« Et si nos nourritures étaient aussi une manière de nous relier au monde (aux autres, à la nature, à notre planète) ? La géographie, parce qu’elle étudie ce lien de l’homme au monde qui l’entoure, peut donner des clés de compréhension du grand chambardement alimentaire en cours ». A travers ces premières lignes de l’Atlas de l’Alimentation, on devine le cadre de ce superbe opus qui décortique de manière presque chirurgicale le feuilleton de notre alimentation depuis la domestication du maïs vers –4 000 aux biotechnologies alimentaires du XXIe siècle.
Une belle immersion dans l’histoire de la food avec des chiffres, des cartes, des graphiques à l’appui depuis les foyers de domestication des plantes, des fruits et légumes, des animaux à la mondialisation des produits à travers les guerres, les conquêtes et le commerce. Plantes, produits d’élevage, boissons, cuisines et saveurs sont décryptés avec toute la rigueur et le talent de ces deux experts de l’alimentation. De quoi tout savoir… ou presque sur ce que nous mangeons et d’où vient ce qui est dans notre assiette. Pourquoi, la tomate est-elle si présente dans la cuisine italienne ? Pourquoi le piment est omniprésent en Asie alors qu’il est originaire d’Amérique ? Quel sera l’avenir de nos nourritures fermentées ou issues de l’agriculture biologique ?
Pour aimer les nourritures de l'Autre, il faut les connaître. Ce que dit cet Atlas...
Et Gilles Fumey de nous confier « Jamais nos nourritures ont autant voyagé : les plantes et les animaux, les recettes, les plats eux-mêmes. De cette richesse est née une confusion créant une nouvelle version du "On ne sait plus ce qu'on mange" qu'énonçaient déjà les Grecs et les Romains... Le succès du "local" face aux tentatives mondialisantes d'une certaine alimentation cosmopolite peut conduire à un repli qui n'est pas salutaire. 240 pages - 24 euros.