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Nos Grands-mères ont du Talent teste son nouveau pilote à la Gare Montparnasse

20 Décembre 2018 - 5414 vue(s)
Proposer une cuisine adaptée aux nouveaux modes de consommation mais créée et vendue par des séniors, tel est le défi que s’étaient lancés deux jeunes entrepreneurs, Arthur Juin et Jean de Guerre au moment d’imaginer leur concept Nos Grands-mères ont du Talent, il y a 4 ans. Soucieux de redonner une seconde chance aux 45-65 ans mis en marge du marché du travail, ils se sont testés successivement sur divers formats éphémères dans des gares de banlieues, puis, depuis 2017 à Paris. Le tout nouveau point de vente qui a ouvert ce mercredi 19 décembre sur 120 m² en face des quais TGV de la Gare Montparnasse marque néanmoins un nouveau point de départ pour l’enseigne, vouée à faire des petits sur les lieux de transit mais aussi en centres-villes. Jean de Guerre s’est confié à Snacking.fr sur les ambitions d’une enseigne au profil atypique et qui entend bien concilier plaisir de manger et utilité sociale.

Quelle est la philosophie fondatrice de Nos Grands-mères ont du Talent ?

C’est en 2014, à la sortie de nos études d’ingénieur et après des expériences à l’étranger, qu’est née l’idée de Nos Grands-Mères ont du Talent avec Arthur Juin. Nous avions déjà collaboré ensemble sur divers projets et l’envie commune était là de travailler sur un concept food, tout en associant le côté social à la nourriture. C’est alors que s'est posée la question du travail des séniors, à laquelle nous étions confrontés via diverses expériences malheureuses dans notre entourage. Plusieurs personnes licenciées après 45-50 ans, avaient beaucoup de difficultés à se réinsérer sur le marché du travail malgré leurs compétences. Le projet est donc apparu comme une évidence. Nous n’avons pas la prétention de régler le problème mais simplement de sensibiliser à cette question qui est aujourd’hui peu traitée en proposant une alternative. En tant que banlieusards, nous étions aussi conscients d’un déficit d’offres sur certains lieux de transit. C’est ainsi que le premier point de vente nomade a alors été lancé du coté de la gare de Saint—Quentin en Yvelines puis Saint-Cloud en format éphémère.

  • La salade, par Nos Grands-Mères ont du Talent

    La salade, par Nos Grands-Mères ont du Talent

  • Astuce de grand-mère par Nos Grands Mères ont du Talent

    Astuce de grand-mère par Nos Grands Mères ont du Talent

  • Une grand-mère qui a du talent

    Une grand-mère qui a du talent

  • Salad-bar par Nos Grands-Mères ont du Talent

    Salad-bar par Nos Grands-Mères ont du Talent

  • Nos Grands-Mères ont du Talent, arrivée à Montparnasse

    Nos Grands-Mères ont du Talent, arrivée à Montparnasse

 

Vous avez alors testé divers formats et process avant de trouver votre modèle actuel, pourquoi ?

L’ADN d’une entreprise intergénérationnelle, proposant des recettes de « grands-mères » comme à la maison et faisant intervenir des séniors dans la création des recettes comme pour la vente afin de promouvoir les plats dans les boutiques est resté le même. La conception et le retail sont d’ailleurs nos deux métiers de base, la production ayant été externalisée en nous rapprochant de divers faiseurs, traiteurs et spécialistes de la restauration. Nous les sélectionnons pour réaliser nos recettes selon un cahier des charges très précis. Les points de vente sont alors livrés plusieurs fois par semaine en frais avec des produits ayant une DLC de 3 jours maximum. En termes de formats de points de vente, après divers points éphémères dans des gares, la SNCF, qui a toujours cru en notre projet, nous a proposé d’intégrer en janvier 2017, une première cellule fixe de la gare Montparnasse sur la plateforme intermédiaire où nous avons pu y tester, jusqu’à il y a quelques jours une offre élargie (pâtisserie, thé, café…) dans un cadre plus traditionnel.

