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La rapide s’emballe tirée par la France

14 Avril 2018 - 14988 vue(s)
Avec une croissance de la zone euro au plus haut depuis dix ans et une économie européenne qui a progressé, sur les 19 pays qui la composent, de près de 2,5 % selon Eurostat, tous les indicateurs sont au vert pour une restauration rapide en ébullition. Du côté des BIG5 que nous suivons, 2017 a été une année mouvementée avec la Grande-Bretagne qui a enclenché son divorce avec l’Europe, la Catalogne en pleine crise d’indépendance ou encore la France où Emmanuel Macron, élu Président, installe un climat d’optimisme. Outre ces événements géopolitiques, la météo a encore enregistré des records de chaleur. Dossier réalisé par Paul Fedèle avec Maria Bertoch de NPD pour l’Europe.

Page 1 : France, une reprise tonique pour la Rapide

Après une année 2016 de consolidation, la restauration affiche une reprise solide tant en fréquentation qu’en dépenses sur tous ses circuits. Plus que jamais le burger reste la star du moment tandis que la sandwicherie se réinvente, que le fast casual attire de plus en plus d’adeptes et que la restauration d’ailleurs marque son territoire face à un consommateur en attente de diversité, toujours plus zappeur et qui cherche plus que jamais à donner du sens à ce qu’il mange. Des signaux plutôt optimistes dans un paysage toujours plus concurrentiel où le digital et les agrégateurs bousculent tous les codes établis.

 

Le vent d’optimisme qui a soufflé sur la France, suite à l’élection présidentielle, accompagné d’indices économiques plutôt favorables, ont contribué à consolider une restauration qui va mieux et a enregistré un gain de 1,8 % en valeur. Avec des indicateurs qui ont tous viré au vert, c’est son meilleur score depuis 2011, nous indique l’étude annuelle NPD Group. Les clients ont été plus nombreux à manger hors domicile, tous segments confondus (+ 1 %). Mieux encore, la restauration traditionnelle avec service à table qui peinait depuis plusieurs années, a enfin relevé la tête en 2017 avec + 1 % de croissance en valeur, et + 0,4 % en fréquentation. Mais c’est la restauration rapide qui tire le gros lot avec plus de 80 millions de visites supplémentaires en totalisant 3,55 mds, soit une hausse de 2,3 %, 4 fois supérieure à la restauration traditionnelle. En valeur, c’est encore mieux puisque le marché de la rapide a gagné 3,7 %. Il pèse pour 68,8 % des visites de la restauration commerciale et 47,7 % des dépenses. « Les Français ont retrouvé le chemin des restaurants et le marché foisonne de nouveaux concepts surtout sur le segment fast casual », souligne Maria Bartoch, Industry Expert Foodservice chez NPD Group. Pour Bernard Boutboul, de Gira Conseil qui vient de publier son baromètre sur la VAC (Vente au comptoir), les orientations sont comparables avec + 2,36 % de repas servis pour une progression de 6 % en valeur du marché avec une contribution positive de tous les segments de la rapide. « Les gens sont de plus en plus mobiles, rentrent de moins en moins chez eux pour déjeuner et recherchent plus que jamais un bon rapport qualité prix et ce, quel que soit le circuit », indique l’expert qui note pourtant une hausse du ticket moyen de 3,5 % en rapide qu’il attribue à la montée en puissance d’un snacking premium et de constater, une redistribution des cartes au sein même de la vente au comptoir avec un transfert de la rapide économique vers la rapide premium.

