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Amendement 'vaisselle réemployable', 8 chaînes de restauration rapide écrivent au Président de la République

3 Décembre 2019 - 6231 vue(s)
Suite aux amendements surprises, du projet de loi relatif à l’économie circulaire, qui obligeraient la restauration rapide, entre autres, à passer à la vaisselle réemployable "sur place" en janvier 2023, 8 chaînes ont signé un courrier adressé au Président de la République et au gouvernement. C’est l’incompréhension dans la profession très engagée à présent, avec toute la filière, dans le tri des déchets.

Comment peut-on signer avec la secrétaire d’état à la transition écologique Brune Poirson, des engagements en juin dernier, pour la mise en place de démarche de tri et de réduction du plastique, et se voir mis au pied du mur par un amendement sorti d’on ne sait où, qui obligerait la restauration commerciale, (et surtout la rapide), à faire une croix sur la vaisselle à usage unique pour les clients servis dans l’enceinte des restaurants ? C’est l’incompréhension, voire la colère qui règne dans la branche après avoir découvert ces amendements « surprises ». Une situation qui a poussé huit chaînes françaises parmi les plus grandes (McDonald’s, Burger King, Quick, Brioche Dorée, Paul, Class’Croute, Domino’s Pizza, 231 East Street), à écrire un courrier « alerte » au Président de la République, Emmanuel Macron, copie au Premier ministre Edouard Philippe et à la Ministre de la transition écologique et Solidaire Elisabeth Borne, pour demander des explications.

Le sens de ce courrier consiste à informer et interroger le sommet de l’Etat, des conséquences possibles des amendements récents et d’appeler à engager « une concertation utile et pragmatique sur le sujet ». Dans la lettre, il est rappelé l’engagement d’une grande partie des enseignes en faveur de la transition écologique, l’anticipation de certains groupes sur la réduction, voire la disparition totale du plastique. Il est également souligné, la réponse favorable de la profession pour atteindre l’objectif de 100 % de restaurants équipés pour le tri des déchets à horizon 2021 alors même qu’un contexte de double règlementation (confirmé par l’Ademe), crée une situation floue et ambigüe pour l’ensemble des enseignes. D’autant que de nombreux groupes se sont engagés pour atteindre cet objectif ambitieux (dans des investissements massifs, et la création adhoc de l’écosystème qui le sous-entend -collecte et centre de tri), très souvent absent ou incomplet dans la plupart des villes où les chaînes opèrent.

Une situation paradoxale

Les chaînes se disent par ailleurs très surprises d’avoir découvert le dépôt d’amendements par certains responsables de la majorité présidentielle lors du passage en commission du développement durable. Si ensemble, elles reconnaissent comprendre l’objectif envisagé de cette mesure et disent « vouloir être toujours moteurs dans une stratégie écologique cohérente et pérenne, elles se montrent néanmoins préoccupées. Tandis qu’elles se sont pliées aux demandes gouvernementales pour le tri sélectif, voilà qu’on leur présente une mesure qui reviendrait à changer complètement l’orientation gouvernementale auprès des filières, et à arrêter brutalement la stratégie et les investissements importants envisagés et initiés en matière de recyclage de déchets. Elles questionnent aussi sur la crédibilité des différentes directions qui sont prises de façon paradoxale par la majorité et les changements d’orientations stratégiques répétés et rapides qui entraînent une déperdition d’investissement et d’énergie, et créent un climat délétère pour l’amélioration de l’impact de la profession. 

Mesurer les impacts « écologiques » de nouvelles mesures

Pour autant, les chaînes signataires se disent prêtes à participer à des groupes de travail aux côtés des pouvoirs publics pour affiner l’ensemble des mesures, voire d’en amplifier certaines. Une position qu’elles veulent, constructive quelle que soit la stratégie écologique du gouvernement. Qu’il s’agisse d’aller vers la réutilisation ou vers le recyclage des déchets mais avec une analyse complète des solutions et des modalités de mise en œuvre réalistes. Notamment la mesure des externalités écologiques (surconsommation d’eau, de détergents, émissions carbone supplémentaires induites par le surplus de transports logistiques). Le courrier souligne enfin que les mesures, telles que formulées aujourd’hui poseront aussi des questions centrales de distorsion de concurrence entre les différents acteurs de la restauration disposant ou non d’un espace de dégustation sur place. Affaire à suivre... 

 

Photo PF chez Pomme de Pain. 

Commentaires (1)
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Par Helene le 13/12/2019 à 11:05
A ces enseignes: Nous souhaitons tous que vous engagiez votre responsabilité sociétale dans cette problématique. Bcp sont effarés de voir que vous ayez besoin du légal pour prendre cette décision! De nombreux commerces et entreprises petites et grandes mènent cette démarche sans avoir besoin que l on nous l impose! Nous avons tous une responsabilité c est l affaire de chaque individu ET chaque entreprise! Responsable de nombreux points de restauration sur une grande entreprise du CAC 40, utilisant certaines de vos enseignes sur nos sites, je peux vous confirmer que nous attendons ces mises en oeuvre, sinon nous saurons évoluer différemment !
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