Justement, vous venez de déménager pour investir pour un an une cellule de 120 m² directement sur les quais de la gare TGV qui vous offre une vitrine exceptionnelle, que va-t-on y retrouver ?

C’est ce modèle de boutique sédentaire qui est destiné à devenir notre modèle pour le futur. Même si le contrat court sur 1 an en attendant la nouvelle vague de réfection de la gare, c’est un véritable test grandeur nature pour lequel nous avons décidé de concentrer toutes nos forces alors que nous avions également investi des unités éphémères plus ou moins adaptées à Vaugirard ou encore Gare de l’Est. Chaque jour, nos clients pourront retrouver une offre de plats frais qui changent toutes les semaines. Les gammes sont voulues relativement courtes pour être parfaitement maîtrisées et garantir un rendu de qualité avec 2 plats chauds en bocal réchauffés au micro-ondes, 3 salades, 4 à 5 desserts, 3 (et bientôt 4) références de sandwichs ainsi qu’une offre végétarienne. Ce sont de vrais plats travaillés avec des recettes originales comme notre poulet rougaille riz garni, notre froment de patate douce avec risotto boulghour ou de plus exotiques comme le poulet thaï riz citron jaune qui est un de nos best-sellers. Le ticket moyen déjeuner est très abordable autour de 10-11 € bien que nous travaillions des ingrédients de qualité en choisissant des produits labellisés et des viandes françaises. Le lieu reste entièrement dédié à la vente – pas de confection ou d’assemblage sur place – nous permettant ainsi de fonctionner sans extraction. Une quarantaine de places assises permettent aussi de prendre le temps de déguster ces plats de grand-mères avec une décoration simple mais voulue comme une « cuisine à la maison » avec des marquants comme du bois, des moulures, des peintures chaleureuses ou des ustensiles en cuivre aux murs…

 

Faire travailler des séniors dans la restauration est-il un défi ?

Nus sommes aujourd’hui une entreprise d’une dizaine de personnes et 70 % d’entre elles ont entre 45 et 65 ans. Le vrai défi réside dans le recrutement car il n’existe pas de filière dédiée et les horaires de la restauration restent contraignants. La plupart de nos recrutements sont donc le résultat de candidatures spontanées. Ce sont parfois des personnes qui ont connu des épreuves, voire des périodes de détresse, et nous sommes très vigilants sur la création d’un vrai esprit d’équipe favorisant le lien intergénérationnel. Quoiqu’il en soit, nous avançons pas à pas. Nous devons par exemple veiller à quelques aménagements des process points de vente en allant vers davantage d’ergonomie et de confort de travail mais ce sont globalement des travailleurs hors-pair, attachés au projet et qui créent un véritable lien humain avec les clients.

 

Quelles sont aujourd’hui vos ambitions ?

Cette boutique de Montparnasse est un tremplin pour montrer aux ensembliers que nous sommes capables de tenir un emplacement numéro 1. Nous y visons au moins 600 tickets/jour. Au-delà d’un développement sur lieux de transit, avec des process d’appel d’offres qui peuvent être parfois longs, notre ambition sera d’ouvrir en 2019 nos premières boutiques en centres-villes sur des formats 70 à 120 m² où le concept Nos Grands-mères ont du Talent a une vraie carte à jouer. L’objectif sera de compter 2 à 3 points de vente sous ce format d’ici mi-2020 et d’attirer ainsi des investisseurs pour nous rejoindre. Cela nous permettrait éventuellement à terme, de réintégrer la production en interne via un laboratoire central même si ce n’est pas encore d’actualité. Enfin, nous continuons aussi de pousser la livraison depuis la boutique grâce à notre partenariat avec Uber Eats.

Crédits photos : Nos Grands-Mères ont du Talent

Commentaires (1)
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Par Benjamin de Dinettes le 20/12/2018 à 15:25
Bravo à toute l'équipe!
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