Le fast casual en puissance

Ce segment qui a su trouver sa place entre la restauration traditionnelle et rapide, misant sur le frais, sur le fait minute, sur les nouvelles technologies, continue son déploiement sur tout le territoire, note CHD Expert qui tient un baromètre sur le sujet. Selon le cabinet spécialisé, il pèse 18 % des chaînes de la restauration commerciale (23 % de la rapide) et a connu une évolution positive de 33 % en 2 ans. Une effervescence qui se retrouve dans notre Top 50 des majors de la restauration (lire p. 48) qui a gagné 10 % en valeur à plus de 10 Md€ en 2017. Année après année, ces réseaux rejoignent ce classement avec l’entrée en 2017 de plusieurs d’entre eux dont Pitaya qui, avec ses 22 M€ de CA et ses 24 restaurants, accroche la 49e place devant Fresh Burritos, 19 M€ de volume d’affaires sous enseigne et 25 unités. D’autres, encore modestes en chiffre d’affaires, devraient vite apparaître au regard de leur dynamisme et des nombreuses ouvertures en cours d’année. Aux portes de ce palmarès, on aperçoit Pegast avec ses 34 adresses et ses 10 M€ de CA, Bchef qui aligne 29 restaurants (et 7 M€ d’activité) ou encore Bagel Corner qui a inauguré pas moins de 9 sites, réalisé 7,5 M€ de CA pour terminer l’année à 24 emplacements et 16 dans les tuyaux en 2018. Même punition pour Crêp’Eat qui reste en lisière du palmarès avec 23 unités au compteur et 8,5 M€ de CA au même titre que Dubble qui a accueilli 14 franchisés en 2017 sur les 21 sites répertoriés en fin d’année pour 3,8 M€ ou encore Boco avec ses 10 restaurants et 9 M€ d’activité (lire p. 24). Sur les 108 chaînes répertoriées par CHD Expert, 3 segments dominent sur le podium de la rapide : le fast-food (24 %), la sandwicherie (23 %) et le fast casual (23) %, suivis par la pizza RR (12 %) et la GMS/Proxi. Cette dernière a gagné selon l’étude VAC 2017 Gira Conseil, 3 % en valeur et 2,5 % en volume. Il faut dire que les grandes enseignes de la distribution qui ont bien saisi le rôle stratégique du snacking, multiplient les modèles et les formats. Carrefour, après Bon App ! expérimente une nouvelle génération de magasin Market (lire p. 40) ; Monoprix a poussé ses pions un peu plus vers la restauration avec La Cantine Monop’ Daily et Franprix redouble d’inventivité dans ces derniers modèles comme Mandarine Vitaminée ou Franprix Noé. Et leurs arguments pour effacer les frontières entre les circuits ne manquent pas : large gamme de produits manufacturés à marque propre ou marques nationales dans toutes les familles de produits, snackings chauds, jus de fruits frais pressés minute, plats traiteurs et rôtisserie, viennoiseries, coins café et places assises. Autant d’arguments pour séduire l’actif pressé du midi comme le solo du soir.

La multiplication des pains !

Toujours produit vedette, quoique concurrencé, le sandwich reste l’article le plus vendu en restauration rapide. Il s’en est écoulé en 2017 près de 2,39 Mds, soit à peine 1,7 % de plus qu’en 2016, selon les toutes dernières données Gira Conseil. En valeur, c’est + 5,09 % pour un marché estimé à 8,67 md€. Une hausse attribuée à son prix moyen qui a grimpé de 3,1 % (3,62 €). Autre indicateur référent, paru récemment pour le salon Sandwich & Snack Show, le fameux indice jambon-beurre qui enregistre de son côté, une hausse de 1,33 % des ventes avec 1, 21 Md d’unités englouties pour un prix moyen de 2,94 € (+ 0,38 %). Un sandwich aujourd’hui disputé par de nombreux circuits au premier rang desquels, légitimité oblige, les boulangeries. Entre 2012 et 2016, CHD Expert annonce une hausse de 16 % du volume écoulé et parle de 255 millions d’unités vendues en boulangerie sur l’année 2016. Si ces artisans sont devenus des acteurs majeurs de la restauration du midi avec un taux de pénétration du snacking de l’ordre de 95,6 %, la branche traverse une vraie crise identitaire tiraillée entre tradition et modernité. Aux professionnels artisanaux, plutôt urbains et qui souffrent de la désaffection des centres villes de plus en plus piétons, s’opposent des réseaux plus organisés. Ils trustent les zones périurbaines et jouent les aspirateurs de trafic avec des modèles de boulangeries ou panèteries de nouvelles générations avec parking, espaces de restauration et méthodes promotionnelles dignes de la grande distribution.

Vous avez du réseau ?

