Si le moral des Européens reste quasi stable par rapport à l’an dernier selon les indicateurs du dernier Baromètre Observatoire Cetelem sondant plus de 10 000 personnes au sein de 10 pays du continent (+ 0,1 en moyenne), ce n’est pas le cas de celui des Français qui se distinguent, comme chez nos voisins Allemands, à contre-courant avec des notes en recul sur les deux indicateurs clés. Les Français établissent la perception de la situation de leur pays à 4,9 points sur 10 (- 0,1 point) et la confiance envers leur situation personnelle à 5,9 points (- 0,1 point également). L’une des explications est à aller chercher dans le ressenti du contexte inflationniste et ses répercussions concrètes sur le pouvoir d’achat des ménages. Ainsi 88 % des Européens interrogés considèrent que les prix ont augmenté en 2023, ils sont même 59 % à penser qu’ils ont « fortement augmenté » (- 10 points toutefois sur 1 an) et 29 % à estimer qu’ils ont « plutôt augmenté » (+ 7 points). Ils sont près d’un sur deux (48 %) à regretter une baisse constatée de leur pouvoir d’achat (- 5 points par rapport à l’an dernier) pour 19 % (contre 18 %) jugeant qu’il a augmenté. C’est en fait au Portugal et en France que le ressenti est le plus négatif avec respectivement 58 % et 55 % des personnes interrogées qui témoignent d’une basse de leur pouvoir d’achat.
Face à des taux d’inflation que nous n’avions pas connu depuis quatre décennies, les Européens ont dû faire preuve d'adaptation. « Les renoncements à certaines dépenses ont été très nombreux », indiquent les conclusions de l’enquête. 62 % des Européens, et même 65 % des Français, ont ainsi renoncé à des dépenses liées aux loisirs et 58 % à des dépenses liées aux vacances (59 % en France). En outre, 60 % des Français (54 % au niveau Europe) ont restreint leurs achats de vêtements et chaussures et plus de 4 sur 10 (44 % contre 37 % en Europe) leurs dépenses alimentaires. Au-delà des renoncements sur les dépenses alimentaires, les Européens ont multiplié les initiatives pour faire face à la crise inflationniste. Ainsi, 83 % des personnes interrogées déclarent avoir réduit le gaspillage alimentaire, une proportion qui grimpe même jusqu’à 87 % du côté des Français. Et 79 % des Hexagonaux affirment avoir davantage recours aux promotions et aux prix bas. « Cette tendance se confirme dans les parts de marché des enseignes de distribution alimentaire », indique-t-on du côté de l’Observatoire Cetelem. Enfin, 35 % des Européens et même 41 % des Français sondés avouent manger tout bonnement moins que par le passé… « La baisse progressive de l’inflation n’est pas encore complètement perçue. Malgré tout, le scénario central pour 2024 reste celui d’une consommation des ménages qui, sans être euphorique, restera résiliente » pronostique tout de même Flavien Neuvy, Directeur de l’Observatoire Cetelem, qui précise qu’il faudra rester attentif aux taux d’épargne dans un contexte de remontée des taux d’intérêts.