd’hui qu’en avril dernier. En revanche, ces confinements successifs ont ralenti la mise en place de notre stratégie de franchise. En effet, alors que nous avions décidé cette orientation fin 2019, nous sommes obligés de reporter nos premières ouvertures en franchise en centre-ville en 2021.
Je crains malheureusement que beaucoup d’entreprises ne soient déjà exsangues et aient du mal à tenir. Il faudra que la reprise soit forte et rapide pour apporter le chiffre d’affaires nécessaires à leur survie. On peut l’imaginer pour plusieurs raisons. Mais je redoute cependant, pour la restauration, que les conséquences économiques de cette crise sans précédent se fassent ressentir tout au long de 2021, voire au-delà. Par ailleurs, le marché devrait se modifier structurellement. Je n’imagine pas, en effet, que tout ce que la crise a changé en nouvelles habitudes de travail et de consommation, par exemple, ne s’efface soudainement. Il en restera inéluctablement quelque chose et nos entreprises devront s’adapter. En ce qui nous concerne, j’ai totalement confiance dans la capacité de Pret A Manger à savoir s’adapter au marché de demain.
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