Premier de la classe, Marie Blachère qui totalisait fin 2017 pas moins de 421 boutiques avance, façon rouleau compresseur avec 55 ouvertures l’an dernier. Ses pratiques du 3 +1 offert sur une gamme de produits, la cuisson du pain toute la journée, ses bons plans permanents ont installé de nouveaux codes métier avec un snacking qui pèse entre 20 et 30 % de l’activité. L’enseigne qui revendique son savoir-faire boulanger multiplie les initiatives chocs comme les 50 % de remise sur la dernière demi-heure d’ouverture, les produits gourmands du mercredi à 1 €. Dans son sillon, Boulangerie Ange qui a dépassé la barre symbolique des 100 ouvertures et surfe sur les mêmes codes, insiste sur ses différences notamment avec l’utilisation des farines de cultures raisonnées. Dans ses derniers modèles, le réseau a généralisé les places assises, musclé ses propositions de restauration boulangère et professionnalisé son offre « café » autour d’une panoplie de boissons gourmandes. La marque qui veut parler aux millennials a aussi pris le tournant du digital en 2017 en investissant dans un large dispositif autour de la commande en ligne et du Click and Collect. Louise, 3e joueur du segment avec lui aussi 100 magasins au compteur, s’ouvre à la franchise cette année pour partager son modèle d’artisanat boulanger. Le rôle stratégique de la boulangerie dans le cœur des Français n’a pas échappé à Carmila, la foncière de Carrefour qui a monté une co-entreprise avec le réseau boulanger Augustin (14 boutiques à fin d’année) pour installer des boutiques dans ses centres. Son fondateur Boris Calle qui a levé 1,9 M€ en novembre dernier compte sur ce partenariat pour accélérer. Il mise sur 10 ouvertures en 2018. Face à cette montée en puissance des réseaux boulangers périurbains, les « sandwicheurs » de la première heure ont remis à plat leurs modèles et tentent une démarcation. Face à eux, des acteurs comme Kayser prospèrent sous l’étiquette boulanger (36 unités en France) tandis que des indépendants à l’image de Picto entonnent une musique qui plaît bien aux concédants autour d’un sandwich premium, terroir et fait minute. Après avoir été invité à la Gare Saint Lazare où il a ouvert sa 3e unité, il est attendu sur l’Esplanade de la Défense et à la gare d’Austerlitz avant l’été.

Retour aux origines

Les « purs players » du sandwich ont bien senti le vent tourner et comptent rester dans la compétition sur le terrain de la modernité à l’image de Pomme de Pain qui a opéré une révolution avec son nouveau concept La Maison du Sandwich. Une vraie mutation dans le décor, devenu lieu de vie convivial et de travail (avec le WiFi) mais aussi dans le parcours client et dans la refondation complète de l’offre alimentaire. Une carte qui suit les saisons, élaborée avec un chef maison et qui renouvelle le genre en salé, en sucré tout en venant répondre à tous les instants de consommation de la journée. « Nous avons voulu rendre plus lisibles les forces de la marque mais aussi théâtraliser le geste en valorisant l’atelier de fabrication où le pain est cuit sur place », explique Jean-François Curé, DG de l’enseigne qui espère convertir le réseau à échéance 2020. Subway, leader de la catégorie avec 470 unités, a fait un gros travail depuis deux ans sur le réseau sous la houlette de son directeur Cédric Gaicinti. Il a fermé les unités non rentables pour privilégier dorénavant les restaurants de plus de 150 m² qui adopteront, comme tout le réseau, progressivement, les nouveaux codes de l’enseigne, le nouveau logo et le nouveau concept à la déco plus fraîche. « Nos restaurants ont vocation à devenir de vrais lieux de vie et à sortir de l’image entrée de gamme pour adopter les traits du fast casual », explique Cédric Giacinti. Ce qui passera par la qualité produit, la valorisation des légumes, l’ouverture de la gamme pour répondre aux 4 moments de la journée, le renforcement de l’offre desserts et l’arrivée d’un nouveau pain. La marque va reprendre un développement sélectif, notamment sur autoroute où elle a prévu au moins 20 ouvertures entre-autres avec Eurogarage. Paul, de son côté, marque totem de la tradition, veut changer dans la douceur et vivre avec son temps. Si la chaîne a dématérialisé son programme de fidélité en 2017 en incitant ses 500 000 porteurs de carte à passer au digital, c’est aussi pour leur faire profiter d’exclusivités comme la découverte des nouvelles recettes sur pain moelleux ou encore un décor rafraîchi qui conserve le bois mais adopte les codes néo industriels. L’enseigne part à la reconquête du premium à la fois dans ses choix d’ingrédients et dans ses messages chargés de raconter une histoire avec une collection de pains et de sandwichs, un choix d’ingrédients, le lancement d’une farine de meule 100 % tracée, une valorisation des labels, IGP et autres signes aptes à mettre en avant la qualité perçue. Terroir, origine et qualité produit, c’est aussi le leitmotiv de Brioche Dorée qui compte bien réaffirmer la culture du produit et diffuser ce qu’elle appelle une — promesse augmentée —. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les filières ; notre volaille comme notre bœuf sont français et la traçabilité complète », explique Antoine Barreau, DG de la chaîne et de ses 311 adresses. L’homme fort du groupe Le Duff parle de contrat de confiance et d’engagement avec les consommateurs via la valorisation du made in France. Chez La Mie Câline, la transparence est aussi au cœur des projets 2018 avec, à partir de mai, l’usage d’une farine 100 % blé français au même titre que le beurre du croissant, sera un AOP Charente-Poitou.

