Food truck, principe de précaution !

24 Septembre 2014 - 5327 vue(s)

La France, pays de la gastronomie, des arts de la table et des contingences autour de repas est-elle ou peut-elle devenir une nation de street-food ? Si l’on additionne le nombre d’initiatives montées sur quatre roues depuis deux ans, la quantité de projets dans les tuyaux, les louanges des camions pionniers, on serait tenté de répondre sans hésitation oui. D’ailleurs l’association Street Food en Mouvement n’avait-elle pas rappelé dans un sondage que les consommateurs français étaient demandeurs. Alors face à des clients qui disent oui d’un côté, des entrepreneurs nombreux qui se lancent de l’autre, les ingrédients paraissent réunis pour une vraie recette à succès. Eh bien non, l’Eldorado n’est pas forcément au bout et les déconvenues qui s’accumulent doivent inviter à la prudence. Le dynamisme des ventes de food-trucks d’occasion en témoigne, il y a déjà de la casse. Briseur de rêves, me direz-vous ! Non, simplement observateur attentif et attentionné d’une forme de restauration qui mérite pourtant une vraie place dans le spectre de la restauration et plus d’égards des municipalités. Et qui se révèle une vraie course d’obstacles et de désillusions à qui n’aurait pas suffisamment travaillé sa copie. Alors mon mot d’ordre serait plutôt « prudence » mais aussi «partage ». Partage d’informations avant de se lancer avec ceux qui savent : des  associations telle que SFEM (*)   tout comme les entrepreneurs eux-mêmes présents  sur les grands événements « food-trucks » qui se multiplient partout en France. Ne manquez pas d’ailleurs d’échanger avec ceux présents sur le SFIF (**) qui fait étape sur le salons Rapid & Resto à Paris les 24 et 25 septembre et pour lequel nous vous présentons les initiatives de certains d’entre eux avant RestoNouvo programmé en Avignon les 12 et 13 octobre.

Trop de quidams quittent tout,  tête baissée et indemnités de licenciement en poche pour vivre leur passion de la cuisine dans un camion. On ne pas les blâmer : le ticket d’entrée n’est pas délirant, entre 20 et 40K€ pour un véhicule d’occasion, entre 70 et 80K€ pour un neuf et surtout il n’y a aucune barrière à l’entrée. Ni formation, ni diplôme, ni connaissance spécifique. Et c’est en cours de route qu’ils mesurent d’une part que la restauration est un vrai métier avec ses contraintes, ses difficultés et ses obligations, et d’autre part que les mairies qui délivrent les autorisations de stationnement sur le domaine public sont, sinon frileuses pour ne pas dire hostiles aux food-trucks. Il ne reste alors que les événements, foires et grands rendez-vous ou aux pieds des entreprises sur les parkings privés pour exercer. Et même à ce niveau-là, selon les villes, ça commence déjà à bousculer au portillon excepté en province.

Loin de moi l’intention de décourager quiconque. Je crois dans une génération de food-trucks, irréprochables du point de vue sanitaire (et qui le prouvent), qui jouent la proximité et les produits frais et positionnés sur une thématique singulière. A l’heure où chacun rêve d’un succès à la « Camion qui fume », il convient d’alerter et d’encourager chaque porteur de projet à prendre le temps de la réflexion et de l’échange.  Mieux vaut prévenir que guérir.

(*) Street Food en Mouvement

(**) Street Food International Festival qui se tient en parallèle du salon Rapid & Resto les 24 et 25 septembre à Paris et les 12 et 13 octobre en Avignon. 

 

Paul Fedèle, Rédacteur en chef France Snacking 

 @FEDELEPaul

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Commentaires (4)
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Par François - Foodtruckin.fr le 24/09/2014 à 13:58
Super article, plein de bon sens. Créer un foodtruck signifie avant tout créer une entreprise. Assurez-vous de savoir où vous mettez les pieds et quelles sont les difficultés que vous allez rencontrer (rédiger un business plan, connaitre les règles d'hygiène, trouver des emplacements régulièrement, savoir utiliser les médias sociaux, ...)
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Par Thierry Poupard le 24/09/2014 à 14:58
Pas trop d'accord avec le titre (aux relents politiques) mais tout à fait sur l'analyse. Perso, je ne crois pas bcp aux Food Trucks malgré le côté fun et innovant : trop de tracas avec les autorisations, concurrence déloyale pour les restaurateurs qui multiplient les recours, un process de production trop lent qui impose une attente insupportable (surtout quand il pleut), aucun "permis" donc ouvert à n'importe qui ayant un peu d'économies, probablement aucun plan marketing et encore moins de business plan pour estimer le volume d'activité et la rentabilité avant de se lancer, etc. Intéressant en complément mobile pour un restaurant bien implanté comme le Hot Wagy Dog (av. de la Motte Piquet à Paris). Même problématique aux Etats Unis ou, pourtant, la street food est bcp plus développée qu'en France. Et arriveront les Smileys ça va encore compliquer le modèle économique de cette forme de restauration si tant est qu'elle en ait un solide.
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Par Les Tasters le 24/09/2014 à 18:51
Le meilleur article sur les food trucks depuis bien longtemps. Et une vison malheureusement trop vrai de la réalité.
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Par Foodtrucknco le 24/09/2014 à 19:52
Tout à fait d'accord, comme pour toute entreprise, il est nécessaire de réaliser une bonne étude de marché en amont et d'analyser la demande dans sa localité. Et de prendre les bonnes mesures pour réussir dans son activité
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