Le burger, la star de la rapide

Alors qu’un sandwich sur deux vendus est un jambon-beurre, Bernard Boutboul de Gira Conseil le dit attaqué de toute part notamment par le burger, qu’il qualifie de star de l’année. En 2017, les Français ont avalé, selon ses données, 1,45 md d’unités, soit une hausse délirante de 8,85 % sur un an. « En 2000, constate le cabinet, 100 % de ces pains ronds garnis étaient diffusés par la rapide. En 2013, ce n’était que 40 % et en 2017, la VAC ne pèse que 30 % ». Il faut dire que 85 % des restaurants traditionnels ont aujourd’hui au moins un burger à leur carte, rappelle le spécialiste. Il est devenu un produit fond de carte qui a remplacé le traditionnel steak-frites. Segment ô combien bataillé, il reste une valeur sûre quoiqu’en disent les Cassandre. En témoigne, la course en tête du leader de la catégorie, McDonald’s qui, avec ses 1 442 restaurants (+ 23 %) et ses 4,1 Md€ de CA poursuit son aventure sans fléchir. Derrière lui, le marché mature se segmente face à un consommateur prêt à payer plus cher son burger. Et ils sont nombreux les acteurs qui se disputent le terrain « gourmet », défriché par un certain Big Fernand. Repris l’an dernier par le fonds britannique BueGem, le créateur des hamburgés tient encore la corde avec 35 restaurants en France (pour 40 M€ de CA). De quoi inspirer McDonald’s qui a sorti en juin 2017 son modèle premium « Signature ». Un produit généreux servi dans une boîte élégante avec frites et couverts. De quoi casser ses propres codes avec son grand format, sa viande charolaise, son fromage AOP qui le placent aujourd’hui en 2e place des sandwichs les plus vendus. Derrière lui, son challenger avance et vite. Avec près de 1,1 Md€ de CA, Burger King a converti la moitié du réseau Quick et aligne près de 250 BK en confirmant ses objectifs de 500 restaurants à 2020. « Un Quick transformé en BK, c’est + 80 % de CA », indique Jérôme Tafani, DG de Burger King-France Quick qui confirme que les Français mangent de plus en plus hors domicile et que le burger, comme toute la restauration, va profiter de cet accroissement mécanique d’un marché en pleine forme. « Nos études nous démontrent que lorsque l’on ouvre un restaurant, on ne grossit pas au détriment d’un autre mais on crée de la valeur incrémentale. C’était un marché monolithique qui manquait de variété. Pour le coup, les consommateurs ont maintenant du choix et deux tiers de ceux qui viennent chez nous continuent d’aller à la concurrence ». Un avis entièrement partagé par Stéphane Brescia qui avec son père Francesco viennent d’installer le 1er Carl’s Jr enseigne californienne de burger en France à La Garde, près de Toulon. Le restaurant ouvert depuis 3 mois, a déjà doublé ses objectifs de fréquentation à plus de 1 000 couverts de moyenne par jour sur un ticket compris entre 14 et 19 €. « Aux côtés des jeunes et des familles, cibles n° 1, nous accueillons de nouveaux profils de consommateurs qui ne fréquentaient pas forcément nos concurrents et qui nous confient vivre une expérience nouvelle avec un service à table, une qualité et une générosité ».

Transparence au menu

La qualité et la transparence, c’est ce qui fera la différence ! Yves Hecker, le créateur des Burgers de Papa en est convaincu avec ses 12 restaurants au compteur et ses 10 projets. C’est pourquoi il a choisi de communiquer sur son boulanger lyonnais Christophe Girardet engagé sur des farines locales ou encore son boucher Jean-Marc Petit. Un parti pris également revendiqué par Franck Riehm, à la tête de 231 East Street et de ses 26 restaurants. Son positionnement de spécialiste du burger new-yorkais, il compte bien l’imposer en valorisant une viande tracée, sélectionnée pour la chaîne sur pieds par le boucher Olivier Metzger, élevée et rémunérée à l’éleveur au juste prix. Une communication filière et engagée que McDo n’hésite pas non plus à promouvoir chaque année sur le Salon de l’Agriculture où la chaîne vient de fêter les 30 ans de contractualisation aux côtés des producteurs. Elle a aussi défendu sa stratégie de transition énergétique. Une transparence qui semble le mot d’ordre dans ces périodes de défiance du consommateur. C’est pourquoi, Steak’n Shake qui termine l’année à 17 restaurants et qui vise les 50 à 2020, a choisi d’ouvrir davantage ses cuisines et labos dans son tout dernier concept pour faire valoir qu’il travaille des produits frais, qu’il épluche ses légumes et ses pommes de terre.

Toujours plus vert

Les études se suivent et se ressemblent, les consommateurs placent en priorité les critères de réassurance avant le prix. Ils veulent plus de vert dans leur alimentation et seraient même à 40 % fléxitariens à manger moins de viande mais de meilleure qualité et 83 % à être intéressés par une offre bio en restauration, selon une étude MeatLabCharal. Mieux encore si l’on en croit l’étude Ifop/Lesieur parue en 2017, 41 % déclarent avoir augmenté leur consommation « végétale » au cours des deux dernières années et seraient même 50 % à prévoir de le faire dans les 2 ans. Une poussée qui n’a pas laissé de marbre les acteurs de la restauration qui dégainent les uns après les autres. Opportuniste, McDo a sorti à l’automne dernier son Grand Veggie resté à la carte 5 semaines et qui, nous dit-on, devrait revenir prochainement. Bagel Corner a ajouté son végan à ses propositions début 2017 tandis que Bagelstein propose depuis l’an dernier une alternative au cream cheese avec de la crème de houmous. « Quand l’offre est là et bien construite, les consommateurs répondent présents », explique Loïk Lebrun, master franchisé de l’enseigne canadienne Pita Pita pour la France qui a pris des positions végétariennes, véganes et flexitariennes. Aux côtés du poulet qui monte en puissance au détriment du bœuf, la protéine végétale représentera bientôt 50 % de son offre alors que les falafels sont devenus la 2e vente dans ses restaurants qui proposent tout une variété d’ingrédients pour garnir une pita autour d’une protéine et de légumes. Cette attente de transparence de l’offre, Orianne Peillon, directrice générale de Pegast l’a bien perçue : « Même si nous incarnons le fast casual dans toute ses dimensions avec des franchisés qui cuisinent leurs plats, leurs sandwichs et leurs salades, un pain acheté à l’artisan du coin, nous devons le faire savoir et allons ouvrir nos coulisses et communiquer ». Selon elle, le végétal n’est pas un épiphénomène. Les recettes végétariennes introduites l’an dernier représentent déjà ¼ des ventes et sont devenues des best-sellers dans les formules à 9,20 €, 10,70 € et 11,90 €. « Les belles performances chez les hommes témoignent qu’il s’agit bien d’un mouvement de fond ». Message reçu 5/5 chez Dubble qui souligne son positionnement de plus en plus végétal et végan avec un gros travail sur les recettes tout comme la Mie Câline qui met en 2018 un pied dans le healthy avec des salades entièrement revisitées sur la formule « chic » à 8,50 €. Caviar d’aubergine, crème fouettée font leur entrée dans les recettes. Face à cette prise de position sur le végétal, les marques de Salad’bar misent sur le local et la proximité ! Pour Jour, c’est un affichage de la distance entre les points de vente et les producteurs triés sur le volet et le recours si possible à des approvisionnements locaux. Pour Alain Duquesne, patron du salad’bar Ankka (12 points de vente), 2018 est placée sous le signe d’une réorganisation des approvisionnements toutes voiles dehors sur les circuits courts, le bio et l’engagement pour la cause animale.

Une envie d’ailleurs

Parmi le foisonnement de thématiques de restauration rapide qui secouent le monde du fast casual, certaines émergent, d’autres se renforcent. Signe que les Français adhèrent à l’exotisme. Champion de la catégorie, le sushi n’est plus une tendance mais une réalité qui s’installe partout en France. Aux côtés des chaînes historiques traditionnelles de livraison de type Sushi Shop (114 unités), Planet Sushi ou encore Côté Sushi (18) qui surfe sur la cuisine Nikkei d’inspiration japonaise et péruvienne, les opérateurs de kiosques en grande distribution consolident leurs positions. Ce qui confirme bien la popularisation du sushi. La 1re place du podium, occupée par le pionnier Sushi Daily (255 points de vente en France et 730 dans le monde) avec 20 millions de barquettes distribuées, l’an dernier, est lorgnée par son challenger. Sushi Gourmet, propriété de Hana Group a refait son retard par croissance externe en attrapant dans ses filets l’an dernier le réseau Eat Happy et ses 60 kiosques ainsi que les 47 unités de Sushi Maki Store d’Aurélien Vial. De quoi lui permettre en proforma d’afficher 230 implantations et 90 M€ de CA, soit un saut de 48 % en CA à 90 M€ pour 230 ilots. Arrivé plus tard dans la course, Sushi Shop aligne déjà, quant à lui, 26 corners chez Monoprix et Leclerc et vise une trentaine cette année. La chaîne de Grégory Marciano a procédé l’an dernier au rachat à ses franchisés de 35 points de vente, suite aux 60 M€ qu’il a levés auprès de Godman Sachs Private Capital. « Nous reprenons notre développement en France où nous visons des villes moyennes ». L’Asie est à la fête et le Thaï en particulier avec l’émergence du réseau de street food de bangkok Pitaya avec ses produits sains mis en œuvre devant le client. Aux 24 restaurants à date fin 2017, devraient s’ajouter 22 nouvelles adresses programmées par la marque. Autre griffe synonyme du voyage qui cartonne et essaime avec une croissance de 14 % à périmètre constant dans ses 25 unités, Fresh Burritos profite de son positionnement « refuge » en tant qu’alternative au sandwich, burger ou bagel. La chaîne réfléchit à créer des ventes complémentaires à travers un espace épicerie. Enfin la coqueluche 2016-2018 de la franchise, c’est bien sûr O’Tacos qui poursuit sur sa lancée et ouvre à tout crin. Si la centaine d’ouvertures annoncées dans nos colonnes n’est pas tout à fait au rendez-vous, la soixantaine de nouveaux restaurants 2017 confirment qu’il y a bien un phénomène « tacos » avec une clientèle attachée à la marque (2,5 millions de fans sur Facebook pour 149 unités). Doit-on y voir là, l’héritier « BCBG » du kebab. Vraisemblablement. Le challenger Tacos Avenue, positionné sur le même segment, compte ajouter 8 exemplaires aux 13 en activité fin 2017.

La marmite de la restauration rapide n’a pas fini de bouillir, pour un segment fast casual qui ne cesse d’inventer et de réécrire les contours d’une restauration appelée à être toujours plus créative. S’il est clair que les Français veulent donner du sens à ce qu’ils mangent à l’image de nos voisins allemands, comme pour eux il faudra y mettre le prix.

Le café, un grain stratégique

Si l’on reconnaît au coffee shop de type Starbucks d’avoir bousculé le marché du café depuis son arrivée en France, pour l’heure les boissons chaudes et gourmandes constituent un chantier ouvert chez la plupart des enseignes de restauration, de boulangerie et de GMS/proxi. Elles y voient un vrai levier pour développer une activité du matin (le petit-déj est en progression de 13 % selon NPD) ou du goûter. McDo, avec ses 196 McCafé n’a pas franchement développé le format solo laissant à Columbus et Starbucks une voie royale tandis que Costa Coffee a plié bagage en 2017 même s’il conserve avec Areas, des activités dans les gares et aéroports. Columbus, avec ses 160 sites est à la fois présent en ville, en centres commerciaux et Shop in Shop et dans les trains. La marque évoque le renforcement de sa gamme salée, qui représente aujourd’hui 25 % de l’activité. Starbucks de son côté poursuit ses ouvertures, beaucoup avec les concessionnaires séduits par la marque et son rayonnement. Parmi ses toutes dernières innovations, elle vient de lancer Nitro Cold Brew dans ses salons en France, une boisson réalisée à partir d’un café d’Amérique Latine et d’Afrique, fraîchement moulu et infusé à froid avec de l’Azote pour les baristas. Elle est servie à une pompe, comme une bière à la pression. La Croissanterie de son côté lance, au printemps, un Comptoir Café avec tous les codes du coffee shop. Outre une gamme de boissons créée avec son partenaire Malongo, elle y valorisera autour d’un barista, les offres de jus de fruits frais et de gourmandises à l’américaine. Class’Croute lui aussi, dans son nouveau format initié à Rosa Park (Paris 19e), a clairement identifié la fonction café avec une offre dédiée autour d’une machine traditionnelle comme elle l’a fait aussi avec les fonctions jus et bières.

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